Patrimoine et Identité/Un patrimoine paysager et naturel

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Un patrimoine paysager et naturel



Un patrimoine paysager et naturel.[modifier]

Aborder le patrimoinenaturel en premier lieu va pouvoir me permettre de localiser plus précisément la commune en l’inscrivant dans un paysage. Ce paysage possède une réelle importance en ce sens que les divers éléments naturels aident à une meilleure approche de la commune, de ses habitants, et des autres éléments du patrimoine [1]. Lorsque j’ai parcouru Les Fougerêts, j’ai été frappé, entre autres, par un paysage de versant de vallée. En effet, le long de la pente qui s’étend des hauteurs de Couesmé au Pont d’Oust se succède une faune, une flore et des milieux naturels diversifiés.

  1. « Le paysage (…) est porteur de signes de l’œuvre antérieur des sociétés. » in Alain CROIX et Didier GUYVARC’H [dir.], Guide de l’Histoire locale, le Seuil, Paris, 1990, page 143.

Les rivières, le marais, les cours d’eau et la tourbière.[modifier]

Les éléments hydrographiques ont, pour les Fougerêtais et pour ceux qui visitent la commune, une importance toute particulière puisqu’ils constituent un des aspects majeurs du paysage de la commune des Fougerêts. L’eau caractérise le Grand Site Naturel de la basse vallée de l’Oust[1]. Il s’agit du seul Grand Site Naturel de Bretagne qui se situe hors des côtes. Dans cette vallée coexistent les marais, le Canal de Nantes à Brest, l’Oust et de nombreux autres cours d’eau.

La rivière d’Oust, affluent de la Vilaine, présente des particularités importantes aux Fougerêts. Avant la construction du Canal de Nantes à Brest entre 1820 et 1840, l’Oust était séparée en deux bras sinueux. Le tronçon de ce canal a été réalisé sur un de ces bras, traçant une quasi ligne droite du Gué du Boin jusqu’à l’Ecluse de Limur à Peillac. Joseph Desmars, en 1869, décrit « (…) les mille bras de l’Oust égarés dans les marais et le canal alignant orgueilleusement vers Malestroit les peupliers de ses digues (…) » [2]. L’autre bras de la « rivière d’Oust », que l’on prononce quelques fois « out » ou « août », demeure à son état quasi naturel [3]. De faible largeur et profondeur, elle serpente au fond de la vallée jusqu’au Mortier de Glénacet présente l’intérêt de proposer de nombreux points de passages mais aussi d’être une barrière naturelle.

Il serait hasardeux d’expliquer maintenant dans les détails l’importance de l’Oust aux Fougerêts. En effet, les activités humaines, notamment la pêche, l’agriculture et « les traditions » y sont particulièrement liées. Les différents guésou passages étaient utilisés autrefois pour mener le bétail dans les pâtures des marais. Les gués des Loulais, de Launay et du Bourg ont été utilisés jusque dans les années soixante-dix. Il n’y a que trois ponts qui franchissent l’Oust. Le pont qui relie le Port de Peillac n’a été construit qu’au XIX ème siècle remplaçant l’ancien bac [4]. Les deux autres, des Loulais et des Cazes, sont contemporains, construits pour que les nouvelles machines agricoles puissent accéder aux terres des marais [5].

L’Oust était également le lieu d’une remontée quotidienne des eaux. Jusqu’à la mise en service du barrage d’Arzal en 1972, beaucoup de témoignages font allusion à la difficulté de traverser la rivière avec les bêtes, « (…) de l’eau aux mollets le matin, (…) jusqu’au bassin le soir (…) », aux différents gués [6]. Les eaux maritimes remontaient la Vilaine formant un véritable mascaret jusqu’aux marais de Saint-Perreux [7]. Ensuite, l’eau continuait sa route dans le lit de la rivière jusqu’aux Fougerêts, et même au-delà. Cette intrusion de l’Océan avait pour principal intérêt d’y amener les anguilles. Ces poissons ont une place toute particulière puisqu’ils ont été longtemps une base de l‘alimentation pour beaucoup de Fougerêtais [8]. C’est en raison d’une technique de pêche à l’anguille, qui utilisait les vers de terre, que les Fougerêtais sont surnommés les Béguins [9].

