Théorie du crédit

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Théorie du crédit
Revue d’économie politiquetome 12 (p. 128-143).

I

NATURE DU CRÉDIT

1. Le crédit est la location du capital. Et qu’est-ce que le capital ? En toute rigueur, c’est la partie de la richesse sociale qui se loue sous forme de monnaie[1]. Le mot de capital (comme celui de revenu) a ainsi, en économique, deux sens différents qui se distinguent aisément avec un peu d’habitude. Quand on dit : un capital, des capitaux, les capitaux (fonciers, personnels, mobiliers), il s’agit des choses valables et échangeables qui servent plus d’une fois ; quand on dit : du capital, le capital (fixe, circulant), il s’agit des choses qui ont été empruntées et seront restituées non en nature, mais en monnaie.

Les capitaux personnels et les capitaux fonciers se louent toujours en nature ; ils ne sont donc, les uns et les autres, jamais du capital, et leur location ne constitue pas une opération de crédit. Le travailleur et le propriétaire foncier, louant ainsi l’un ses facultés personnelles et l’autre sa terre en nature, sont toujours assurés sinon de toucher exactement l’un son salaire et l’autre son fermage (ils peuvent au surplus prendre diverses précautions pour cela), du moins de retrouver, à l’expiration du bail, quelle qu’en soit la durée, l’un son capital personnel et l’autre son capital foncier. Les propriétaires de beaucoup de maisons et bâtiments et de quelques meubles, vêtements, machines et outils sont dans le même cas ; et la location de ces capitaux mobiliers n’est pas non plus une opération de crédit. Mais tous les autres capitalistes sont dans une situation bien plus périlleuse. Ils louent leurs capitaux proprement dits non en nature, mais en monnaie, et ne sont jamais sûrs non seulement de toucher exactement leurs intérêts (ce pourquoi ils peuvent aussi prendre certaines mesures), mais même de retrouver, à expiration du bail, une somme de monnaie égale à celle qu’ils ont prêtée. C’est pour cela qu’il faut qu’ils aient confiance et qu’on dit qu’ils font crédit (de credere).

2. D’où vient cette différence ? De ce que la plupart des capitaux mobiliers employés dans l’industrie agricole, manufacturière ou commerciale sont d’une nature éminemment spéciale et telle que, propres à servir dans une certaine industrie et dans une certaine entreprise, ils ne le seraient pas à servir ni dans une autre industrie ni dans une autre entreprise de la même industrie. Une presse à imprimer ne peut servir que dans une imprimerie, et, en outre, l’imprimerie aura besoin de telle ou telle presse selon qu’elle imprime des livres ou des journaux, des journaux de grand ou de petit format, d’un tirage restreint ou considérable. Une locomotive ne peut servir que dans un chemin de fer, et, en outre, le chemin de fer aura besoin de telle ou telle locomotive selon qu’il s’agit de traîner des voyageurs ou des marchandises, sur de faibles ou fortes rampes. Un capitaliste qui, ayant formé son capital en monnaie par l’épargne, achèterait une presse d’imprimerie ou une locomotive et les offrirait en location à des imprimeurs ou à des compagnies de chemins de fer n’en trouverait très probablement pas le placement. Si, au contraire, il offre de la monnaie, nombre d’imprimeurs ou de compagnies la lui demanderont pour acheter eux-mêmes des presses d’imprimerie ou des machines à leur convenance.

Il faut ajouter qu’à la différence des facultés personnelles qui s’usent, mais par le fait de l’âge et non du travail, et des terres qui ne s’usent pas, les capitaux mobiliers s’usent par le fait du service qu’ils rendent. Supposons un capitaliste louant, malgré tout, une presse en nature à un imprimeur ; à l’expiration du bail, celui-ci la lui rendrait à l’état non de capital neuf, mais de capital usé. Dans l’impossibilité de prévoir à l’avance le degré d’usure, il faudrait stipuler une estimation et une compensation de l’usure en monnaie. Il est bien plus simple que l’entrepreneur qui fait l’usure fasse l’amortissement et rende une somme de monnaie exactement égale à la somme reçue.

Ce que nous venons de dire à propos de capitaux fixes s’applique à bien plus forte raison aux capitaux qu’on appelle circulants et qui ne sont autre chose que des revenus. C’est surtout des matières premières et des produits neufs devant figurer à l’étalage qu’on peut dire que, susceptibles d’être utilisés dans une entreprise, ils ne le sont pas d’être utilisés dans une autre, et aussi qu’ils s’usent par le fait du service qu’ils rendent puisqu’en raison de leur nature même, cette usure va jusqu’à la disparition complète. Ceux-là ne sauraient à aucun prix être loués en nature.

Le capital, tel qu’il a été défini en tant qu’objet du crédit, ne s’identifie donc pas avec l’ensemble des capitaux mobiliers. Il comprend quelque chose de moins, savoir les capitaux mobiliers qui sont entre les mains de leurs propriétaires ou qui ont été loués en nature, et quelque chose de plus, savoir les revenus qui ont été loués (en monnaie).

