Rondel « Je hez ma dame que tant aymer souloye »

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Œuvres complètes de François Villon, Texte établi par éd. préparée par La Monnoye, mise à jour, avec notes et glossaire par M. Pierre JannetA. Lemerre éd. (p. 137-138).
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IX. RONDEL.

Las ! je me plains d’amours et de ma dame,
Et de mes yeulx dont j’ay veu sa beaulté ;
Et oultre plus, je me plains d’une femme
Qui contre moy a le conseil donné

Dont j’ay dejà tant de mal enduré
Qu’il me fauldra, par deffaulte de joye,
Aller criant, comme tout forcené :
Je hez ma dame que tant aymer souloye.

Car se pitié son très doulx cueur n’entame
A me donner ce que j’ay desiré,
J’iray mourir, ainsi qu’ung homme infame,
Tout hors de sens et si desespéré
Qu’après ma mort il en sera parlé
Plus loin dix fois que d’icy en Savoye,
Et lors diray pour plus estre blasmé :
Je hez ma dame que tant aymer souloye.

Se je le dy, je jure sur mon ame
Que ce sera contre ma voulenté.
Je prye à Dieu qu’il n’y puist avoir ame
A celle fin qu’il ne soit raporté.
Car jasoit ce qu’elle m’ait courroucé
Tant qu’on peut plus, cent mille fois mourroye
Avant que j’eusse ne dit ne proferé :
Je hez ma dame que tant aymer souloye.

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