Le Canal de Nantes à Brest empreinte un des anciens bras de l’Oust. Cet ancien projet, réalisé d’après les ordres de Napoléon Bonaparte, avait pour objectif de dynamiser le commerce fluvial en Bretagne. La portion fougerêtaise du Canal est inaugurée en 1842. Aujourd’hui, elle n’est plus utilisée que par des péniches de croisières et les pêcheurs.

Les marais sont le symbole du pays de Redon. En effet, qui n’a jamais entendu parler, au mois de janvier ou mars, des inondations à Redon comme celles de janvier 1995 et 1999 ? Ces marais sont « (…) très vastes au moment des pluies automnales et hivernales, ils disparaissent totalement l’été, et à leur place, une herbe drue occupe le terrain».[10] Bien que le mot marais évoque habituellement une étendue d’eau variable mais permanente comme à Glénac, les prairies humides de Saint-Perreux ou bien des Fougerêts sont considérées par tous comme de véritables marais. Le barrage d’Arzal en a, néanmoins, fortement modifié l’aspect. Aux Fougerêts, la zone de marais s’étend entre les deux cours d’eau, le Canal de Nantes à Brest et l’Oust. Dans cette zone intermédiaire se rejoignent les eaux d’écoulements d’un réseau hydrographique dense. Les précipitations gonflent les petits cours d’eau qui s’écoulent vers les zones de creux. Ainsi, le carrefour du Pont de la Noe est souvent submergé, et finalement l’Oust et le Canal débordent et recouvrent les terres intermédiaires. Le recteur Joseph Coué écrit dans l’Echo des Fougerêts en janvier 1966 : « (…) l’année 1965 s’est terminée par une bien mauvaise journée de pluie et de vent et voici qu’en ce matin du premier janvier de l’an 1966, (…) nos marais ne forment plus qu’un beau grand lac. »

Les marais des Fougerêts ont longtemps rythmé la vie locale parce qu’ils offraient, par exemple, la possibilité aux agriculteurs d’y envoyer paitre le bétail et d’y organiser les mariages. Les témoignages des personnes de plus de cinquante-ans, en général, évoquent ces journées passées à garder les vaches, à s’amuser avec les autres enfants ou bien à fêter l’union de voisins. Toutefois aujourd’hui, ce n’est plus le cas en raison de l’évolution du monde agricole. Les terres des marais n’accueillent plus les troupeaux de vaches mais de grandes étendues de maïs, et ne restent à les parcourir que tracteurs et promeneurs. Les marais restent néanmoins toujours liés aux activités agricoles ; mais celles-ci ont été si bouleversées que sa perception en a été également modifiée. Ce regard nostalgique des plus anciens fait contrepoids avec une quasi-indifférence de la part des plus jeunes.

Les autres cours d’eau et sources ont une aussi une importance aux Fougerêts. Ils matérialisent les limites communales, alimentent l’Oust, le Canal, les lavoirs et les puits, traversent les marais. Le ruisseau de Groutel représente la frontière à l’Ouest avec Saint-Martin-sur-Oust et se jette dans le Canal de Nantes à Brest près de Boin. Autrefois, s’élevait un moulin à eau, au lieu-dit « le moulin de Groutel », mais celui-ci n’existe plus. Un autre cours d’eau délimite Les Fougerêts et La Gacilly, c’est le ruisseau de Mabio qui s’étend d’ouest en est. Il existe trois plans d’eau principaux dans la commune, celui de Groutel, de la Ville Caro et de la Jouardays. Ils alimentent en partie les lavoirs qui se trouvent à proximité [11]. Les sources d’eau servent également aux lavoirs comme celui de Launay.