3. Mais la différence de forme entre la location en nature des terres et des facultés personnelles et le prêt en monnaie de certains capitaux fixes ou circulants est surtout importante en raison de la différence de fond à laquelle elle correspond entre la position des propriétaires fonciers et des travailleurs et celle des capitalistes. La terre du propriétaire foncier, les facultés personnelles du travailleur sont toujours là, persistant à travers les phases de la production et distinctes des autres éléments de cette production. Elles ne sont ni transformées, ni confondues, ni usées ; et, bonnes pour l’entreprise, elles le seront pour cent autres entreprises ou semblables ou différentes. Au contraire, tous les capitaux empruntés à tous les capitalistes ont été comme fondus ensemble, puis transformés en machines, outils, en matières premières, employés en fermages, salaires et intérêts, usés ou consommés. De toute cette combinaison sont résultés des produits agricoles, industriels ou commerciaux. Ces produits sont-ils bons, sont-ils mauvais ? Se vendront-ils, resteront-ils en magasin ? Vendus à crédit, seront-ils payés ? Et, si l’entreprise doit s’arrêter et liquider, que vaudra le matériel, que vaudront les marchandises, que vaudront les créances ? Un certain nombre de capitalistes ont prêté 100,000 fr. à un entrepreneur. Cet entrepreneur ne réussit pas et, en conséquence, ne paie pas ce qu’il doit aux échéances ; on arrête son entreprise pour la liquider. Les propriétaires reprennent leurs terrains et leurs locaux, les travailleurs vont porter chez un entrepreneur voisin leurs bras, leurs capacités, leurs aptitudes. Restent les capitalistes en face d’un actif se composant d’un matériel usé sans avoir été amorti et hors d’état d’être utilisé soit dans une autre industrie, soit dans une autre entreprise de la même industrie, de matières premières achetées trop cher ou mal choisies, de marchandises mal fabriquées ou revenant à un prix trop élevé, de créances douteuses, toutes circonstances ayant amené l’insuccès de l’entrepreneur. On réalise cet actif tant bien que mal, on en retire 50,000 fr., et on distribue ce dividende entre les capitalistes au marc le franc. Chacun d’eux ne retrouve que la moitié de son capital. Quels sont les procédés à employer pour préserver autant que possible les capitaux de ces dangers et inspirer confiance aux capitalistes ? Tel est le problème de l’organisation du crédit[2].

4. Quand on dénombre les éléments de la richesse sociale, on reconnaît qu’à côté des capitaux mobiliers productifs de services producteurs (bâtiments d’exploitation, usines, ateliers, magasins ; arbres et plantes de rapport ; animaux de travail ; machines, instruments, outils), il y a des capitaux mobiliers productifs de services consommables (maisons d’habitation, édifices publics ; arbres, plantes et animaux d’agrément ; meubles, vêtements, objets d’art et de luxe), et qu’à côté des approvisionnements de revenus aux mains des entrepreneurs tels que les matières premières (engrais, semences, métaux, bois à ouvrer, textiles, tissus à confectionner, combustibles industriels), et des capitaux et revenus neufs en vente à l’étalage, il y a des approvisionnements de revenus aux mains des consommateurs et de l’État tels que les objets de consommation (pain, viande, vin, légumes, fruits, huile et bois à brûler)[3]. Ainsi on peut, à la rigueur, se représenter les consommateurs et l’État comme disputant aux entrepreneurs le capital-monnaie des capitalistes. Le prêt de capital à l’État serait le crédit public ; le prêt de capital aux consommateurs serait le crédit à la consommation ; et le prêt de capital aux entrepreneurs serait le crédit à la production. Mais l’économique appliquée ne traite normalement que du dernier, et la raison en est simple. La monnaie prêtée à un entrepreneur sert à acheter de la matière première et des services producteurs qui deviendront un produit neuf lequel se vendra contre de la monnaie. La monnaie prêtée à un consommateur ou à l’État servira à acheter un capital productif de service consommable, ou un objet de consommation, ou un service consommable, et ne pourra se retrouver que par un prélèvement sur des revenus, c’est-à-dire par une épargne future ou par des impôts sur des fermages, des salaires ou des intérêts, toutes opérations ou incertaines ou irrégulières. Voilà pourquoi la science est fondée à ne s’occuper du crédit à la consommation et du crédit public (en tant que ce dernier est lui-même un crédit à la consommation et non à la production) que pour bien établir qu’ils ne devraient pas exister.

