Page:Zola - Vérité.djvu/524

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pourtant d’anti-simonistes acharnés, resta dans son effrayant silence, dans cette horreur qui glaçait tous les os. À peine un long frisson courut-il en un murmure étouffé. Et la sortie eut lieu sans un souffle, sans une poussée, l’écoulement noir d’une assemblée en deuil, étranglée d’émotion, frappée d’épouvante. Dehors, Marc trouva David qui sanglotait.

L’Église l’emporterait donc, l’école des frères allait revivre, pendant que l’école laïque redeviendrait l’antichambre de l’enfer, l’antre satanique où les enfants étaient souillés dans leur corps et dans leur âme. L’effort désespéré, gigantesque, des congrégations et de la presque totalité du clergé, venait d’aboutir à retarder encore leur défaite, certaine dans l’avenir. Durant des années, on reverrait les jeunes générations abêties d’erreurs, pourries de mensonges. La marche en avant de l’humanité en serait entravée de nouveau, jusqu’au jour où la pensée libre, invincible, cheminant quand même, délivrerait le peuple par la science, qui seule pouvait le rendre enfin capable de vérité et de justice.

Le lendemain soir, comme Marc rentrait à Maillebois, brisé de fatigue, le cœur déchiré, il trouva une lettre de Geneviève, qui contenait simplement ces trois lignes : « J’ai lu toute l’enquête, j’ai suivi le procès. On vient de commettre le plus monstrueux des crimes. Simon est innocent. »