Rôle des présentations faites aux Grands Jours de l’Éloquence française

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Role des presentations faictes au Grand Jour de l’Eloquence françoise.
attribué à Charles Sorel

1634



Role des presentations faictes au Grand Jour de l’eloquence françoise. Première assize le 13 mars 16341. In-8.

S’est presenté le procureur des Pères de l’Oratoire, requerant que tous les mots de spiritualité quy sont dans les livres du feu cardinal de Berulle2 soient tenuz pour bons françois. — Respondu : Soit communiqué au sieur Arsent3 et au Père Binet4.

S’est presentée la dame vicomtesse d’Auchy5, requerant que toute l’Ecriture saincte soit traduicte en termes aussy doux que ceux qu’elle a employé en son livre, et que desormais ceux qui la traicteront par parolle ou par escript ayent à s’abstenir de plusieurs mots terminez en ment, comme categoriquement, substanciellement, et cætera. — R. Soit communiqué au syndic de la Faculté de theologie de Paris.

S’est presenté le sieur Montmor, le Grec6, requerant pour monsieur le P. de N.7 qu’il plaise à la compagnie de declarer que le françois du dict sieur P. de N. est de bon debit. — R. Soit communiqué à l’imprimeur Estienne.

S’est presentée la dame marquise de M.8, requerant que, pour eviter les occasions de mal penser que donnent souvent les parolles embiguës, le mot de conception ne soit tenu pour françois qu’une fois l’an, et ce seullement à cause de l’epithète immaculée, et que, pour le surplus de l’année, à yceluy mot de conception soit subrogé celuy de penser. — Monsieur le president à demandé à ladicte dame en quel nom elle procedoit, et elle a repondu qu’elle requeroit seullement de son chef ce qu’elle croyoit importer à la pureté de la langue françoise. — R. La requerante fera apparoir de procuration de toutes les parties ayans interests à sa requeste, et ce dans huictaine pour tout delay, à peine d’estre deboutée.

S’est presenté Richard de Sainct-Felix, sieur de la Serre, fondé en procuration de tous les couchez sur l’estat de volerie, requerant que le vol ne fust pas cassé. — R. Remis au bon plaisir de Sa Majesté.

S’est presenté un capitaine licencié apportant sa lettre de licenciement, quy commence par : Nostre amé et feal, desquels mots il demande l’interpretation. — R. Renvoyé au conseil des despesches.

S’est presenté H. de Fierbras, cadet gascon, se faisant fort sur tous ceux de son pays, requerant qu’on n’ostast point le poinct à leur honneur, ny l’eclaircissement à leur espée. — R. Pour ce quy est du poinct, soit communiqué aux professeurs de mathematiques ; pour l’eclaircissement, renvoyé aux fourbisseurs.

S’est presenté Jean le Preux, dict la Coque, sergent de la maistre de camp de Menillet, requerant que reiglement soit faict entre les soldats et les couriers pour le mot de poste. — R. Le sieur de Nouveau sera prié d’en conferer avec messieurs les marechaux de France.

S’est presenté noble Anthoine Partout, sieur de Passevolant9, chevau-leger de Montestruc, menant par dessous les bras la demoiselle Niepce de la Guimbarde en simple coiffeure de nuict, eux requerant conjointement que, pour eviter à grands inconveniens, il plaise à la compagnie declarer que cornette est diminutif de cor ou de corps, et non de corne. — R. La compagnie, ayant esgard à l’interest que peuvent pretendre à ce mot messieurs les officiers de justice, a presentement deputé le sieur B. pour prier le sieur Gillot, conseiller en la cinquiesme des enquestes, d’en conferer à messieurs de sa chambre, et, en cas qu’ils se trouvassent partys et que, selon la coustume, l’affaire tombast à la première des enquestes, suffira que ledict sieur B. la recommande au sieur de *** conseiller, distribué en ycelle ; que si, par proposition d’erreur contre l’arrest quy pourroit estre donné en ladicte première des enquestes, l’affaire doit estre terminée au conseil, ledict sieur B. solicitera à ce que le sieur *** soit donné pour rapporteur.

S’est presenté le sieur Rouillard, syndic des advocats, requerant qu’il soit declaré que, sans desroger à la pureté de la langue, les advocats auront droict de continuer à se servir de tous les mots de pratique, surtout de salvation, forclusion et autres en ion, même d’intimation avec son O, quy est ny en grec, ny micron, mais notoirement bon françois, puis qu’il donne à vivre à tant d’officiers du roy en cour souveraine, declarant excepter de sa requeste les mots de haro et de chartre, qu’il recognoist n’estre que de pratique normande. — R. La compagnie, sans avoir esgard à la requeste verbale dudict Rouillard, a ordonné que le jargon des advocats ne peut estre receu françois que sus lettres royales quy ne soyent ni obreptices ny subreptices.

