Recueil des lettres missives de Henri IV/1562/Avant la mi-juillet ― Au roy mon pere

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RECUEIL

DES

LETTRES MISSIVES DE HENRI IV.




PREMIÈRE PÉRIODE.

AVANT L’AVÉNEMENT AU TRÔNE DE FRANCE.


1562 – 1571.

CORRESPONDANCE DU PRINCE DE NAVARRE.


ANNÉE 1562.
[1562. — AVANT LA MI-JUILLET.]

Original autographe. — Bibliothèque royale, fonds Du Puy, manuscrit 407, folio 1 recto.

Copie. — Même bibliothèque, supplément français, manuscrit 1009-3.

Imprimé. — A. SERIEYS, Lettres inédites d’Henri IV et de plusieurs personnages célèbres, p. 1. Paris, an X, in 8o

AU ROY MON PERE[1].

Mon pere, Quand j’ai seu que Fallesche[2] vous alloit trouver, incontinent je me suis mis à escrire la presente, et vous mander la bonne santé de ma mere[3], de ma sœur et la mienne. Je prie Dieu que la vostre soit encore meilleure.

Vostre tres humble et tres obeissant filz,
HENRY.

  1. Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, etc. premier prince du sang et premier pair de France, fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et de Françoise d’Alençon, duchesse de Beaumont, était né le 22 avril 1518, au château de La Fère, en Picardie. Il épousa, le 20 octobre 1542, Jeanne d’Albret, princesse de Navarre fille de Henri d’Albret, roi de Navarre, et de Marguerite d’Angoulême, sœur de François Ier. Jeanne d’Albret était née le 7 janvier 1528. Les deux premiers enfants issus de ce mariage moururent en bas âge. Le 13 décembre 1553 naquit à Pau Henri, comte de Viane, qui fut Henri IV, et le 7 février 1558, à Paris, Catherine de Bourbon, princesse de Navarre. Entre la naissance de ses deux derniers enfants, Jeanne d’Albret était arrivée au trône de Navarre, par la mort de son père, en 1555. Le roi Antoine, après la mort de François II, en 1560, ayant été nommé lieutenant général du royaume de France, pendant la régence de Catherine de Médicis, ne tarda pas à faire venir auprès de lui, en 1561, sa femme et ses enfants. Il ne s’éloigna de la cour, pendant les deux dernières années de sa vie, que pour les campagnes qu’il fit dans l’Orléanais et la Normandie. Il mourut aux Andelys, le 17 novembre 1562, des suites de la blessure qu’il avait reçue, le 15 octobre, à la prise de Rouen. L’été précédent Jeanne d’Albret et sa fille étaient retournées en Béarn. Le jeune comte de Viane était resté à Paris, où il faisait ses études au collège de Navarre.
  2. C’est très-probablement le même que les comptes originaux manuscrits de la dépense du jeune roi de Navarre, conservés aux archives de Pau, mentionnent, l’an 1676, en qualité de premier maître d’hôtel, et dont le fils figure, en 1578, parmi les pages du même prince. Nous retrouvons deux personnes du même nom dans l’état de la maison du roi de Navarre, en 1585, publié d’après les archives de MM. de Mornay, dans la nouvelle édition des Mémoires et Correspondance de du Plessis-Mornay, t. III, p.237 et 243 (Paris, Treuttel et Würtz, 1824, in-8o), l’un : M. Viala Falaische, comme gentilhomme de la chambre, et l’autre, M. de Saint-Germain Falaische, comme gentilhomme servant.
  3. La réunion de la mère et des deux enfants, que constate cette lettre, prouve qu’elle fut écrite de Paris, avant le départ de Jeanne d’Albret pour ses états. Ainsi, la date n’en peut être placée que dans la première partie de cette année ou dans l’année précédente. Le prince était alors dans sa huitième ou dans sa neuvième année. Son écriture est très-bien formée, déjà du même caractère qu’elle a conservé, mais avec une orthographe plus régulière.