Salaires, prix, profits/0

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Traduction par Charles Longuet.
V. Giard et E. Brière (p. 5-6).
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SALAIRES
PRIX, PROFITS[1]


Citoyens,

Avant d’aborder mon sujet, permettez-moi de vous présenter quelques observations préliminaires.

Il règne en ce moment parmi les nations continentales une véritable épidémie de grèves, et l’on y réclame à grands cris une augmentation des salaires. La question sera soulevée à notre prochain Congrès. Les membres du Conseil général de l’Association internationale doivent avoir une opinion faite sur cette question primordiale. Aussi me suis-je fait un devoir, pour ma part, de traiter à fond le sujet, même au risque de mettre votre patience à l’épreuve.

Je dois faire une autre remarque préliminaire, qui concerne le citoyen Weston. Il a non seulement exposé devant vous, mais soutenu en public, dans ce qu’il croit être l’intérêt de la classe ouvrière, des opinions qui sont, il le sait bien, les plus antipathiques à la classe ouvrière elle-même. C’était faire montre d’un courage moral que nous devons tous hautement honorer. J’espère que, malgré le style sans fard de mon travail, ma conclusion le convaincra que j’admets ce qui me paraît être l’idée juste cachée au fond de sa thèse, que toutefois, dans sa forme présente, je dois considérer comme fausse en théorie et dangereuse en pratique.

Ceci dit, j’aborde ma tâche.

  1. Ce travail a été écrit en anglais et lu devant le Conseil général de l’Association internationale des travailleurs le 20 juin 1865, quelque temps avant son premier Congrès, tenu à Genève au mois de septembre 1866. Le premier volume du Capital ne parut en allemand qu’au mois de juillet 1867. La réplique de Marx à la thèse soutenue par son collègue anglais Weston, membre et trésorier du même Conseil général de l’Internationale, constitue donc, en quelque sorte, un abrégé du Capital « avant la lettre ». D’autre part, on verra qu’elle traite aussi certains points à peine indiqués dans le premier volume et qui n’ont été approfondis que dans les livres suivants. (Ch. L.)