Réflexions et Maximes (Vauvenargues)

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Œuvres de Vauvenargues, Texte établi par D.-L. Gilbert, Furne et Cie, éditeurs (p. 373-374).


RÉFLEXIONS
ET MAXIMES[1]

AVERTISSEMENT[2].

Comme il y a des gens qui ne lisent que pour trouver des erreurs dans un écrivain, j’avertis ceux qui liront ces Réflexions que, s’il y en a quelqu’une qui présente un sens peu favorable à la piété, l’Auteur désavoue ce mauvais sens, et souscrit le premier à la critique qu’on en pourra faire ; il espère cependant que les personnes désintéressées n’auront aucune peine à bien interpréter ses sentiments. Ainsi lorsqu’il dit : La pensée de la mort nous trompe, parce qu’elle nous fait oublier de vivre, il se flatte qu’on verra bien que c’est de la pensée de la mort, sans la vue de la Religion qu’il veut parler. Et encore ailleurs, lorsqu’il dit : La conscience des mourants calomnie leur vie, il est fort éloigné de prétendre qu’elle ne les accuse pas souvent avec justice ; mais il n’y a personne qui ne sache que toutes les propositions générales ont leurs exceptions. Si on n’a pas pris soin ici de les marquer, c’est parce que le genre d’écrire que l’on a choisi, ne le permet pas. Il suffira de confronter l’auteur avec lui-même pour connaître de la pureté de ses principes.

[3] J’avertis encore les lecteurs que toutes ces pensées ne se suivent pas, mais qu’il y en a plusieurs qui se suivent, et qui pourraient paraître obscures, ou hors d’œuvre, si on les séparait. On n’a point conservé dans cette édition l’ordre qu’on leur avait donné dans la première ; on en a retranché plus de deux-cents maximes ; on en a étendu quelques-unes, et on en a ajouté un petit nombre.


  1. C’est le titre de la 2e édition ; celui de la 1re était : Paradoxes, mêlés de Réflexions et de Maximes. — G.
  2. Dans la 1re édition, cet Avertissement était précédé d’un Avis du libraire, ainsi conçu : « L’ouvrage qu’on vient de lire (l’Introduction à la Connaissance de l’Esprit humain, et les Réflexions critiques sur quelques poètes), n’ayant pas paru assez long, on y a joint les Paradoxes, mêlés de Réflexions et de Maximes, qu’on n’avait pas destinés à voir le jour. » Voltaire remarqua que l’avis était trop naïf, et le fit supprimer. — G.
  3. Au lieu de ce paragraphe, les diverses éditions donnent un morceau, dont une partie se retrouve, il est vrai, dans l’Avertissement de la 1re édition, mais qui est supprimé sur l’exemplaire d’Aix, et, en effet, a disparu de la seconde. Vauvenargues l’a repris et développé dans la Préface aux Caractères ; c’est le dernier morceau que nous donnons, sous le titre d’addition, à la fin de cette Préface, page 288. — G.