Un portrait pour Elisée Reclus

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Un portrait pour Elisée Reclus
L’Ère nouvelle, Série 4, n° 42, Juin-Juillet 1906 (p. 4).

Un Portrait


J’ai cloué sur le mur un portrait de Reclus,
Dans un cadre en carton, car je ne suis pas riche.
Je gard’ce portrait, non pas comme un fétiche,
Mais comme un souvenir de celui que n’est plus.

J’aime, si vous saviez, son regard tendre et clair :
Ce regard tout empreint d’une bonté profonde.
— Consolante bonté, baume ô merveilleuse onde
Qui passe, adoucissant le sort le plus amer —

Injuste qui tairait sa vaste connaissance…
Mais qu’il m’est doux penser que jamais l’indulgence
Ne déserta son cœur et qu’en toute saison

Plus on était meurtri, las, bas tombé, coupable,
Plus on trouvait son âme ouverte et secourable…
Oh ! comme ce regard raconte qu’il fut bon !

E. A