Page:Zola - Vérité.djvu/670

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Marc, égayé, attendri toujours, quand il revoyait un de ses élèves d’autrefois.

— Voici. Est-ce vrai que la famille Simon doit rentrer bientôt à Maillebois ? On dit que Simon et son frère David ont décidé enfin de quitter les Pyrénées et de venir se retirer ici… Vous devez être au courant.

Marc avait gardé son bon sourire.

— Certainement, c’est leur intention. Je ne crois pourtant pas qu’il faille les attendre avant une année d’ici ; car, s’ils ont cédé là-bas leur carrière de marbre, ils se sont engagés à en continuer l’exploitation jusque-là. Puis, il y aura toutes sortes d’engagements à prendre, ils ne savent même pas encore comment ils s’intalleront ici.

— Mais, cria Adrien, se passionnant, si nous n’avons qu’un an devant nous, c’est à peine si ce temps sera suffisant pour réaliser mon projet… Je veux vous le soumettre d’abord, quel jour puis-je aller vous voir à Jonville ?

Marc, qui devait passer la journée, à Maillebois, près de sa fille Louise, lui expliqua qu’il serait préférable de causer le jour même ; et il tint absolument à lui rendre visite, à le voir l’après-midi chez lui, ce qui fut convenu.

Adrien Doloir habitait à la porte de Maillebois, sur le chemin de la Désirade, une petite maison aimable qu’il s’était fait construire lui-même, au milieu d’un des champs de l’ancienne ferme des Bongard, leurs grands-parents communs. Ceux-ci étaient morts depuis longtemps déjà, et la ferme était restée aux mains de leur fils Fernand, le père de Claire.

Aussi quels souvenirs se levèrent dans la mémoire de Marc, lorsque, de son pas resté ferme et vaillant, il vint sonner à la grille de cette petite maison, après avoir passé devant les vieux bâtiments de la ferme ! N’était-ce pas là que, quarante ans plus tôt, le jour de l’arrestation de Simon, il s’était présenté chez le paysan Bongard,