5. Lorsque le capitaliste se dessaisit de sa monnaie en faveur de l’État, d’un particulier ou d’un entrepreneur, il reçoit un titre constatant sa créance. La forme de ces titres varie suivant la variété même des espèces et des combinaisons de crédit. Il y a les titres de rentes d’État, les créances hypothécaires, les obligations foncières, les créances chirographaires, les obligations industrielles, les billets à ordre et lettres de change, les billets de banque. Ces titres établissent les droits du capitaliste sur le capital qu’il a prêté. Ils ont pour contre-partie, dans le crédit à la production, les capitaux fixes et circulants de l’agriculture, de l’industrie et du commerce dont le produit doit servir à les rémunérer et à les rembourser. Les obligations d’un chemin de fer, par exemple, ont pour contre-partie les voies, ouvrages d’art, gares, locomotives, wagons, ateliers, approvisionnement de rails, de charbon, de la compagnie. Ce sont non des titres de propriété directe sur ces capitaux, mais des titres de propriété virtuelle sur la monnaie à retirer de leur amortissement, en même temps que des titres à percevoir leur intérêt. Comme nous le verrons, il arrive que certains titres sont représentés par d’autres titres ; ainsi, les obligations foncières représentent des créances hypothécaires, les billets de banque représentent des effets de commerce. De la sorte, les titres sont une représentation au premier, au second, au troisième degré de la richesse sociale ; mais ils ne sont pas de la richesse sociale. Il est clair que si on voulait évaluer la richesse d’un pays en capitaux fixes et circulants, il faudrait ou bien inventorier les capitaux eux-mêmes, ou bien inventorier les titres représentant ceux de ces capitaux qui auraient été loués en monnaie, en faisant abstraction des titres représentés par d’autres titres, mais non pas additionner les capitaux et tous les titres. Autrement il y aurait double et triple emploi. Sous prétexte que les titres se vendent et s’achètent, certains auteurs s’obstinent pourtant à soutenir qu’ils sont par eux-mêmes de la richesse sociale, qu’ils constituent une valeur sinon présente, du moins future. C’est là une erreur qui ne peut engendrer que des mécomptes. Il faut s’en tenir à ce principe que le crédit déplace le capital, mais ne le multiplie pas, et que, quand on vend et achète les titres, on vend et achète les capitaux qu’ils représentent.

II

CRÉDIT À LONG TERME ET CRÉDIT À COURTE ÉCHÉANCE

6. Le crédit à la production est donc l’opération par laquelle les capitalistes prêtent de la monnaie aux entrepreneurs pour acheter du capital. Or les entrepreneurs ont besoin, un besoin simultané et égal, de capital fixe et de capital circulant. Le capital fixe comprend tous les objets qui servent plus d’une fois dans la production. Nous mettons à part les usines, les ateliers, les magasins quand ils ont été loués en nature ; mais souvent l’entrepreneur fait construire ses bâtiments ; ils peuvent alors faire partie du capital fixe emprunté en monnaie. Restent, en tous cas, parmi le capital fixe, les machines, les instruments, les outils. Quant au capital circulant, il comprend tous les objets qui ne servent qu’une fois dans la production : les matières premières et les produits (capitaux et revenus) neufs en vente à l’étalage, ainsi que la monnaie de circulation en caisse. Le capital circulant, comme le capital fixe, se prête et s’emprunte en monnaie ; mais il y a entre le prêt de capital fixe et le prêt de capital circulant une différence essentielle, résultant de la nature des choses, qu’il faut signaler avant tout.

7. Le capital circulant peut se retirer des industries aisément et rapidement, non pas immédiatement à tout instant donné, mais dans un délai dont l’extrême limite est déterminée par l’intervalle de temps nécessaire pour la fabrication et la vente des produits. Qu’à un certain moment, l’entrepreneur, sans plus acheter de matières premières, se borne à prélever sur la vente de ses produits déjà fabriqués les fermages, salaires et intérêts nécessaires pour transformer en produits à l’étalage ses matières premières en magasin, et qu’il vende les produits à fabriquer ainsi comme ceux déjà fabriqués antérieurement, il aura liquidé ou réalisé son capital circulant, et pourra, à la rigueur, le restituer en monnaie. Notons cependant que si cet entrepreneur ne pouvait, après cela, emprunter de nouveau le même capital, il serait arrêté dans son entreprise. Ainsi, dire que cette sorte de liquidation est matériellement possible n’est pas dire qu’elle soit sans inconvénient. Un entrepreneur peut disposer de son capital circulant dans quatre conditions : il peut en être propriétaire, comme le voudraient J.-B. Say et Gossen ; il peut en être locataire soit à long terme, soit à courte échéance, soit ad nutum. La première condition est d’une solidité plutôt excessive ; la seconde est très suffisamment solide ; la troisième, beaucoup plus chanceuse, est encore acceptable ; la quatrième est absolument périlleuse. C’est pourtant sur elle que reposent en partie les combinaisons du billet de banque et du chèque.

