Page:Zola - Vérité.djvu/548

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reconquérait, un peu tous les jours, la rendait à la santé, à l’amour humain, tandis que le poison ancien du mysticisme s’éliminait davantage, après chaque échec du mensonge religieux, le père Théodose inquiétant et rejeté, l’abbé Quandieu bon homme et inefficace. Et, au milieu de son grand trouble, elle en restait à s’étourdir encore de quelques pratiques religieuses, si lourdes, si amères, pour ne pas comprendre que l’amour de Marc s’était réveillé en elle, un besoin immense de se reposer dans ses bras d’époux et de père, dans cette unique et éternelle vérité qui fait de l’homme et de la femme le couple de santé et de joie.

Alors, des querelles avaient éclaté entre Mme Duparque et Geneviève, plus fréquentes et plus vives. La grand-mère sentait bien que sa petite fille lui échappait. Elle la surveillait étroitement, elle la gardait presque prisonnière ; mais celle-ci, à la moindre discussion, avait toujours la ressource de monter s’enfermer dans sa chambre, après avoir fait claquer les portes ; et, là, elle était au moins à ses pensées, elle ne répondait plus, même quand la terrible aïeule venait frapper du poing. Pendant deux dimanches de suite, elle s’enferma ainsi, elle refusa de l’accompagner aux vêpres, malgré des supplications, suivies de menaces. Mme Duparque, à soixante-dix-huit ans, était la dévote intraitable, façonnée par une longue vie au servage total de l’Église. Élevée par une mère rigide, lorsqu’elle avait épousé Duparque, tout à son commerce, brutal et sans caresses tendres, elle était de sens endormis qui devaient s’éveiller tard. Le ménage, durant près de vingt-cinq ans, allait tenir, en face de la cathédrale de Saint-Maxence, un magasin de nouveautés, fréquenté surtout par une clientèle de couvents et de presbytères. Et ce fut là que, vers la trentaine, si peu aimée, le cœur et la chair si peu contentés par son mari, elle se donna de plus en plus à la religion, d’une honnêteté trop stricte