S’est presenté le syndic des secretaires de Sainct-Innocent10, requerant qu’il soit dit que le mot de secretaire ne peut signifier en bon françois le clerc d’un conseiller. — Respondu : Seront sur ce faites remontrances au roy de la Bazoche.

Se sont presentées plusieurs dames expressement revenues du cours pour requerir qu’elles peussent s’approprier le mot de ravissant11 et l’appliquer à tout. — R. Accordé, reservée l’opposition des tresoriers.

S’est presentée une mercière du Palais, requerant qu’il fust declaré que c’est parler bon françois de dire qu’une dame porte un galand12. — R. Accordé.

Se sont presentés… curateurs de la poesie du feu sieur de Malherbe, requerant qu’il soit declaré que les mots de face, canton et ligue, ne sont pas françois. — R. Pour le mot de face, sera escrit à monsieur de Marcheville pour le supplier d’en conferer avec le premier vizir, pour tascher de savoir si le grand Turc se le veut approprier privativement ; pour les mots de canton et ligue, semblable despesche sera faicte à messieurs les ambassadeurs vers les Suisses et Grisons.

S’est presenté l’intendant des planettes, requerant que errer et tout ce qui en derive soit declaré n’estre pas injure en françois. — R. Accordé, en consideration du favory de la lune.

S’est presenté un novice en poesie, requerant, de peur de se mesprendre en chose d’importance, qu’il plaise à la compagnie desclarer quel genre sont les mots navire et affaire13. — R. La compagnie surseoit à opiner sur sa requeste jusques à l’arrivée du sieur Racan14.

S’est presentée la demoiselle de Gournay, requerant qu’on ne retranchast pas du bon françois les mots qu’elle a succé avec le laict, qu’elle pourroit soustenir signifier tout ce qu’ils veulent dire, declarant toutefois la dicte demoiselle que, pour eviter à procez quy finiroit à peine avant sa vie, elle ne demande en ceste premiere assize que le restablissement par provision de ains, jadis et pieça, bons et vieux gaulois, comme sçavent tous ceux quy ont leu les livres modernes15. — R. Pour jadis et pieça, fins de non-recevoir ; pour ains, soit communiqué au sieur abbé de Croisilles16.

S’est presenté le procureur des Petites Maisons, requerant que le langage de l’Erty17 ne fust pas supprimé. — R. Soit communiqué au sieur de Vaux18.

S’est presenté Bocan19, bon violon, requerant que bail à ferme n’aye point de pluriel, si bal pour dancer n’en a aussy, le tout pour eviter à noyse, quy arrive souventefois faute de s’entendre, luy requerant, quy n’a pas si bien en main le pied que la langue, ayant couru, il y a un peu plus de deux sepmaines, il ne sait quel hazard, pour avoir dict, selon qu’il luy vint à la bouche et sans premeditation, qu’un caresme prenant luy faisoit bien faire ses affaires, parce qu’il ne se faisoit point de baulx où, malgré les envieux, il ne fust appelé et prié d’y prendre telle part que bon luy sembleroit ; un partyzan, quy par malheur estoit de la compagnie, et pour lors avoit baulx à ferme en teste, s’imagina à tort qu’yceluy requerant couroit sur ses marchez, et, preoccupé de passion nullement amoureuse, luy dressa une querelle où tout au moins la poche20 dudict Bocan eust cassée esté, si par amis communs n’eust esté remonstré au partyzan que les baulx dont avoit parlé Bocan n’estoient que pour dancer, et non pas à ferme, ledict mot de baulx pouvant signifier les uns et les autres en pluriel, ce qu’ils le prioient de croire tout au moins par interim, jusqu’à la tenue des Grands Jours de l’eloquence françoise, à la première assise desquelz se chargeoit ledict Bocan d’obtenir pour ledict mot de baulx reiglement entre les partyzans et les baladins ; accommodement quy fut enfin accepté respectivement, pour auquel satisfaire de sa part, conclut ledict requerant ainsy que dessus. — R. À cause de l’importance de ce quy est requis, est deputé le sieur de Bois-Robert pour en conferer avec le sieur de B.

