Page:Zola - Vérité.djvu/653

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quelque grosse somme. Je me suis renseigné, ils ont tout fait afin de le chasser du pays, depuis son retour ; ils l’en ont éloigné deux fois déjà, en lui garnissant la poche ; mais chaque fois, dès que la poche a été vide, il y est revenu. Ils n’osent mettre la police dans l’affaire sans quoi les gendarmes les auraient débarrassés depuis longtemps. Et voilà donc comment l’homme, cette fois encore, devant un refus formel, a dû imaginer de leur donner une bonne peur, en les menaçant de venir tout me conter. Puis, comme ils ne s’exécutaient toujours pas, il y est venu, il m’a lâché un peu de vérité, mêlé encore à beaucoup de mensonge, dans l’espoir que je parlerais et que les autres, épouvantés, l’empêcheraient, à coups d’argent, de confesser le reste.

Cette explication si logique calma Geneviève, qui ajouta simplement :

— Le reste, la vérité entière et nue, jamais il ne la confessera.

— Qui sait ? reprit Marc. Il a de grands besoins d’argent, mais il a au cœur plus de haine encore. Et il est brave, il donnerait de sa chair pour se venger de ses anciens complices, qui l’ont si lâchement renié. Et, surtout, malgré ses crimes, il est réellement avec son Dieu d’absolu et d’extermination, il brûle d’une foi sombre, dévoratrice, qui le rend capable du martyre, s’il y croyait gagner le salut et jeter ses ennemis aux tortures de l’enfer.

— Alors, mon ami, tu vas tâcher d’utiliser ce qu’il est venu te dire ?

— Non, je ne crois pas. J’en causerai avec Delbos, mais je sais qu’il est absolument résolu à ne marcher qu’à coup sûr.. Ah ! notre pauvre Simon, je désespère maintenant de le voir réhabilité un jour, je suis trop vieux.

Mais, brusquement, le fait nouveau, attendu depuis des