Page:Zola - Vérité.djvu/705

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flammes de l’enfer.. Ô mon Dieu ! ô mon Dieu ! vos desseins sont impénétrables et terribles.

Maintenant la foule était retombée à son silence de mort, sous l’angoisse affreuse qui étreignait toutes les poitrines plus rudement, à mesure que l’ignoble aveu se déroulait. On n’entendait plus un souffle, un effroi immense s’élargissait sur les têtes immobiles, terrifiées de ce qu’elles sentaient venir. Et Marc, la face blanche, éperdu de voir enfin la se dresser ainsi, après tant de versions mensongères, revivait la scène qu’il avait déjà reconstituée, regardait fixement le monstrueux coupable, repris de sa folie ancienne, s’emportant en gestes frénétiques, au milieu des sanglots qui l’étranglaient.

— Ô mon Dieu ! vous aviez fait l’enfant si délicieux, avec sa tête blonde et frisée de petit ange. Et il semblait n’avoir, comme les chérubins des peintures pieuses, que cette tête de chérubin, avec deux ailes, tant son pauvre petit corps d’infirme était délicat et fluet, sous sa petite chemise… Le tuer, ô mon Dieu ! est-ce que j’en avais l’atroce pensée ? Dites-le, vous qui lisez dans mon cœur. Il était si joli, je l’aimais tant, que je n’aurais pas arraché un seul cheveu de sa tête… Et c’est vrai, le feu du péché était venu, la concupiscence me brûlait, et j’ai voulu le caresser, mais si doucement, avec des paroles hésitantes, avec des gestes qui osaient à peine… Je m’étais assis près de la table, regardant les saintes images. Je l’ai attiré près de moi, je l’ai assis sur mes genoux, pour les voir ensemble. Et il s’est d’abord laissé faire, très docile, très câlin ; puis, comme Satan m’emportait, m’aveuglait, il a pris peur, il a commencé de crier, de crier, de crier… Ô mon Dieu ! ces cris, ces cris que j’entends toujours et qui me rendent fou !

C’était en effet, chez lui, comme une crise croissante embrasant ses yeux dans sa face convulsée, tordant ses lèvres où un peu d’écume se montrait. Des secousses spasmodiques agitaient