Page:Zola - Vérité.djvu/458

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ce projet, devant l’avenir incertain, inquiète de l’avarice croissante de Mme Duparque, dont la petite fortune passait à des fondations pieuses. Celle-ci, d’ailleurs, depuis qu’elle hébergeait la mère et la fille, exigeait d’elles une pension, afin d’être désagréable à Marc, qui se trouvait ainsi forcé de leur servir une lourde rente, sur son maigre traitement. Peut-être avait-elle espéré un refus, un scandale, conseillée en cela par ses bons amis, les maîtres dont les mains invisibles conduisaient tout. Mais, immédiatement, Marc, vivant de peu, avait consenti, comme heureux de rester le père de famille, le travailleur et le soutien. Une grande gêne aggravait sa solitude, leurs repas, à Mignot et à lui, étaient d’une frugalité extrême. Et il n’en souffrait point, il lui suffisait de savoir que Geneviève s’était montrée émue de son désintéressement et qu’il y avait eu là une raison pour elle d’approuver la vocation de Louise, désireuse de la voir assurer son avenir. Louise continuait donc de travailler avec Mlle Mazeline, ayant déjà obtenu son brevet élémentaire, préparant son examen pour le brevet supérieur, ce qui était une nouvelle cause de fâcheuses discussions avec Mme Duparque, exaspérée de toute cette science que la mode était maintenant de donner aux jeunes filles, à qui, disait-elle, le catéchisme aurait dû suffire. Et, comme Louise lui répondait toujours, de son air de grande déférence : « Oui, grand-mère… certainement, grand-mère… », elle s’exaspérait davantage, elle finissait par s’en prendre à Geneviève, qui parfois, excédée, lui tenait tête.

Un jour, Marc, en écoutant les nouvelles que lui donnait sa fille, s’étonna.

— Maman s’est donc querellée avec grand-mère ? demanda-t-il.

— Oh ! oui, mon papa. C’est même la deuxième ou la troisième fois. Et, tu sais, maman n’y met pas tant de façons.