8. Il en est du capital fixe autrement que du capital circulant. Il n’y a que deux manières de le retirer de l’industrie, et, de ces deux manières, comme on va voir, l’une est prompte, mais très chanceuse, l’autre est sûre, mais très lente. La première consiste à chercher un acquéreur des bâtiments, machines, instruments, outils et à les vendre à un prix plus ou moins voisin du prix de revient suivant qu’on les aura plus ou moins entretenus à l’état de capital neuf, au moyen de prélèvements opérés sur la vente des produits. Mais autant il est facile de vendre des produits bien fabriqués à un prix convenable, autant il est difficile de vendre un fonds d’industrie ou de commerce. Les acquéreurs pour les produits sont tous les consommateurs qui sont fort nombreux ; les acquéreurs pour le fonds sont les quelques individus assez rares qui veulent s’adonner à un certain genre d’entreprise. Aussi voit-on beaucoup d’industriels et de commerçants, même enrichis, et qui voudraient céder leurs fonds, n’y pouvant réussir, continuer les affaires jusqu’à ce que leurs fils soient en âge de leur succéder. L’autre moyen est de laisser ses bâtiments, machines, instruments, outils, se détériorer d’année en année par l’usage, mais de prélever sur la vente des produits la monnaie nécessaire pour reconstituer tous ces objets au moment où ils seront tout à fait hors de service ; on fait alors l’amortissement de son capital fixe en monnaie, et ainsi on le liquide, on le réalise. Mais on voit assez combien cette manière de procéder demande de temps puisque le délai qu’elle exige est celui de l’usure totale du capital.

9. Il résulte de là que le capital fixe doit être emprunté pour longtemps, et que le capital circulant peut seul être rendu à bref délai. Le prêt de capital fixe doit être un crédit à long terme ; le prêt de capital circulant peut seul être un crédit à courte échéance. On appelle souvent le premier crédit industriel et le second crédit commercial par la raison que, dans l’industrie, c’est le capital fixe qui joue le rôle le plus important, tandis que, dans le commerce, c’est le capital circulant qui est surtout considérable ; mais nos deux expressions sont plus rigoureuses. Disons toutefois qu’elles sont élastiques à dessein. Il y a du capital fixe qui est emprunté pour cent ans. Le capital circulant se rend généralement avant trois mois ; mais il y a telle industrie, comme la tannerie, qui a besoin de deux ou trois ans pour transformer sa matière première en produits, et il est bien certain que, quand on se décidera à organiser le crédit agricole, on devra l’organiser comme un prêt de capital circulant pour six mois ou un an.

Le crédit à long terme et le crédit à courte échéance, étant ainsi distingués en principe, se distinguent encore :

1° Par les institutions qui s’y consacrent, l’un étant fait par les caisses de crédit foncier et les caisses de crédit mobilier, l’autre par les caisses et banques d’escompte et les banques d’émission. Ce seront ainsi des institutions différentes qui interviendront entre les capitalistes prêteurs et les entrepreneurs emprunteurs de monnaie suivant que ceux-ci demanderont du capital fixe ou du capital circulant et que ceux-là offriront du crédit à long terme ou du crédit à courte échéance ;

2° Par les titres qui s’y rapportent. Les crédits fonciers et les crédits mobiliers achèteront aux entrepreneurs et revendront aux capitalistes des créances hypothécaires, des obligations foncières, des obligations industrielles ; les banques d’escompte et d’émission achèteront aux premiers et revendront aux seconds des effets de commerce : billets à ordre et lettres de change ;

3° Par le taux de l’intérêt. Tous les jours une fraction du capital vient à échéance et est restituée en monnaie. Cette fraction, augmentée de l’excédent du revenu sur la consommation ou diminuée de l’excédent de la consommation sur le revenu, constitue l’épargne disponible. Une partie s’emploie en achat de capitaux neufs à louer en nature à un certain taux du revenu ; une partie se prête en monnaie comme capital fixe à un certain taux de l’intérêt ; une partie se prête en monnaie comme capital circulant à un certain taux de l’escompte. Les taux du revenu et de l’intérêt tendent à l’égalité puisque, si l’un est plus élevé que l’autre, les épargnes se détournent de celui-ci vers celui-là. Mais le taux de l’escompte est tantôt au-dessus, tantôt au-dessous des deux autres. Beaucoup de gens, pour conserver la disponibilité relative de leurs fonds, se contentent normalement d’un taux de l’escompte inférieur au taux de l’intérêt ; vienne pourtant un moment de crise, le capital fixé ne peut être rendu à la circulation, et le taux de l’escompte est supérieur au taux de l’intérêt. C’est ainsi qu’on voit le taux de l’intérêt, abstraction faite de l’amortissement et de l’assurance, se maintenir à 3 p. 100 environ et le taux de l’escompte descendre le plus souvent à 2, 1 1/2, 1 p. 100, pour s’élever parfois à 8 ou 10 p. 100.

10. Qu’il soit à long terme ou à courte échéance, le crédit est toujours une location de capital faite à un entrepreneur par un capitaliste. Je dois, à cet égard, réfuter une erreur de Charles Coquelin qui vicie toute sa théorie du crédit.

