Projets de trente fontaines pour l’embellissement de la ville de Paris/Planche II

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PLANCHE II.



FONTAINE DES CHAMPS-ÉLYSÉES.


Les Champs-Élysées étant un lieu de plaisir et de délassement, il m’a semblé qu’un certain nombre de fontaines jaillissantes, réparties dans cette promenade, ajouterait à son agrément, y répandrait la vie et la gaîté, et remédierait à l’espèce d’aridité qu’on lui reproche. Celle dont j’offre le projet, étant, destinée à faire point de vue, serait placée de manière à être aperçue de la principale avenue. Placée ainsi au milieu de créations des arts qui donnent aux approches du palais des Tuileries un aspect de grandeur et de magnificence que n’offre aucune autre capitale, cette fontaine devait participer de la richesse et de la majesté du tableau dont elle deviendrait partie intégrante. C’est cette pensée qui m’a fait lui donner une physionomie monumentale, susceptible de produire de l’effet de tel point qu’elle serait aperçue. Elle se compose d’un grand bassin circulaire entouré d’une balustrade à jour, coupée par quatre massifs sur lesquels sont des Chevaux marins lançant de l’eau par la bouche ; par huit piédestaux circulaires portant des Naïades épanchant l’eau de leurs urnes dans le grand récipient, et par quatre piédroits carrés, portant des Candélabres qui, alimentés le soir par le gaz, procureraient à cette fontaine une physionomie tout-à-fait originale. Sur un socle octogone repose une vasque principale, au milieu de laquelle sont groupés, autour de la colonne obligée pour la conduite de l’eau, quatre Génies enfants portant des attributs. Au-dessus de leur tête est une vasque plus petite qui reçoit l’eau du jet qui la traverse ; cette eau se répand ensuite en nappe, de vasque en vasque jusque dans le grand bassin, dont le trop plein s’échappe par des canaux souterrains pour aller purifier l’air des quartiers voisins, en aidant au lavage des rues et des égoûts.




FONTAINE DU MARCHÉ DU TEMPLE.


Ce projet de fontaine pour le centre d’un marché paraîtra peut-être un peu trop riche, un peu trop monumental aux personnes qui n’ont pas voyagé en Italie et dont l’idée est rétrécie par la vue de nos chétives fontaines publiques. Dans une ville comme Paris, où la civilisation du peuple est essentiellement en progrès, il est bien d’ennoblir ses sentiments par la recherche, le luxe des monuments à son usage. Celui-ci est carré par son plan ; une statue de Neptune le couronne. Elle est posée sur un piédestal dont les quatre faces sont décorées de têtes de Lions, jetant de l’eau dans un bassin supérieur. Cette eau est ensuite déversée dans un autre bassin par vingt-huit têtes de monstres marins rangées autour d’une espèce de stylobate placé au milieu d’un second bassin qui la répand ensuite en nappe dans une grande cuve où le public arrive pour puiser par trois marches en pierre. Pour compléter l’effet pyramidal de la composition, des coupes, alimentées par des jets-d’eau, sont placées aux quatre coins du stylobate.




FONTAINE DE LA RUE DE RICHELIEU,
AU COIN DE CELLE TRAVERSIÈRE.


La fontaine construite sous Louis XIV (en 1671), au débouché de la rue Traversière dans la rue de Richelieu, devant être démolie pour l’alignement, et son importance, comme monument, n’étant plus en rapport avec le quartier opulent où elle est placée, je propose de la remplacer par un petit Château-d’Eau qui servirait à la fois de réservoir et de fontaine publique. Une Vénus marine placée dans une niche circulaire, deux Nymphes épanchant comme elle leur eau dans une vasque soutenue par un Triton agenouillé sur une conque marine, d’où l’eau tomberait en nappe dans un bassin carré, seraient les principaux ornements de ce petit monument architectural, auquel je me suis appliqué adonner le caractère de sa destination.