S’est presentée Guillemine, la revenue recommandaresse de nourrices, exposant que, quand elle presente quelqu’une de sa cognoissance pour estre nourrice en bonne maison, la première demande qu’on fait à ladicte exposante est si la nourrice qu’elle recommande sçait bien parler françois, ce qu’elle ne peut ny ne doit garantir, mais seulement, ce quy est de son etat, que la nourrice a bon laict, est et sera tousjours, si Dieu plaist, de bonne vie, et mourra sans reproche : de quoi ne se contentent pas les monsieux, disant qu’il faut à leur enfant une nourrice quy parle françois, et encore immatriculée au secretariat des Grands Jours de l’eloquence françoise, quy sont qu’elle n’entend point ; mais elle supplie qu’on ne luy oste pas sa chalandize. — R. Sans approuver le mot de recommandaresse que l’exposante prend pour qualité, à ce que soit promptement pourveu au cas par elle exposé selon son exigence, dans huictaine la compagnie donnera cognoissance des commissaires pour approuver les nourrices capables d’apprendre à parler aux petits enfans.

S’est presentée Perrette Lemaigre, doyenne des harengères de la halle, suppliant pour la My-Caresme. — R. Renvoyé après Pasques.

S’est presenté Gilles Feneant, sieur de Tourniquet, l’un des ordinaires de la maison du roy de Bronze, fondé en procuration du Filou et de Lanturelu, requerant qu’il plaise à la compagnie declarer que vrayement, C’est mon, Voilà bien de quoy, et toutes chansons de ceste sorte composées par quelques autheurs que ce soit, ne contiennent que bon françois. — R. Soit communiqué à Jean de Nivelle.

S’est presenté le sieur Renaudot, suppliant qu’on le desdommageast de la perte qu’il estoit contrainct de souffrir par l’establissement des Grands Jours de l’eloquence, evidente en ce que les Allemands et autres nations n’auront plus recours à son bureau21 pour avoir adresses aux maistres de la langue françoise. Item a requis le sieurdict Renaudot qu’affin que la fille n’estouffast pas sa mère, le lundy soit jour de vacation pour Messieurs, comme samedy pour les predicateurs. — R. Communicquera ledict Renaudot ses griefs pretendus au procureur de la compagnie.

S’est presenté le sieur B., fondé en raisonnement, requerant que, sans interloquer ny deputer commissaire, soit declaré par la compagnie que le mot car22 est bon et naturellement françois, et tout au moins très utile à la langue. Sur ceste requisition, a remonstré le sieur de Gomberville que, sauf meilleur advis, le sien estoit qu’il fust traicté de de, de du, de a, de au ; articles il, le, luy, ils, les, leur, son et autres pronoms, le tout par preferance audict car, quy tout au plus, ce luy semble, ne pouvoit pretendre que conjonction. Monsieur le president a demandé au procureur de la langue ce qu’il concluoit, tant sur la requysition cy-dessus que sur la remonstration dudict sieur de Gomberville, lequel procureur a dit que pour le deu de sa charge il concluoit aux fins de la remonstrance dudict sieur de Gomberville, sans que toutesfois sa conclusion ne portast aucun prejugé au fond de l’affaire de car, mais seulement à ce que fust conservé son rang et ordre à chaque partie de la grammaire : à quoy la compagnie doit avoir principal esgard. — R. La compagnie a ordonné que sera procedé suivant les conclusions du procureur de la langue.

Finalement, a requis ledict procureur que naturalité fust naturalisée par la compagnie, parce qu’il en falloit des lettres à intriguer, agir, negotier, ministre, genie, parque, et à quantité d’autres necessaires, ce luy sembloit, à l’entretien des Grands Jours. R. La compagnie a naturalisé ladicte naturalité et ordonné au secretaire de la langue d’en expedier des lettres aux desnomés en la requysition cy-dessus.

Comme l’assize estoit preste à se lever, s’est presenté tumultuairement le sieur de l’Usage, declarant par le notaire le Peuple qu’il se portoit pour appelant devant quy il appartiendroit de tout ce quy seroit ordonné par Messieurs tenant les Grands Jours de l’eloquence françoise, si au prealable ne luy estoit communicqué en Cour, où il elisoit domicile.

La compagnie a dit que ne pouvoit pour le present estre opiné sur ceste affaire, parce que l’heure d’aller chercher à vivre venoit de sonner, après laquelle est arresté aucune affaire ne pouvoir estre traictée ny proposée, echeant besoin notoire à la plus grande partie de Messieurs de sortir precisement à icelle.



