Page:Zola - Vérité.djvu/478

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pénitence à moins qu’il ne fût mort. Le frère Fulgence, déplacé par ses supérieurs, en punition du sourd discrédit qui avait diminué déjà d’un tiers les élèves, à l’école des frères de Maillebois, était tombé dangereusement malade, disait-on, dans un département lointain. Enfin, le frère Gorgias venait de prendre la fuite par crainte d’une arrestation possible, inquiet de sentir que ses chefs l’abandonnaient, prêts à le sacrifier en victime expiatoire. Et cette fuite avait achevé de jeter l’angoisse parmi les défenseurs de l’Église, ils ne vivaient plus, malgré tant de sujets de trouble, que dans la pensée de livrer une dernière bataille, sans merci, lorsque l’affaire Simon reviendrait devant la cour d’assises de Rozan.

Marc, lui aussi, tout en se lamentant de ce que la mauvaise santé de Simon ne permît pas encore de le ramener en France, s’apprêtait à cette bataille, dont il sentait l’importance décisive. Presque chaque jeudi, il faisait le petit voyage de Beaumont, parfois avec David, souvent seul, cédant au besoin de se renseigner. Il allait voir Delbos, lui apportait des idées, le questionnait sur les moindres incidents de la semaine. Ensuite, il se rendait chez Salvan, qui le tenait au courant des opinions de la ville, dont le flux et le reflux ravageaient toutes les classes. Et ce fut, un jeudi, au sortir de l’École normale, qu’il fit dans le bas de l’avenue des Jaffres, près de la cathédrale de Saint-Maxence, une rencontre qui le bouleversa.

Là, au fond de la contre-allée déserte, à un endroit où personne ne passe plus dès quatre heures, Geneviève était assise sur un banc, l’air abattu de lassitude et d’abandon, dans l’ombre froide de la cathédrale, dont le voisinage verdit de mousse les troncs des vieux ormes.

Un instant, il resta immobile, saisi. De loin en loin, il l’avait rencontrée dans Maillebois, mais elle était toujours accompagnée de Mme  Duparque, elle se rendait à