Page:Zola - Vérité.djvu/405

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délirants, à chaque nouveau lever du soleil. Vous serez vaincue, j’en suis bien sûr, et vous me faites encore moins horreur que pitié, triste vieille femme sans raison et sans cœur !

Mme  Duparque l’avait écouté, de son air de sévérité hautaine, sans même chercher à l’interrompre.

— Est-ce tout ? demanda-t-elle. Je n’ignore pas que vous êtes sans respect. Vous qui niez Dieu, comment sauriez-vous vous incliner devant les cheveux blancs d’une aïeule ?… Mais, en somme, pour vous montrer combien vous faites erreur, en m’accusant de cloîtrer ici Geneviève, je veux bien vous livrer passage… Montez près d’elle, tuez-la tout à votre aise, vous seul serez responsable de la crise affreuse où vous allez la jeter.

Et, en effet, elle s’écarta de la porte, elle revint s’asseoir devant la fenêtre, où, froidement, sans que la moindre émotion apparente fit trembler ses mains, elle se remit à tricoter.

Un instant, Marc demeura immobile, éperdu, ne sachant que résoudre. Revoir Geneviève, lui parler, tâcher de la convaincre et de la reprendre, était-ce possible en un tel moment ? Il sentit le peu d’opportunité, même le péril d’un pareil effort. Lentement, il se dirigea vers la porte, sans un mot d’adieu, puis, une pensée lui revint, il se retourna.

— Puisque le petit Clément n’est plus ici, donnez-moi l’adresse de la nourrice.

Mme  Duparque ne répondit pas, ses grands doigts secs continuèrent de manœuvrer les aiguilles, du même mouvement régulier.

— Vous ne voulez pas me donner l’adresse de la nourrice ?

Au bout d’un nouveau silence, elle finit par dire :

— Je n’ai pas d’adresse à donner. Montez la demander à Geneviève, puisque votre idée est de tuer la pauvre enfant.