1. Cette date, pour une pièce qui a trait sans doute aux séances de l’Académie françoise, est fort intéressante à remarquer, en ce qu’elle devance de près d’une année celle des lettres royales qui constituèrent ce corps illustre. Ces lettres-patentes sont du 5 janvier 1635 ; or il seroit évident, d’après notre curieux livret, que dès les premiers mois de l’année précédente la docte assemblée tenoit ses assises, non plus à huis clos, comme elle avoit fait d’abord dans le petit logis de Conrart, rue Saint-Denis, mais ouvertement et à la connoissance de tous. Il ne faudroit donc plus dater de 1635, mais bien de 1634, l’existence réelle de l’Académie françoise.

2. Le saint homme n’échappoit du reste au bon langage que par ses néologismes de spiritualité ; il faut même se hâter de dire qu’il étoit l’un des plus fervents admirateurs des bons écrivains de son époque, fussent-ils assez peu chrétiens, comme Balzac, par exemple, qu’il admiroit par dessus tout. Vigneul-Marville, Mélanges d’histoire et de littérature, Paris 1699, in-12, pag. 90.

3. Il faut lire Hersent, car il doit s’agir ici du docteur de Sorbonne Charles Hersent, l’un des plus forts casuistes de cette époque. Il avoit été prêtre de l’Oratoire, dans les premiers temps de son établissement par M. de Berulle. En remettant à son examen les livres du cardinal, on les soumettoit donc à un bon juge.

4. Étienne Binet, jésuite, mort en 1639, après avoir été recteur en différentes maisons de son ordre, et avoir publié grand nombre d’ouvrages de piété. Dans le plus excellent de tous, omis pourtant par la Biographie universelle : Quel est le meilleur gouvernement, le rigoureux ou le doux, Paris, 1636, in-8, se trouve, au chapitre IV, cette phrase sur la famille de Dieu, que Bossuet appliqua plus tard si éloquemment à la congrégation de l’Oratoire : « Jamais il ne fut une telle famille, où tout le monde obéit sans que personne y commande. » V. édit. de 1776, pag. 90.

5. Charlotte des Ursins, vicomtesse d’Auchy, tenoit chez elle une sorte d’académie de théologie, que l’archevêque de Paris dut interdire. (Tallemant, in-12., t. II, p. 6–7.) Elle publia un livre qu’elle n’avoit point fait elle-même, sous ce titre : Homélies sur l’épître de S. Paul aux Hébreux, par Charlotte des Ursins, vicomtesse d’Ochy. Paris, Charles Rouillard, 1634, in-4.

6. P. de Montmaur, le fameux parasite tant moqué par Ménage, dont Sallengre a donné l’Histoire satirique, 2 vol. in-8, 1715. On l’appeloit Montmaur le Grec depuis qu’il avoit succédé au P. Goulu dans la chaire de professeur royal en langue grecque.

7. Peut-être faut-il substituer l’initiale M à celle-ci, car je pense qu’on veut parler ici du président de Mesmes, chez qui Montmaur avoit plein accès, et qu’en bon parasite il flattoit, même dans son mauvais langage.

8. Nous ne savons quelle est cette prude marquise.

9. Ce mot de passe-volant sent bien son soldat de contrebande. C’est en effet le nom qu’on donnoit aux hommes que, les jours de revue, les capitaines incorporoient dans leurs compagnies pour en combler les vides. Une ordonnance de 1668 comdamna les passe-volants à être marqués à la joue d’une fleur de lis.

10. Ce sont les écrivains publics, qui, on le sait, se tenoient en grand nombre sous les charniers de Saint-Innocent.

11. Mot redevenu fort à la mode, et que les poètes et les femmes employoient alors à tout propos. Voiture s’en servoit plus que personne. V. le Dictionnaire de Richelet, 1re édit., à ce mot.

12. C’étoit un nœud de ruban que les femmes portoient alors sur la poitrine. Le mot, sur lequel on jouoit souvent, comme ici, étoit venu d’Italie avec la mode de cet ornement coquet. En cette année 1634, elle étoit en pleine faveur et faisoit la fortune des mercières du Palais. Corneille, dans une de ses premières pièces, jouée justement à cette époque, met en scène, devant une de leurs boutiques, une suivante à qui un valet parle ainsi :

Si tu fais ce coup-là, que ton pouvoir est grand !
Viens, je te veux donner tout à l’heure un galant.
————(La Galerie du Palais (1634), act. 4, scène 15.)

Le beau galand de neige que Gros-René rend à Marinette dans le Dépit amoureux (acte IV, sc. 4) se trouve ainsi expliqué.

