Page:Zola - Vérité.djvu/743

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père, comme si elle le trouvait différent de ce qu’elle se l’imaginait, depuis qu’il était parti et qu’elle voyait sa mère pleurer d’abandon. L’avait-elle donc cru méchant, avec une taille épaissie et un mauvais visage d’orge ? Maintenant, elle retrouvait le papa au bon sourire qu’elle adorait ; et, s’il revenait, c’était sûrement pour qu’on ne pleurât plus dans la maison. Puis, elle se mit à trembler, les conséquences de son erreur lui apparaissaient, terribles.

— Et moi qui t’ai accusé, mon papa, moi qui ai soutenu, comme une entêtée, que l’homme, c’était toi !… Non, non ! ce n’est pas toi, je suis une menteuse, je le crierai aux gendarmes s’ils viennent te prendre !

Elle retomba dans le fauteuil, en proie à une violente crise de larmes, et il fallut que son père la prît sur ses genoux, la baisât tendrement, en lui ignorant que le malheur allait finir. Lui-même bégayait d’émotion. Il avait donc été bien atroce, pour que son image se fut ainsi déformée dans l’esprit de sa fille, et qu’elle eût pu le croire capable d’une violence sur elle ?

Thérèse avait écouté, en s’efforçant de rester impassible. Elle n’eut d’ailleurs pas un mot. Anxieux, François la regardait, comme pour savoir si elle l’acceptait de nouveau à ce foyer domestique qu’il avait détruit. Et Marc, la voyant si sévère, si peu disposée encore au pardon, préféra emmener son petit-fils, pour l’héberger chez lui, en attendant une heure plus douce.

Le soir même, la justice se présenta au domicile de Faustin, accusé de tentative de rapt et de violence sur la personne de la petite Rose. Mais elle ne le trouva pas, le logis était clos, l’homme envolé ; et toutes les recherches échouèrent, jamais on ne le prit, on finit par le croire passé en Amérique. Sa sœur Colette, vainement recherchée, elle aussi, devait l’avoir accompagné, car on ne la revit plus, ni à Beaumont, ni à Maillebois. Et l’affaire