De nombreux lavoirs ont disparu lors du remembrement, mais il en subsiste encore quelques-uns. Ces sources sont nombreuses sur l’ensemble de la commune. Elles alimentent aussi les puits. La quantité de puits aux Fougerêts s’explique, entre autres, par la présence de ces sources qui courent le long de la pente vers les rivières et le marais. Il existe d’autres zones à caractère humide aux Fougerêts. Par exemple, les « noës » sont des terrains mal drainés ; j’ai pu rassembler quelques illustrations de ces termes dans la toponymie et micro toponymie locale. C’est le cas pour le hameau de la Noé Cado, du champ de la Noé du Vau Morel, du Près des Noés et du Pont de la Noe. Toutefois, c’est la tourbière de Couesmé située plus précisément à la limite Nord-Est de la commune près de la Loirie qui a attiré mon attention. Il m’a paru intéressant de l’évoquer puisqu’elle est fortement liée au réseau hydrographique de la commune. La tourbière est un écosystème d’eaux stagnantes qui peut éviter les inondations et atténuer les sécheresses. La tourbière de pente de Couesmé a pour principale conséquence la mise en place d’un microclimat ce qui conduit à une adaptation particulière de la faune et de la flore. Autrefois, la tourbière était vouée à la pâture des bêtes, mais elle est désormais protégée puisque rachetée par l’Association Communale de Chasse Agrée des Fougerêts ( A.C.C.A ) et par la Fondation Nationale pour la Protection des habitats français de la Faune sauvage [12]. La tourbière me semble être une richesse indéniable aux Fougerêts dans la mesure où elle se situe dans une zone où l’agriculture intensive agit en général négativement sur la qualité de l’eau.


L’eau représente un élément majeur du patrimoine naturel. En effet, elle se conjugue sous différentes formes, des rivières aux petits ruisseaux et sources, et des marais à la tourbière. Les Fougerêtais sont sensibles à cet aspect du patrimoine local même si le rapport à ces éléments naturels n’est pas celui d’autrefois.

  1. La B.V.O s’étend sur quinze kilomètres jusqu’au confluent avec la Vilaine. Elle englobe le site de l’Ile aux Pies classé Grand Site Naturel en 1982. Neuf communes sont concernées par la politique d’aménagement et d’interprétation.
  2. Joseph DESMARS, Redon et ses environs, guide du voyageur, Redon, Guihaire, 1869, page 26.
  3. Joseph Desmars écrit quelques fois « l’Oult ».
  4. La décision de la construction du pont a été prise en 1867 (D.C.M 14/07/1867)
  5. Les tracteurs n’ont été utilisés par les agriculteurs locaux qu’à partir des années soixante lorsque les petits cultivateurs ont abandonné leurs exploitations
  6. Le barrage d’Arzal a été construit entre 1965 et 1972, entre autres, pour réduire le mouvement des marées afin de faciliter l’évacuation des eaux de la Vilaine pendant les périodes de crues.
  7. Ce bourg avait au Moyen Age le nom de Clos de Ressac.
  8. Entretien avec F3 et H3.
  9. Il faut prononcer « Beudjins ».
  10. GROUPEMENT CULTUREL BRETON DES PAYS DE VILAINE, Le marais des Pays de Vilaine, 1976, page 12.
  11. La Ville Caro et La Jouardays possèdent leurs lavoirs, le lavoir de la Fontaine d’Y reçoit les eaux du ruisseau de Groutel.
  12. Gaëlle COUEFFARD, Tourbière de Couesmé, 1993-1995.

Le bocage et l’openfield.[modifier]

J’ai choisi de présenter le bocage et l’openfield dans le patrimoine naturel bien qu’ils soient, l’un et l’autre, des constructions humaines. Toutefois, ils s’intègrent à cette étude au sens de paysage. Il est donc possible d’observer sur le terrain, et grâce aux témoignages, les traces d’un bocage qui, après le remembrement, a été remplacé par l’openfield. Cette analyse consacrée aux paysages des Fougerêts aura pour objectif de mettre en évidence la vocation agricole actuelle de la commune mais aussi les changements considérables qui ont eu lieu ces quarante dernières années.

Les traces du bocage aux Fougerêts sont aujourd’hui difficilement observables. Le Cadastre de 1824 permet d’observer une multitude de parcelles réservées à un usage individuel. Les usages collectifs consistaient à mettre en pâture les vaches dans les marais. Ce parcellaire réduit était délimité par de nombreux talus et haies. Dans la micro toponymie, j’ai relevé divers termes faisant allusion à de petites parcelles fermées et individuelles. Il y a par exemple le Clos du puits, la Clôture à Garet, le Grand Clos, la Petite Pièce, etc. Les seuls éléments du bocage qui demeurent visibles sont les talus, les haies de palis de schiste et les chemins creux. Les talus n’ont pas tous été arraché. Il reste encore quelques spécimens qui illustrent l’existence d’un bocage fait de centaines de micro parcelles.

