Page:Zola - Vérité.djvu/569

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Qui sait si je suis bien guérie ? Jamais, sans doute, je ne guérirai complètement… C’est notre Louise qui, tout entière, sera libérée. Chez moi, je le sens, la tare est ineffaçable, je frissonnerai sans cesse de la crainte de retomber au rêve mystique… Et, si je rentre ici, si je me donne de nouveau, c’est pour me réfugier à ton cou et pour que tu achèves l’œuvre commencée. Garde-moi, achève-moi, tâche de faire que jamais plus rien ne nous sépare.

Ils s’étaient ressaisis d’une étreinte plus étroite, confondus en une seule personne. N’était-ce point sa grande œuvre ? reprendre la femme à l’Église, lui donner près de l’homme sa vraie place de mère et de compagne, car, seule, la femme libérée peut libérer l’homme. Son esclavage est le nôtre.

Brusquement, Louise, disparue depuis un instant, rouvrit la porte, ramenant avec elle Mlle Mazeline, essoufflée et souriante.

— Maman, il faut que mademoiselle soit aussi de notre joie. Si tu savais combien elle m’a aimée et comme elle a été bonne et utile ici !

Geneviève s’était avancée et avait tendrement embrassé l’institutrice.

— Je sais… Merci, mon amie, de tout ce que vous avez fait pour nous, pendant nos longs chagrins.

La bonne Mazeline riait, avec des larmes dans les yeux.

— Ah ! ne me remerciez donc pas, mon amie. C’est moi qui vous suis reconnaissante de tout le bonheur que vous me donnez aujourd’hui.

Salvan et Mignot, eux aussi, riaient maintenant. Des poignées de main furent encore échangées. Et, comme, au milieu des paroles hautes qui partaient toutes à la fois, Salvan renseignait l’institutrice sur le mouvement signé la veille, Geneviève eut un cri de joie :

— Eh quoi, nous retournons à Jonville,