« … Il ne faut pas croire, dit-il, comme cela n’arrive que trop souvent, que le plus grand effort du crédit soit de faire passer l’argent ou même, pour parler d’une manière plus générale, les capitaux des mains des capitalistes proprement dits dans celles des travailleurs. À voir la manière dont on raisonne ordinairement sur ce sujet, il semblerait que ce fût là son unique but ou la seule application dont il fût susceptible. C’est, au contraire, la plus rare et la moins digne d’être observée. Dans tous pays, le plus grand nombre des actes de crédit se consomment dans le cercle même des relations industrielles, c’est-à-dire de travailleur à travailleur, de commerçant à commerçant. Le producteur de la matière première en fait l’avance au fabricant qui doit la mettre en œuvre, en acceptant de lui une obligation payable à terme. Ce dernier, après avoir exécuté le travail qui le concerne, avance à son tour et aux mêmes conditions, cette matière déjà préparée à quelque autre fabricant qui doit lui faire subir une préparation nouvelle, et le crédit s’étend ainsi de proche en proche, d’un producteur à l’autre, jusqu’au consommateur. Le marchand en gros fait des avances de marchandises au marchand en détail après en avoir reçu lui-même du fabricant ou du commissionnaire. Chacun emprunte d’une main et prête de l’autre, quelquefois de l’argent, mais bien plus souvent encore des produits. Ainsi se fait, dans les relations industrielles, un échange continuel d’avances qui se combinent et s’entrecroisent dans tous les sens. C’est surtout dans la multiplication et l’accroissement de ces avances mutuelles que consiste le développement du crédit, et c’est là qu’est le véritable siège de sa puissance »[4].

Toute cette théorie, exclusivement relative au crédit de capital circulant, est illusoire et chimérique. Soient , , , le marchand en détail, le marchand en gros et le fabricant dont nous parle Coquelin. ne possède pas de fonds de roulement ; il prend à des marchandises à crédit contre un effet qu’il paiera après la vente au consommateur. De deux choses l’une : ou possède son fonds de roulement et, pour le retrouver, après avoir livré des marchandises à , il doit céder l’effet de à un capitaliste qui, en définitive, aura prêté à son fonds de roulement ; ou ne possède pas lui-même de fonds de roulement, et alors les marchandises livrées à étaient empruntées et a un effet à payer en circulation ; par suite de quoi il doit d’abord céder l’effet de au capitaliste qui aura toujours fait, en dernière analyse, le fonds de roulement de et employer le montant à acquitter son propre effet, puis ensuite reprendre à des produits à crédit contre un nouvel effet qu’il paiera, comme le premier, après la vente à . Et de même en ce qui concerne la situation de par rapport à . À côté de chaque entrepreneur qui n’est pas capitaliste, il y a un capitaliste, et les choses se passent comme si chaque entrepreneur non capitaliste empruntait de la monnaie au capitaliste pour acheter à un autre entrepreneur. Le mode ci-dessus décrit, dans lequel chaque entrepreneur achète en payant avec un effet qui s’escompte à un capitaliste, a le double avantage pour celui-ci qu’il voit, par l’effet escompté, qu’il prête bien du capital circulant et non du capital fixe et qu’il a deux signatures au lieu d’une ; mais c’est là une différence non de fond et seulement de forme. En réalité, il n’y a pas de crédit d’entrepreneur à entrepreneur ; il n’y a de crédit que de capitaliste à entrepreneur.

III

PRINCIPES GÉNÉRAUX DU CRÉDIT

11. Il est satisfait à cette première condition du crédit que le paiement des intérêts et la restitution du capital soient aussi assurés que possible dès que les entrepreneurs sont propriétaires fonciers ou capitalistes et affectent tout ou partie de leurs terres ou de leurs capitaux à la garantie spéciale ou générale de leurs emprunts. Aussitôt une partie des épargnes vient se mettre à leur disposition, sous forme de monnaie, pour être transformée en capital fixe ou circulant ; et en cela consiste l’opération même du crédit. Il nous faut étudier de près le mécanisme de cette opération afin de formuler les conditions à remplir et d’indiquer les dangers à éviter en vue de son exécution la plus parfaite.

Les épargnes se font en monnaie ; la monnaie est l’instrument d’épargne comme elle est l’instrument d’échange, et elle doit de jouer ce double rôle à ses qualités de rareté, de divisibilité, de conservabililé. On peut, si l’ont veut, se représenter très distinctement les métaux précieux qui sont à l’état de marchandise d’un côté, c’est-à-dire les ustensiles et bijoux, et ceux qui sont à l’état de monnaie de l’autre, c’est-à-dire les pièces d’or et d’argent. Et on peut aussi, si l’on veut, se représenter très distinctement la monnaie d’échange ou de circulation d’un côté et la monnaie d’épargne de l’autre : la première se trouve dans les caisses et les porte-monnaies des propriétaires fonciers, travailleurs et capitalistes et des entrepreneurs, et est destinée soit à acheter des approvisionnements de produits consommables ou de matières premières, ou des services producteurs, soit à rendre elle-même le service d’approvisionnement ; la seconde se trouve dans les tiroirs des propriétaires fonciers, travailleurs et capitalistes, et est destinée soit à acheter des capitaux à louer en nature, soit à être prêtée aux entrepreneurs comme capital par le crédit, pour acheter des capitaux fixes ou circulants.