13. Le genre du mot navire n’étoit pas en effet encore bien décidé. Pour la plupart, esclaves de l’étymologie latine, c’étoit encore un mot féminin, suivant l’usage observé jusqu’au XVIe siècle ; d’autres lui donnoient déjà le genre qui lui est resté, et que Du Bellay avoit été le premier à lui attribuer en son Illustration de la langue françoise, au risque des critiques, qui ne lui furent pas épargnées, surtout par Charles Fontaine (Quintil Censeur, 1576, in-12, pag. 206). En 1666, le débat n’étoit pas encore vidé. « Ce mot, écrit Ménage, est encore présentement masculin et féminin, surtout en vers. » Observations sur les poésies de Malherbe, 1666, in-8, pag. 268. — Quant au mot affaire, il est vrai qu’on pouvoit aussi discuter encore sur le genre à lui attribuer. On l’employoit souvent au masculin. Nous renverrons, san chercher d’autre exemple, à une phrase de la pièce françoise concernant Antoine Perez, que nous donnons dans ce volume à la suite de celle-ci.

14. On veut qu’il intervienne en ces questions, non seulement pour ses œuvres, où le mot navire se trouve toujours au féminin, mais comme étant l’un de ces curateurs des poésies de Malherbe dont il est parlé plus haut.

15. Dans sa Requeste des Dictionnaires à Messieurs de l’Académie, Ménage met en scène Mlle de Gournay pour la même cause :

. . . . . . . . . Depuis trente années
On a par diverses menées
Banny des romans, des poullets,
Des lettres douces, des billets,
Des madrigaux, des élégies,
Des sonnets et des comédies,
Ces nobles mots : moult, ains, jaçois
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pieça, servant, illec, ainçois
Comme estant de mauvais françois,
Et ce sans respect de l’usage.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Et bien que telle outrecuidance
Fit préjudice aux suppliants,
Vos bons et fidèles clients,
Et que de Gournay la pucelle,
Cette sçavante damoiselle,
En faveur de l’antiquité
Eust nostre corps sollicité
De faire des plaintes publicques
Au decry de ces mots anticques.

16. J.-B. Croisille, abbé de la Couture, mort en 1651. Tallemant a écrit son historiette (édit. P. Paris, t. III, p. 27–36). On a de lui : Héroïdes ou épistres amoureuses à l’imitation des épistres d’Ovide, 1619, in-8º.

17. Fou célèbre, que Sarrazin donne pour père à Dulot dans son poème de Dulot vaincu, ou la Défaite des bouts rimés, et auquel G. Colletet consacra l’une de ses épigrammes, avec ce titre : Pour l’Herty, fou sérieux des Petites-Maisons. (Épigrammes de Colletet, Paris, 1653, in-12, pag. 213.)

18. C’est le pseudonyme pris par le comte de Cramail pour son livre grotesque les Jeux de l’inconnu, Rouen, 1630, in-8. Un petit livret, l’Herti ou l’universel, s. l., attribué au même auteur, parut aussi en 1630. V. Rev. franç., 20 mai 1855, p. 483, notre article sur le comte de Cramail.

19. Jacques Cordier, dit Bocan, du nom d’une terre que M. de Montpensier lui avoit donnée, étoit bon violon, comme il est dit ici, et fameux maître à danser. Tout ce qu’on lit sur lui dans les biographies est pris à la Description de Paris, par Piganiol, tom. II, pag. 215–216. Une danse qu’il avoit composée, et qui à cause de lui s’appeloit la bocane, se dansoit encore au commencement du XVIIIe siècle. (V. Compan, Dict. de danse.) C’est lui qui joua sur son violon l’air de la sarabande que le cardinal de Richelieu dansa pour plaire à Anne d’Autriche. Brienne, qui raconte le fait, l’appelle par erreur Boccau pour Bocan. (Mémoires, tom. I, pag. 276.)

20. « Manière de violon, qui est un instrument de musique que les maîtres à danser portent en ville dans leur poche lorsqu’ils vont montrer a leurs escoliers, et qui n’a esté appelé poche que parcequ’on le met dans la poche. » Dictionnaire de Richelet, 1re édit.

21. C’est le bureau d’adresse auquel nous avons déjà consacré une note dans le Roman bourgeois, édit. P. Jannet, pag. 106. Comme c’étoit un centre de compagnie, on l’avoit d’abord appelé bureau de rencontre. En 1631, on avoit eu la singulière idée de le mettre en ballet. Il y est appelé, en assez mauvais vers :

Un rendez-vous en titre de bureau,
Pour ceux qui ne savent que faire,
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pour nos trois sols nous y pourrons entrer
Et trouver quelque chose ou blanque.

23. V., sur la grande querelle académique que souleva ce mot, accepté par les uns, repoussé par les autres, et par Gomberville surtout, notre article du Constitutionnel, 30 janvier 1852, Histoire du trente-sixième fauteuil de l’Académie françoise.