Sonnets (Fuster)/Le Feu
Librairie Nouvelle ; Librairie Universelle (Anthologie Contemporaine. vol. 38) (p. 1).
CHARLES FUSTER
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SONNETS
LE FEU
orsque le forgeron forge le fer en feu
Et frappe à larges coups sur l’enclume meurtrie,
Le métal torturé râle, rugit et crie
Dans la rouge fumée où passe un éclair bleu.
Ce n’était qu’une barre informe, ou qu’un essieu ;
Mais, quand repose enfin l’enclume endolorie,
C’est une épée, ardente à venger la patrie
Ou prête à se lever au bras puissant d’un dieu.
Tel, au brasier brûlant que ton génie allume,
Va, tourmente ton cœur ainsi que cette enclume
Et torture ton œuvre ainsi que ce métal !
Pas de pitié ! Le fer aime qui le martèle !
Meurtris, brise ton cœur, ô forgeron brutal,
Et de ton cœur mourant naîtra l’œuvre immortelle !