Page:Zola - Vérité.djvu/733

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la trace d’aucune autre violence. En somme, la secousse nerveuse, si violente chez une fillette de cet âge, était surtout à craindre. Et le médecin ne la quitta qu’une heure plus tard, après avoir fait la réduction de la fracture, et quand il la vit comme terrassée, endormie d’un profond sommeil.

Marc, cependant, avait envoyé prévenir sa femme et sa fille, Geneviève et Louise, dans la crainte de les inquiéter en ne rentrant pas. Elles accoururent, elles furent terrifiées, désespérées de cette affreuse histoire, qui réveillait, chez elles aussi, l’ancienne et abominable affaire. Et, Thérèse étant venue les rejoindre, il y eut là comme un conseil de famille, tandis que toutes trois, l’oreille tendue, écoutaient, par la porte laissée ouverte, si la petite blessée ne se réveillait pas. Marc, fiévreux, parla longtemps. Pourquoi François aurait-il commis un pareil attentat ? Il avait pu céder à un accès de folie passionnelle, en disparaissant avec Colette, mais il s’était toujours montré un père très tendre, sa femme ne se plaignait même pas de son attitude vis-à-vis d’elle, très digne, presque déférente. Alors, quel motif l’aurait poussé ? On ne le voyait pas, dans la retraite ignorée où il se cachait avec une maîtresse, pris du subit désir de ravoir sa fille, dont il n’aurait su que faire. Et, en admettant même l’hypothèse d’une cruauté à l’égard de sa femme, le besoin pervers de la frapper encore, par ce rapt qui la laisserait seule, sans une consolation, il restait inadmissible que ce père, au lieu d’enlever simplement la fillette, l’ait violentée et blessée, puis laissée là, évanouie ! Non, non ! malgré l’affirmation de Rose, malgré le mouchoir reconnu, François n’était pas le coupable, il y avait là des impossibilités morales, des raisonnements plus forts que des preuves. Mais, devant ce nouveau problème si ardu, devant la à chercher de nouveau, à proclamer, lorsqu’on l’aurait dégagée