Poire Doyenné du Comice

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La poire Doyenné du Comice.

I.

Cette poire, que je n’hésite pas à nommer une des plus belles acquisitions de la pomologie, a été gagnée d’un semis de pépins mélangés, par le Comice horticole de Maine-et-Loire, en France, et date de 1849.

Le fruit est grand et beau ; peau jaune, tachée de brun roux et rosé du côté du soleil.

La queue est le plus souvent de longueur moyenne et insérée obliquement dans le fruit.

L’œil est placé très profondément et irrégulier.

La chair est blanche et très fine, sans pépins, très juteuse

et sucrée.

Doyenné du Comice.

Les rameaux sont de force moyenne et coudés ; les yeux sont rapprochés, pointus et souvent portés par des dards naissants.

La maturité a lieu en novembre et au commencement de décembre.

L’arbre se prête à toute taille ; il se laisse facilement former en pyramide et, comme il constitue de bonnes ramifications, on pourrait sans aucun doute fort bien le conduire en fuseau. Cette variété peut être greffée sur Cognassier et elle est très fertile. Je crois pouvoir recommander ce fruit pour le jardin du marchand aussi bien que pour celui de l’amateur, et je ne le trouverais nullement déplacé à côté des Seigneur Esperen, Beurré superfin, Passe Colmar, Joséphine de Malines, etc., que chacun regarde comme les meilleures poires.

J. De Poorter.

II.

Afin de faire mieux ressortir les mérites de cette belle et excellente poire, nous tenons à ajouter quelques mots à la description qu’on vient de lire.

Jusqu’ici cette variété a été peu cultivée en Belgique. C’est à peine si l’on en rencontre quelques pieds isolés dans les grandes pépinières, mais nulle part elle n’est propagée et appréciée comme elle le mérite. Elle a été adoptée par le Congrès pomologique de France, décrite, figurée et louée depuis par les diverses autorités pomologiques.

Nous la publions dans notre Bulletin, parce que nous avons été à même d’en reconnaître le mérite exceptionnel, sous le rapport de la qualité du fruit, pour les terrains sablonneux des environs de Gand, qui sont relativement défavorables au Poirier. C’est l’opinion qui a été unanimement exprimée dans une réunion de la Section gantoise du Cercle, à l’automne dernier, où ce fruit a été soumis à la dégustation. La propagation en a été vivement recommandée par des amateurs zélés, qui depuis plusieurs années possèdent cette variété dans leurs cultures, et notamment par M. De Poorter, l’auteur des lignes qui précèdent, et par MM. Jules Van Loo, Jules Legrand, etc. Ce dernier reçut, il y a une dizaine d’années, la Poire Doyenné du Comice, directement d’Angers, et, depuis qu’elle a fruitifié dans son jardin, il ne cesse de la prôner comme la meilleure des poires.

Le Doyenné du Comice a-t-il certains défauts qui affaiblissent ou annihilent en quelque sorte ses hautes qualités incontestables ? Nous ne résoudrons pas cette question, mais un pépiniériste intelligent et très compétent auquel nous demandions la cause de l’absence de cette variété dans ses cultures, nous a répondu franchement que l’arbre était de formation lente et difficile en pépinière. On a fait encore au Doyenné du Comice un autre reproche, et celui-ci concerne spécialement les amateurs et les producteurs ; c’est d’être peu fertile. M. de Mortillet le dit expressément dans sa dissertation au sujet de cette poire : « Je suis loin de méconnaître la beauté et la bonté des fruits de cette variété, dit-il, mais comme fertilité la production a toujours été chez moi tellement restreinte, que je ne saurais la conseiller qu’aux amateurs qui s’en tiennent uniquement à la qualité ; elle ne sera jamais profitable au point de vue marchand. »

Comme on l’a vu plus haut, M. De Poorter est d’un avis tout à fait opposé.

Complétons maintenant la description que celui-ci en a donnée.

Le fruit est assez gros, ventru, aussi large que haut, quelquefois irrégulier.

La peau est fine, jaune clair à la maturité, marbrée et pointillée de gris brun, lavée de carmin du côté du soleil.

L’œil est petit à divisions courtes, brunes, placé dans une cavité profonde et élargie.

La queue est grosse, courte, ligneuse ou charnue, insérée un peu sur le côté.

La chair est blanche, très fine, très fondante, très juteuse, très parfumée, très délicate, enfin, méritant, comme dit M. Jamin, tous les superlatifs.

La maturité commence dès le mois d’octobre.

L’arbre est assez vigoureux. Son caractère saillant est un feuillage clair et une direction perpendiculaire des branches.

Son produit est régulier ; il n’est pas sujet, comme on dit, à l’alternat, et fructifie à peu près tous les ans.

On peut le greffer sur Cognassier et sur franc. Ce dernier seul convient dans les sols légers et sablonneux ; mais dans les terres très fertiles, il faudra donner la préférence au Cognassier, quand on se propose d’en former des arbres soumis à la taille.

Éd. Pynaert.