Procès-verbal de l’inhumation de Louis Capet, le 21 janvier 1793

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Procès-verbal de l’inhumation de Louis Capet, le 21 janvier 1793
Texte établi par François BarrièreF. Didot frères (p. 27-28).


PROCÈS-VERBAL D’INHUMATION DE LOUIS XVI.

À S. Exc. monseigneur le marquis Dambray, chancelier de France.


Monseigneur,

J’ai l’honneur de transmettre à Votre Excellence le procès-verbal qui fut dressé lors de l’inhumation des restes précieux de S. M. Louis XVI. Je n’ai pu retrouver encore celui qui, sans doute, a été dressé lors de l’inhumation de la reine ; mais je vais continuer mes recherches, dans lesquelles j’ai porté toute la réserve et la discrétion que vous me recommandez. Je désire que cette pièce remplisse le but que Votre Excellence s’est proposé.

Je prie Votre Excellence d’agréer, etc., etc.

Signé Chabrol, préfet de la Seine.
18 mai 1814.


COPIE.
Procès-verbal de l’inhumation de Louis Capet.

Le 21 janvier 1793, l’an II de la république française, nous soussignés, administrateurs du département de Paris, chargés de pouvoirs par le conseil général du département, en vertu des arrêtés du conseil exécutif provisoire de la république française, nous sommes transportés à neuf heures du matin en la demeure du citoyen Ricaves, curé de Sainte-Madeleine ; lequel ayant trouvé chez lui, nous lui avons demandé s’il avait pourvu à l’exécution des mesures qui lui avaient été recommandées la veille par le conseil exécutif et par le département, pour l’inhumation de Louis Capet : il nous a répondu qu’il avait exécuté de point en point ce qui lui avait été ordonné par le conseil exécutif et par le département, et que tout était à l’instant préparé. De là, accompagnés des citoyens Renard et Damoreau tous deux vicaires de la paroisse de Sainte-Madeleine, chargés par le citoyen curé de procéder à l’inhumation de Louis Capet, nous nous sommes rendus au lieu du cimetière de ladite paroisse, situé rue d’Anjou Saint-Honoré, où étant, nous avons reconnu l’exécution des ordres par nous signifiés la veille au citoyen curé, en vertu de la commission que nous en avions reçue du conseil général du département.

Peu après, a été déposé dans ledit cimetière, en notre présence, par un détachement de gendarmerie à pied, le cadavre de Louis Capet, que nous avons reconnu entier dans tous ses membres, la tête étant séparée du tronc. Nous avons remarqué que les cheveux du derrière de la tête étaient coupés, et que le cadavre était sans cravate, sans habits, et sans souliers. Du reste, il était vêtu d’une chemise, d’une veste piquée en forme de gilet, d’une culotte de drap gris, et d’une paire de bas de soie gris. Ainsi vêtu, il a été placé dans une bière, laquelle a été descendue dans la fosse, qui a été recouverte à l’instant. Et le tout a été disposé et exécuté d’une manière conforme aux ordres donnés par le conseil exécutif provisoire de la république française ; et avons signé avec les citoyens Ricaves, Renard et Damoreau, curé et vicaires de Sainte-Madeleine.

Leblanc, administrateur du département ;
Dubois, administrateur du département ;
Damoreau, Ricaves, Renard.

Pour copie conforme à l’original transmis à S. Exc. monseigneur le marquis Dambray, chancelier de France,

Le préfet de la Seine,


Signé Chabrol.


Le 18 mai 1814.