Lorsque le crédit n’est pas bien organisé, la quantité des métaux précieux qui se trouve dans les tiroirs est considérable. Les épargnes n’arrivent pas à se transformer promptement et facilement en capital fixe ou circulant parce que le capitaliste propriétaire de la monnaie d’épargne et l’entrepreneur qui a besoin de capital mettent du temps et ont de la peine à se rencontrer pour donner l’un son épargne, l’autre un titre avec une bonne garantie. Lorsqu’au contraire le crédit est bien organisé, le capitaliste et l’entrepreneur se rencontrent aussitôt l’épargne formée ; et l’opération de crédit s’accomplit. Ici, comme partout, on est arrivé à la promptitude et à la facilité par la division du travail, c’est-à-dire par l’intervention d’intermédiaires spéciaux qui, d’un côté, reçoivent les épargnes des capitalistes et, de l’autre, achètent des titres aux entrepreneurs. Ces intermédiaires sont les banquiers et les banques.

La partie de la monnaie d’épargne destinée à l’achat de capitaux à louer en nature étant ainsi employée, et la partie destinée à se réunir au capital existant par le crédit journalier étant remise par le capitaliste au banquier, par le banquier à l’entrepreneur et employée par celui-ci en achat de capitaux fixes et circulants, toute la monnaie d’épargne redevient monnaie de circulation ; elle sort des tiroirs pour entrer dans les caisses et porte-monnaies. Au contraire, lorsqu’un entrepreneur rembourse un emprunt à un capitaliste ou qu’un capitaliste forme une épargne nouvelle, il y a transformation de monnaie de circulation en monnaie d’épargne, passage d’une certaine quantité de monnaie des caisses et porte-monnaies dans les tiroirs. On pourrait exactement comparer ce circulus par lequel la monnaie va de la circulation à l’épargne et de l’épargne à la circulation à celui par lequel l’eau de pluie va des mers aux nuages et des nuages à la mer.

12. Les banquiers et les banques achètent des titres de crédit aux entrepreneurs et vendent des titres de crédit aux capitalistes ; mais ils ne vendent pas toujours aux capitalistes les mêmes titres de crédit qu’ils ont achetés aux entrepreneurs. Il arrive souvent que, pour la commodité des opérations, c’est-à-dire pour éviter les difficultés résultant de la différence entre le montant ou la durée du crédit offert d’un côté et du crédit demandé de l’autre, ils représentent les titres achetés par d’autres titres destinés à être vendus. C’est ainsi, par exemple, que les caisses de crédit foncier représentent les créances hypothécaires de montants inégaux, à échéances variées, de leur portefeuille par des obligations foncières de coupure uniforme, à échéances régulières, qu’elles répandent dans le public. En elle-même, cette transformation n’a que des avantages sans inconvénients ; mais il y faut observer un principe essentiel si on veut éviter une grande confusion et un grand péril : c’est que les titres représentatifs correspondent, pour la durée, aux titres représentés. Il faut que les banquiers et les banques qui prêtent du capital fixe et qui achètent aux entrepreneurs des titres de crédita long terme représentent ces titres par d’autres titres de crédit à long-terme qu’elles vendront aux capitalistes ; et que les seuls banquiers et banques qui prêtent du capital circulant, et qui achètent aux entrepreneurs des titres de crédita courte échéance en fassent la représentation en d’autres titres de crédit à courte échéance destinés à être vendus aux capitalistes ou répandus dans le public d’une manière ou d’une autre. N’est-il pas clair qu’une institution de crédit qui, par exemple, représenterait des créances hypothécaires par des billets de banque, serait dans une situation absolument incorrecte et détestable puisqu’elle serait placée entre un passif immédiatement exigible et un actif non immédiatement réalisable ? La conséquence de ce principe est qu’il y a avantage à ce que les institutions de crédit se distinguent en institutions de crédit à courte échéance et institutions de crédit à long terme. Mais, dans tous les cas, si une seule et même institution fait à la fois le prêt de capital circulant et le prêt de capital fixe, elle doit avoir dans son bilan un actif réalisable au moins égal à son passif exigible.