Les haies de palis sont assez nombreuses aux Fougerêts pour délimiter les champs. Ces « clôtures » très anciennes permettaient d’empêcher les bêtes de s’échapper de l’enclos et de délimiter les champs. Il existe aussi quelques chemins qui sont les traces les plus marquantes d’un terroir de bocage et qui sont les premiers éléments du façonnement de l’espace par l’homme. Ces sentiers datent souvent des premiers défrichements du Bas Moyen-Age. Le « chemin de la tertré » relie les Loulais à la Hallais sur environ trois cents mètres, un autre chemin creux relie la sortie du Bourg à Rochenais, en passant derrière l’actuelle Zone Artisanale. Il est possible d’observer des vestiges de chemins creux au nord-ouest de la Ville Chauve près des nouveaux chemins d’exploitations en direction de Saint-Martin. Les chemins bocagers sont de faible largeur et ont été creusés par une utilisation intensive pendant plusieurs siècles. Ils permettaient, en outre, une évacuation de l’eau si bien qu’ils devenaient particulièrement boueux au printemps et à l’automne, et comme le souligne F3, très difficilement praticables lors des gelées hivernales.

Ce paysage de bocage a été profondément modifié en 1976 lors du remembrement aux Fougerêts. Cependant, entre la Croix Fourchée de bas et la Ville Macé, il est possible de se faire une petite idée de ce que pouvait être le bocage il y a encore trente ans. Le bocage apparaît pour beaucoup de Fougerêtais comme le paysage du passé. Comme les marais, c’était un lieu de jeu, de richesses naturelles mais aussi de travaux agricoles. Ces personnes, qui ont vécu ce paysage, connaissent pour la plupart les noms des champs et il est assez difficile quelques fois de suivre une conversation qui fait appel à cette micro toponymie.

L’ensemble de la commune se caractérise aujourd’hui par un paysage d’openfields. Celui-ci, même perturbé par quelques talus, montre de façon évidente le caractère agricole de la commune aujourd’hui. La surface agricole représente 78% de la surface totale des Fougerêts [1]. L’openfield aux Fougerêts est surtout visible au Sud où les exploitations céréalières, essentiellement pour la production de maïs, sont les plus importantes. La production végétale concerne 69,5% et la pâture 29,6% des 1223 hectares de la Surface Agricole Utilisable. Les stocks de céréales et d’oléoprotéagineux [2]ont été multipliés par trois entre 1988 et 2000 et le nombre de vaches demeurent plus ou moins stable aux environs de sept cents têtes de bétail. Cette description souligne une vocation agricole qui perdure aux Fougerêts. Le remembrement est apparu très tôt comme une nécessité pour faire face aux difficultés économiques. Le témoignage de Joseph Coué dans l’Echo des Fougerêts en octobre 1969 illustre l’espoir suscité : « (…) On peut bouder le progrès, mais on n’arrêtera pas sa marche en avant. Que vienne donc au plus vite le remembrement des terres ! Il sera tout aussi profitable aux petits propriétaires qu’aux fermiers. (…) » Cela eu, en effet, pour conséquence à long terme de faire croître de six à treize le nombre d’exploitations de plus de trente-cinq hectares entre 1979 et 2000. Mais les petites exploitations familiales ont alors complètement disparu, le nombre total des exploitations passe de soixante-dix huit, en 1979, à vingt-trois en 2000. Le développement agricole local suit la conjoncture nationale, et le paysage d’openfield mis en place par cette agriculture devient un patrimoine naturel pour les nouvelles générations comme, l’a été pour les plus âgés, le paysage bocager.

  1. Les chiffres pour l’agriculture sont tirés de la Fiche Comparative 1979-1988-2000 du Recensement agricole et de L’étude d ‘aménagement bocager pour la commune des Fougerêts, réalisée en 2000 par le Groupe de Vulgarisation Agricole.
  2. Les oléoprotéagineux sont le tournesol, le colza et le pois.

