Page:Zola - Vérité.djvu/465

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Hennebise, l’un et l’autre simplement désireux de vivre en paix avec tout le monde, car c’était le désir du gouvernement, pas d’histoires, rien que des poignées de main et des sourires. On craignait beaucoup de mauvaises élections, dans le département enfiévré par la reprise de l’affaire Simon, et Marcilly, Lemarrois lui-même, sans l’avouer, étaient résolus à faire sournoisement cause commune avec leurs collègues de la réaction, Hector de Sanglebœuf en tête, afin d’écraser les candidats socialistes, Delbos surtout, dont le succès devenait certain, s’il gagnait la cause de l’innocent, du martyr. De là, le bouleversement, lorsqu’on sut l’intervention de Jacquin, qui rendait inévitable la révision du procès. Les simonistes triomphaient, les anti-simonistes restèrent quelques jours écrasés. De nouveau, aux Jaffres, la promenade du beau monde, on ne causait pas d’autre chose ; et Le Petit Beaumontais avait beau chaque matin, pour satisfaire sa clientèle, écrire que la révision serait rejetée par les deux tiers des voix, la désolation n’en était pas moins parmi les amis de l’Église, car les pointages auxquels on se livrait furieusement dans les familles, donnaient tout justement le résultat opposé.

Chez les universitaires, la joie fut discrète. Presque tous étaient des simonistes convaincus, mais ils avaient si souvent espéré en vain, qu’ils n’osaient trop se réjouir. Le recteur Forbes eut surtout un grand soulagement à prévoir le jour où il serait délivré du cas de l’instituteur de Maillebois, ce Marc Froment au sujet duquel les forces réactionnaires lui donnaient de continuels assauts. Malgré son désir de ne se mêler de rien, de s’en remettre complètement à l’inspecteur d’académie Le Barazer, il avait dû causer avec celui-ci de la nécessité d’une exécution. Le Barazer lui-même était à bout de résistance, il prévoyait le moment où sa politique savante l’obligerait de sacrifier Marc ; et il s’en était ouvert à