Page:Zola - Vérité.djvu/250

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D’une étreinte éperdue, il l’avait attirée et prise, en une caresse de flamme.

— Ah ! chère femme, tant que tu m’aimeras, tu seras à moi, je ne craindrai rien des terribles menaces qui nous entourent !

Elle se donna, frémissante, emportée dans cette joie d’aimer dont elle avait le besoin. Ils eurent un instant de communion parfaite, ce fut la réconciliation irrésistible. La bonne entente d’un jeune ménage, s’aimant d’amour et se retrouvant au lit chaque soir, n’est sérieusement menacée que le jour où il y a querelle d’alcôve. Tant que les amants se désirent, les époux restent d’accord, au travers des pires contrariétés. Et qui veut les séparer, doit d’abord leur ôter le goût l’un de l’autre.

Dans un dernier baiser, avant de la laisser s’endormir, Marc crut devoir rassurer Geneviève.

— Je serai très prudent, dans toute cette histoire, je te le promets. Au fond, je suis un homme modéré et raisonnable, tu le sais bien.

— Ah ! fais comme tu voudras, dit-elle gentiment. Pourvu que tu me reviennes et que nous nous aimions, je n’en demande pas davantage.

Le lendemain, Marc se rendit à Beaumont, tout ragaillardi par cette tendresse si ardente de sa femme. Il y puisait un nouveau courage, et ce fut en souriant, d’un air de combat, qu’il entra chez Salvan, à l’École normale.

Mais, après l’amicale poignée de main échangée, la première parole du directeur le surprit et l’embarrassa.

— Dites donc, mon brave, vous avez donc enfin découvert le fait nouveau, la preuve tant cherchée de l’innocence de notre pauvre Simon, qui va permettre de réviser son procès ?

Marc s’attendait à une explication immédiate, au sujet du crucifix. Et il resta un instant muet, ne sachant s’il