Page:Zola - Vérité.djvu/336

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— Oh ! chère, chère femme, quelle bonne nouvelle ! Nous voilà donc de nouveau l’un à l’autre !

Alors, elle se dégagea d’un mouvement plus impatient, comme si elle eût décidément souffert de cet homme, de ce mari couché près d’elle.

— Non, non ! laisse-moi… Je suis toute mal à l’aise, et je ne vais pas dormir, tant le moindre mouvement m’agace… Si ça continue, je crois bien que nous serons forcés de faire deux lits.

Et ils n’échangèrent plus une parole, ils ne reparlèrent pas plus de l’affaire Simon que de cette grossesse annoncée si brusquement. Seules, leurs deux respirations oppressées s’entendaient dans les ténèbres mortes de la chambre. Ni l’un ni l’autre ne dormaient, mais leurs pensées d’inquiétude et de souffrance leur restaient impénétrables, comme s’ils avaient habité deux mondes, à des milliers de lieues. Et des sanglots indistincts semblaient venir de très loin, du fond de la nuit noire et douloureuse, pleurant leur amour.