Page:Zola - Vérité.djvu/321

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bon, clair et sage. Lorsqu’on voulait lui faire entrer de force dans la tête des choses dont le sens lui échappait et qui lui semblaient mauvaises, elle avait une façon tranquille de sourire, pour ne pas désobliger les gens, mais formellement décidée au fond à passer outre.

Geneviève intervint, mécontente, la voix un peu nerveuse.

— Si ton père ne peut t’expliquer le catéchisme, je te l’expliquerai, moi.

Et Louise alla tout de suite embrasser sa mère, très tendrement, comme si elle craignait de l’avoir blessée.

— C’est ça, maman, tu me feras répéter mes leçons. Tu sais que je ne mets aucune mauvaise volonté à comprendre. Puis, se tournant vers son père, d’une voix gaie :

— Va, papa, tu peux me laisser aller au catéchisme, et tu verras, je saurai en faire mon profit, puisque tu dis toi-même qu’il faut tout apprendre, pour mieux savoir et pour choisir.

De nouveau, Marc céda, n’ayant ni la force, ni le moyen d’agir autrement. Il s’accusait de sa faiblesse sans pouvoir cesser d’aimer et d’être faible, à son foyer dévasté, où il sentait chaque jour la lutte devenir plus douloureuse. Un peu d’espoir encore lui venait de sa Louise si raisonnable, si tendre, si désireuse d’éviter les querelles à son père et à sa mère. Mais fallait-il compter sur les paroles d’une enfant trop jeune pour bien peser ce qu’elle disait ? N’allait-on pas finir par la lui prendre, comme on en prenait tant d’autres ?

Et il s’inquiétait, se torturait, fâché contre lui surtout, dans la terreur de l’avenir.

Un dernier événement devait bientôt achever la rupture. Les années avaient marché, et la classe de Marc se renouvelait. Son élève favori, Sébastien Milhomme, âgé de quinze ans déjà, se préparait, sur son conseil, à