Page:Zola - Vérité.djvu/734

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du mystère, Marc ne cachait pas son trouble, son anxiété, car il s’attendait bien à ce que Maillebois entier, dès le lendemain matin, s’occupât passionnément du drame, grâce aux indiscrétions de Marsoullier, acteur et témoin. Tous les faits semblaient accuser François, l’opinion publique allait-elle se ruer contre lui, comme autrefois contre son grand-père, Simon, le juif ? Et, dans ce cas, de quelle façon le défendre, et que faire, pour empêcher le recommencement de la monstrueuse iniquité d’autrefois ?

— Ce qui me tranquillise, finit-il par dire, c’est que les temps sont changés. Nous allons être en face d’un peuple nouveau, instruit, libéré, et je serais bien surpris, si tous ne nous aidaient pas à faire la vérité.

Il y eut un silence. Thérèse, malgré le petit tremblement qui l’agitait encore, reprit avec force :

— Vous avez raison, grand-père, il faut avant tout établir l’innocence de François, dont je ne douterais pas, même devant de pires accusations… J’oublie qu’il m’a fait souffrir affreusement, et comptez sur moi, je vous aiderai de tout mon pouvoir.

Geneviève et Louise approuvaient du geste.

— Ah ! le malheureux enfant ! murmura la dernière. À sept ans, il se jetait à mon cou, il me criait : « Petite mère, je t’aime bien ! » C’est un tendre, un passionné, auquel il faut pardonner beaucoup.

— Ma fille, dit à son tour Geneviève, il y a toujours de la ressource, avec ceux qui aiment. S’ils font de grandes fautes, l’amour les aide à les réparer.

Le lendemain, comme Marc l’avait prévu, tout Maillebois fut en rumeur, on ne causa que de la tentative de rapt, la fillette blessée qui accusait son père, le mouchoir ramassé par un passant et que la mère avait reconnu. Marsoullier racontait l’histoire à qui voulait l’entendre, brodant même un peu, ayant tout vu, tout fait. Ce n’était