13. Il y a, du reste, un certain ordre en quelque sorte historique dans les opérations de crédit à courte échéance et de crédit à long terme. Un capitaliste qui entreprend d’épargner un capital de 1,000 fr. pourra, quand cette épargne sera faite, en faire l’objet d’un prêt de capital fixe en achetant, par exemple, des obligations foncières ou des obligations industrielles ; mais, pendant qu’elle se fait, et au fur et à mesure, il peut en faire l’objet de plusieurs prêts de capital circulant en achetant, par exemple, des reçus de dépôt en banque à trois ou six mois, de 100, 200, 300 fr., et en s’arrangeant pour que toutes ces créances soient échues au moment où son capital sera formé. Le résultat de cette combinaison est de rendre inutile la monnaie d’épargne ou au moins de la réduire à ses plus extrêmes limites. Les tiroirs se vident, la monnaie d’épargne qui s’y trouvait est remplacée par des titres de crédit à courte échéance et rendue à la circulation et aux usages industriels après qu’elle a provoqué, par son offre sur le marché, la création d’un supplément de capital. Cette situation ne présente aucun danger ; mais il en serait autrement si, après avoir remplacé par des titres de crédit à courte échéance toute la monnaie d’épargne, on remplaçait aussi par des titres semblables tout ou partie de la monnaie de circulation. La transformation qui se fait ainsi, grâce à l’émission des billets de banques et à la compensation des chèques, de la monnaie métallique en monnaie de papier est un procédé au sujet duquel je fais les plus expresses réserves en attendant que j’en fasse une critique spéciale et approfondie[5].

14. La question de l’intérêt du capital est vidée à moitié par la définition du service. Grâce à cette définition, on peut répondre aux socialistes et aux théologiens que, quand on a payé vingt ans le loyer d’une maison, on a payé vingt fois le service annuel de ce capital, mais qu’on n’a pas payé le capital lui-même. Il en est ainsi de tous les capitaux fonciers, personnels et mobiliers. Pour ceux qui sont à services producteurs, le prix de leurs services figure dans le prix des produits et est payé par le consommateur de ces produits ; pour ceux qui sont à services consommables, le prix de leurs services est payé par le consommateur de ces services. Entre ces derniers, ceux qui sont loués rapportent le fermage, le salaire ou l’intérêt qu’on en paie ; ceux qui sont aux mains de leurs propriétaires coûtent le revenu qu’on n’en touche pas.

La même question sera vidée tout à fait par une extension de la définition des services. En dehors des capitaux qui rendent le service d’usage, il y a, parmi les éléments nécessaires et indispensables de la richesse sociale, les approvisionnements de revenus consistant en objets de consommation et matières premières, sans compter les approvisionnements de produits neufs. Il faut admettre que, en attendant qu’ils rendent le service d’usage définitif et unique qu’on attend d’eux, ces revenus rendent préalablement un service d’une nature particulière, le service d’approvisionnement, qui a son utilité, sa rareté, sa valeur et qu’on paie, sans quoi ils n’existeraient pas. Pour ceux qui sont chez les entrepreneurs, le prix de ce service d’approvisionnement figure dans le prix de vente des produits et est payé par le consommateur de ces produits ; pour ceux qui sont chez les consommateurs, le prix du service d’approvisionnement est payé par ces consommateurs. Entre ces derniers, ceux qui sont loués (en monnaie) rapportent l’intérêt qu’on en paye ; ceux qui sont aux mains de leurs propriétaires coûtent l’intérêt qu’on n’en touche pas.

Si on fait la même observation pour la monnaie, qui rend, elle aussi, un service d’approvisionnement dont la théorie sait exprimer mathématiquement la rareté et la valeur, on arrive à cette conclusion que toute la richesse sociale qui n’est pas service, qui n’apparaît pas pour disparaître aussitôt, rend service ; et que ce service se paie d’une manière ou d’une autre. Que si, maintenant cette richesse sociale a été louée en monnaie et non en nature, peu importe ; c’est la richesse achetée avec la monnaie qui rend service et l’intérêt paie ce service[6].

15. La considération du service d’approvisionnement ne permet pas seulement d’établir le principe de l’intérêt du capital ; elle permet aussi d’en déterminer le taux.

En effet, si les revenus qui rendent un service d’approvisionnement sont assimilables aux capitaux qui rendent un service d’usage, nous sommes, pour toute la richesse sociale, au bénéfice des démonstrations de l’économique pure concernant les capitaux neufs, c’est-à-dire que :

1o Il faut faire la hausse ou la baisse du taux du revenu selon que l’offre des capitaux et revenus neufs en numéraire est supérieure ou inférieure à la demande ;

2o Il faut augmenter ou diminuer la quantité des capitaux et revenus neufs selon que le prix de vente est supérieur ou inférieur au prix de revient ;

3o L’identité du taux du revenu est la condition de l’utilité maxima des capitaux et revenus neufs[7].

D’où, en économique appliquée, il suit que : —Dans l’intérêt social on peut laisser le taux du revenu net se déterminer suivant le mécanisme de la libre concurrence.

