Page:Zola - Vérité.djvu/718

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tolérée, donnée hypocritement en exemple, tous les hommes, disait-on, étant égaux, pouvant grandir grâce à leur propre mérite. Et l’on commençait par refuser au plus grand nombre les leçons nécessaires, le débrouillage d’intelligence dû à tous les enfants de la nation, dans la terreur du grand mouvement de vérité et de justice qui devait en résulter, balayant la monstrueuse erreur bourgeoise, reprenant aux ravisseurs la fortune nationale volée, pour établir enfin par le juste travail la Cité de solidarité et de paix.

Maintenant, une France unique était en train de se constituer, il n’y aurait bientôt plus ceux d’en bas et ceux d’en haut, ceux qui savaient écrasant, exploitant ceux qui ne savaient pas, dans une sourde guerre fratricide, exaspérée parfois, affolée jusqu’à rougir le pavé des rues. L’enseignement intégral pour tous fonctionnait déjà, tous les enfants de France devaient passer par l’école primaire laïque, gratuite et obligatoire, où le fait expérimental, et non plus la règle grammaticale, était la base de l’instruction entière. En outre, apprendre à savoir ne suffisait pas, il fallait apprendre à aimer, la ne pouvant être féconde que par l’amour. Puis, une sélection naturelle se faisait, selon les goûts, les aptitudes, les facultés des élèves, qui, de l’école primaire, montaient à des écoles spéciales, échelonnées suivant le besoin, embrassant toutes les applications pratiques, allant jusqu’aux plus hautes spéculations de l’esprit. La loi était qu’il n’y avait pas de privilégiés dans un peuple, que chaque créature naissante devait être accueillie comme une force possible, dont l’intérêt national exigeait la culture. Ce n’était pas seulement égalité et équité, c’était encore un emploi sage du trésor commun, l’idée pratique de ne rien perdre de ce qui pouvait faire la puissance et la grandeur du pays. Et quel réveil en effet des énergies accumulées, endormies dans l’immense réservoir des campagnes et