Les landes et les fôrêts.[modifier]

J’arrive maintenant à la description du patrimoine naturel des « hauteurs » des Fougerêts. Toute cette partie Nord de la commune, qui commence après le Chênot et qui s’étend d’est en ouest, se caractérise essentiellement par un paysage de crêtes où les landes et la forêt sont des éléments naturels majeurs. L’altitude varie dans cette zone entre soixante-dix et cent mètres. Selon les chiffres tirés de l’étude de Gaëlle Coueffard sur la tourbière de Couesmé, les landes couvrent 5,5% du territoire de la commune [1]. La lande est une formation végétale rase, constituée essentiellement par les genêts, bruyères, ajoncs et fougères. La toponymie et la micro toponymie m’ont permis de relever de nombreux termes qui font allusion aux landes. Tout d’abord, le nom de la commune se rapporte aux fougères. Les chercheurs pensent, en effet, que l’étymologie des Fougerêts est issue du mot latin « filicaretum »[2].

Les Landes de Couesmé, à l’extrême Nord, appartiennent aux Landes de Lanvaux. Cependant, dans cette zone, la végétation typique de cet élément naturel n’est plus guère présente. Les zones de landes défrichées à Couesmé ont été reboisées. Certains témoignages évoquent la récolte de la bruyère dans les landes où chacun y possédait une petite parcelle. Les landes étaient utilisées pour la litière du bétail [3]et comme pâture aux moutons comme le laisse supposer une chanson de mariage, « J’ai tout laissé les moutons sur la lande pour voir passer la jolie mariée (…) » [4]. L’étude de la micro toponymie d’après le Cadastre de 1997 révèle plusieurs noms évoquant cet élément naturel: les Landes de Couebo, le Clos bruyère, Landes de Caillibouis, Landes de Rochenais. Aujourd’hui, c’est principalement à Rochenais et à la Ville Caro que les landes sont les plus courantes mais elles sont souvent associées à des pins.

La forêt est également une richesse naturelle aux Fougerêts. Elle couvre aujourd’hui 15,4% de la superficie totale de la commune. Constituée principalement de chênes, de châtaigniers et de pins maritimes, sa surface a fortement diminué depuis un siècle et demi. Tout comme la lande, les différentes zones forestières occupent la partie Nord de la commune. La forêt aux Fougerêts couvrait semble-t-il une très grande surface. Au Nord, cette zone forestière porte le nom de Forêt-Noire. Elle a été constituée par un reboisement récent des landes dans la partie septentrionale. Les pins maritimes et les bouleaux y sont majoritaires. La zone forestière occidentale n’est pas de même nature. En effet, la Forêt-Neuve est beaucoup plus ancienne. Elle constituait un grand ensemble dans lequel s’inscrit le château de la Forêt-Neuve à Glénac, ancienne demeure des seigneurs de Rieux. Cette Forêt-Neuve s’étendait jusqu’à la Croix Fourchée, comme il est possible de l’observer dans le Cadastre Napoléonien et par les essences présentes. Il y a effectivement beaucoup plus de feuillus, notamment les chênes et les châtaigniers.

Cependant, les zones forestières ont fortement diminué. Jusqu’au début des années soixante-dix, il a eu des défrichements importants afin d’accroître la surface agricole de la commune. Ainsi, une grande partie Ouest des Fougerêts s’est séparée de sa couverture végétale. L’Echo des Fougerêts de février 1967, sous la plume du recteur Coué, évoque la « (…) disparition de tous les taillis qui s’étendaient en profondeur de gauche et de droite de la route de Saint-Jacob à la Forêt-Neuve. Ainsi, c’est toute une contrée de la commune qui commence à changer d’aspect et voici que les habitants de la Marandais si bien nichés (…) dans les bois apparaissent déjà à découvert (…) D’ici quelques mois, plus d’une cinquantaine d’hectares de taillis seront ainsi mis en labour (…) ». La forêt, d’après les témoignages recueillis, avait une grande importance dans la vie locale. J’ai rencontré plusieurs personnes qui demeuraient près de ces zones boisées, et qui ont, en effet, souligné de façon évidente les liens entre le milieu naturel et les activités humaines. Il y a, par exemple, à Saint-Jacob un pavillon de chasse du XVI ème qui appartenait à une famille noble de Bains-sur-Oust. De nombreuses personnes de ce village travaillaient dans les métiers du bois, notamment sabotier et cercliers.