Le taux du revenu représente généralement le prix du service de la richesse sociale ; le taux de l’intérêt et le taux de l’escompte représentent particulièrement le prix du service de la partie de la richesse sociale qui a été louée en monnaie et non en nature, c’est-à-dire le prix du service du capital ou le prix du crédit. Nous avons expliqué pourquoi et comment le taux de l’intérêt et le taux de l’escompte oscillaient plus ou moins autour du taux du revenu.

Il nous reste à constater que, grâce à l’intervention de la monnaie, les notions de capital et de crédit sont essentiellement quantitatives. étant une quantité de capital monnaie, l’intérêt de ce capital pour un an, , où le taux de l’intérêt, est le prix de l’unité de crédit.

J’ai constaté toutes les fois qu’il le fallait, dans mes Éléments d’économie politique pure, notamment en énumérant les éléments et en décrivant le mécanisme de la production (18e leçon) et en définissant le marché permanent (27e leçon), que toutes les espèces de la richesse sociale, sauf les terres, étaient soumises à un continuel mouvement de disparition par suite de la consommation et de réapparition par suite de la production, qu’elles étaient ainsi « comme autant de tiges qui, sans cesse coupées à l’un de leurs bouts, repousseraient sans cesse par l’autre bout ». Entre toutes ces espèces, les services immatériels de capitaux sont tout spécialement à l’état de courant continu ; ils sont consommés au fur et à mesure qu’ils sont produits. Mais j’ai expliqué en posant les équations de la production (20e leçon) qu’au moyen de ces deux unités : 1° l’unité, naturelle ou artificielle, de quantité du capital, et 2° l’unité de temps, on pouvait évaluer les quantités de ces services et, par conséquent, les supposer offerts et demandés, vendus et achetés par stocks sur le marché. J’ai expliqué enfin, après avoir posé et avant de résoudre les équations de la production (20e leçon) et celles de la capitalisation et du crédit (24e leçon), que, pour faire la théorie de la détermination des prix courants des services et des produits, je supposais le mouvement économique de la production et de la consommation arrêté pour un instant, afin de considérer une quantité déterminée de richesse sociale et un marché hypothétique sur lequel les tâtonnements pussent s’effectuer jusqu’à l’établissement de l’équilibre. En opérant ainsi, j’ai fait comme les mathématiciens qui, pour constituer rationnellement toute la mécanique, élaborent la statique avant la dynamique. S’il y a des savants qui aient trouvé le moyen de procéder à l’inverse en économique, on doit souhaiter qu’ils se décident sans trop tarder à nous faire part de cette remarquable découverte.

Léon Walras.

  1. Cette définition est celle que j’ai donnée dans les Éléments d’économie politique pure. Voyez notamment les 19e, 23e et 25e leçons. Elle a une conséquence un peu choquante pour nos usages ; celle d’exclure du capital le capital actions des entreprises, qui n’est pas emprunté. On évitera, si l’on veut, cet inconvénient en considérant le capital-actions comme emprunté par la société à ses actionnaires.
  2. Je ne donnerai pas ici cette partie, un peu spéciale, de la théorie du crédit. On la trouvera dans mes Études d’économie politique appliquée.
  3. V. Études d’économie politique pure, 18e leçon.
  4. Charles Coquelin, Du crédit et des banques, chap. XI, § 11.
  5. Nous donnerons cette critique dans un de nos tout prochains numéros comme suite de la présente étude.(Note de la Rédaction).
  6. La célèbre discussion sur l’intérêt du capital entre Bastiat et Proudhon s’est élevée à l’occasion d’un article intitulé : Capital et Rente, publié sous forme d’une lettre à M. F. Bastiat dans la Voix du Peuple du 22 octobre 1849, dont l’auteur, M. C.-F. Chevé, accordait que l’usage d’une maison de 20,000 fr. ou d’un sac de blé, pendant un an donnait droit à l’usage d’un navire de 20,000 fr. ou d’un sac de blé « pour un temps égal ». Cette concession aurait suffi pour établir le droit du prêteur à l’intérêt de son capital à qui eût eu une bonne théorie de la valeur et une bonne théorie de la propriété. Mais Bastiat n’avait ni l’une ni l’autre. Il ne concevait que des services personnels, et non des services fonciers ou mobiliers ; c’est pourquoi, dès sa seconde lettre, il en arrive, pour justifier l’intérêt du capital, à le décomposer en : 1o usure du capital prêté, 2o compensation du temps consacré à faire ce capital, 3o juste rémunération de l’habileté, de la prévoyance, de la privation du capitaliste. Ce n’était pas là une théorie du crédit dans laquelle il pût enserrer le terrible sophiste auquel il avait affaire. Au contraire, la considération des services, de l’utilité et du degré final d’utilité des services, lève toutes les difficultés, ici comme ailleurs.
  7. V. Éléments d’économie politique pure, 25e leçon et appendice I, § III, nos 12, 13 et 14.