Pausanias, Elide-1, chapitre XXIII

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Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (3p. 187-192).

CHAPITRE XXIII.


Statue de Jupiter consacrée par les Grecs qui combattirent à Platée. Noms des villes qui se trouvèrent à cette bataille. Cippe où sont gravées les conditions de la paix entre les Lacédémoniens et les Athéniens. Statue de Jupiter consacrée par les Mégaréens, les Hyblaeens et les Clitoriens.

EN passant près de la porte qui conduit au sénat, vous trouvez un Jupiter debout qui n'a point d'inscription. En retournant comme pour aller vers le nord, vous verrez une autre statue du même dieu qui regarde vers le soleil levant. Elle a été consacrée par les Gréa qui combattirent à Platée contre Mardonius et les Mèdes. Les noms de toutes les villes qui se trouvèrent à cette bataille sont écrits sur le côté droit du piédestal. Les Lacédémoniens sont les premiers, les Athéniens sont inscrits après, ensuite les Corinthiens, les Sicyoniens, les Eginètes, les Mégaréens, les Épidauriens, les Arcadiens de Tegée et d'Orchomène, les Phliasiens, les Troeséniens et les Hermionéens, les Tirynthiens de l'Argolide, les Platéens seuls parmi les Bétiens, et les Argiens de Mycènes ; les insulaires de Chios et de Mélos, les Ambraciotes de la Thesprotide en Épire, les Téniens et les Lépréates ; ces derniers sont le seul peuple de la Triphylie dont le nom se trouve ici, mais les Téniens ne sont pas les seuls de la mer Égée et des Cyclades, car on y voit aussi les Naxiens et les Cythniens ; les autres peuples sont, les Styriens de l'île d'Eubée, les Éléens, les Potidaeates, les Anactoriens, et enfin les Chalcidéens des Bords de l'Euripe qui sont inscrits les derniers.

Voici celles de ces villes qui sont maintenant désertes : Mycènes et Tirynthe furent rasées par les Argiens après la guerre des Perses. Ambracie et Anactorium, colonies de Corinthe, furent détruites par l'empereur Auguste, qui emmena leurs habitants à Nicopolis, qu'il venait de fonder sur le promontoire Actium. Les Potidaeates ont été deux fois chassés de leur pays, d'abord par les Athéniens, et en second lieu par Philippe, fils d'Amyntas ; depuis Cassandre les ramena dans leurs foyers, mais leur ville quitta son ancien nom et prit de son nouveau fondateur celui de Cassandrie. C'est Anaxagoras d'Égine qui a fait la statue que les Grecs dédièrent alors à Olympie; ceux qui ont décrit la bataille de Platée, n'ont rien dit de ce sculpteur.

Il y a devant cette statue un cippe de bronze où sont gravées les conditions de la paix que les Lacédémoniens firent pour trente ans avec les Athéniens qui venaient de soumettre pour la seconde fois l'Eubée. Cette paix se fit dans la troisième année de l'olympiade où Crison d'Himère fut vainqueur à la course du Stade. Il est aussi dit dans ce traité que les Argiens ne sont point compris dans la pacification, mais que les Athéniens et les Argiens peuvent, si cela leur convient, vivre en bonne intelligence.

Il y a auprès du char de Cléosthènes (je parlerai de ce char dans la suite) une autre statue de Jupiter, offrande des Mégaréens; elle a été faite par deux frères, Thylacus et Onœthus et par leurs enfants. Je n'ai rien pu découvrir sur le temps où ils vivaient, ni sur leur patrie, ni sur le maître de l'école dont ils sortaient.

On voit près du char de Gélon un Jupiter très ancien, tenant un sceptre. On dit que c'est une offrande des Hyblaeens. Il y avait en Sicile deux villes d'Hybla, l'une surnommée Géréatis, l'autre appelée Majeure, parce qu'elle était plus grande que la première; elles conservent encore leur nom maintenant, mais l'une est entièrement déserte, et celle qui est surnommée Géréatis n'est plus qu'un bourg des Catanéens : il y reste un temple de la déesse Hybléa qui est très révérée par les Siciliens. Je pense que c'est de cette dernière que vient le Jupiter qu'on voit à Olympie; car Philistus, fils d'Archoménidus, dit qu'ils étaient très versés dams l'interprétation des songes et des prodiges, et que leur piété les faisait distinguer parmi les Barbares de la Sicile.

Près de l'offrande des Hyblaeens est un piédestal en bronze sur lequel est une statue de Jupiter ; elle a, autant qu'on peut le conjecturer, environ dix-huit pieds de haut ; l'inscription élégiaque qu'on y a gravée, nous apprend de qui elle est l'ouvrage et par qui elle a été dédiée. La voici. Les Clitoriens ont dédié cette statue à Jupiter pour la dîme du butin de plusieurs villes qu'ils ont vaincues. Elle est l'ouvrage d'Ariston et de Télestas, frères et Lacédémoniens. Ces deux sculpteurs n'ont guères été connus dans le reste de la Grèce, car les Éléens auraient quelque chose à en dire, et encore plus les Lacédémoniens, puisqu'ils étaient leurs concitoyens.