  1. Gaëlle COUEFFARD, Tourbière de Couesmé, 1993-1995.
  2. Bernard TANGUY, « Toponymie » in Dictionnaire du patrimoine breton, Rennes, Apogée, page 950-952.
  3. Entretien F8.
  4. Entretien H1, F1 et F2.

La faune et la flore.[modifier]

Je veux souligner quelques aspects de cette faune et flore, typiques à la fois des Fougerêts mais aussi de l’ensemble de ce paysage de la vallée de l’Oust.

L’anguille est le poisson symbolique de l’Oust. Dans certains villages, comme aux Fougerêts, ce poisson et son mode de pêche ont donné des surnoms aux habitants. Les Fougerêtais sont appelés « Béguins », les habitants de Saint-Perreux les « Garciaux », nom donné aux anguilles pêchées dans ce village. Remontant la Vilaine et l’Oust lors des marées, ils représentaient une source de nourriture quasi inépuisable pour toutes les populations des bords de l’Oust et des marais [1]. Avant la construction du barrage à l’estuaire de la Vilaine, les pêcheurs remplissaient leurs barques mais aujourd’hui, malgré une échelle à poisson à Arzal, la pêche d’une anguille devient très rare voire exceptionnelle pour un pécheur amateur. Je voudrais aussi parler de la tourbière de Couesmé. Dans cette zone humide unique, tout un cortège de plantes et d’animaux habituellement plus répandus dans les régions boréales sont présents. La faune et la flore se sont adaptées à ce milieu très particulier. Ainsi, j’ai pu noter la présence d’espèces très appréciées par les chasseurs comme les bécasses. Il y existe également une petite plante carnivore protégée : les Droseras. [2]

Enfin, les éléments centraux de la flore aux Fougerêts sont les châtaigniers et les pommiers. Ces arbres font partie intégrante du paysage de la commune et du pays de Redon. Les châtaignes ont longtemps été utilisées comme compléments alimentaires, bouillies ou cuites au feu de bois. Ces fruits sont l’emblème de la fête annuelle de la Teillouse à Redon à l’automne. Le bois de châtaignier est également très apprécié dans la construction. Le châtaignier est une des essences les plus présentes dans les bois et forêts locales. Il est souvent associé en alternance avec le chêne dans les haies bocagères.

Le pommier et ses fruits peuvent être considérés comme un patrimoine des Fougerêts. Le cidre et l’eau-de-vie, « la goutte », sont des produits locaux de grande importance. Le cidre était, il y a encore trente ans, la boisson quotidienne, et la fabrication du cidre une activité communautaire. Dans chaque propriété, il y a au moins un petit verger, de deux ou trois pommiers. Il en existe de plus grands comme au Guet de Couesmé ou à l’Auté Garel. La production de pommes était très importante il y a encore trente ans. J’ai ainsi relevé dans l’Echo des Fougerêts, en janvier 1968, qu’ « (…) après enquête près des acheteurs [les usines de distillerie de Redon], c’est à 700 tonnes qu’on peut chiffrer la quantité de pommes. » Si l’on fait un rapide calcul, il y avait presque une tonne de pommes par personne. Comme le souligne Pascal Laloy et Ronan Désormeaux dans Regards sur le pays de Redon, « les paysages (…) tirent leurs richesses d’une heureuse imbrication de paysages très typés : en quelques centaines de mètres, nous pouvons quitter une large étendue de marais, remonter par des chemins bocagers étroits pour traverser ensuite des zones de culture très ouvertes avant de s’engager à l’intérieur de landes et de bois. » Il m’a semblé essentiel d’analyser dans un premier temps le patrimoine naturel et paysager de la commune des Fougerêts car les autres thèmes du patrimoine local y sont très fortement liés. Tout comme « (…) le paysage (…) est porteur des signes de l’œuvre antérieur des sociétés », l’homme construit son environnement à partir des richesses que lui offre la nature.


  1. Entretien F3.
  2. Plante à fins tentacules rouges lesquels retiennent prisonniers les insectes qui s’y posent.

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