Vanghéli/5

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Vanghéli, Une vie orientaleCalmann Levy (p. 88-100).
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Tu as vu, effendi, le vent de l’Archipel jouer au printemps avec les plumes noires des grèbes, perdues à la vague. J’ai idée qu’il jouait de même avec mon sort. Il me porta à Rhodes : l’Autrichien, s’étant défait dans l’île de son chargement, décida d’y attendre la moisson avant d’aller en Syrie. J’étais sans ressources, je ne savais aucun état. Il fallait trouver du pain ; je me louai à un patron de Cymî, tu sais, la petite île où l’on pêche les éponges, entre Rhodes et la côte ? ― Il m’employa au dur métier de plongeur. J’appris à y vivre au fond de la mer, à vivre plusieurs minutes sans respirer, et à choisir dans la clarté trouble des profondeurs les belles éponges qui percent le sable. Je travaillai ainsi plusieurs mois pour amasser de quoi retourner dans mon pays. Quand j’eus mis dans ma ceinture une centaine de piastres, je dis adieu au patron et pris place un matin dans le caïque qui portait notre récolte de la semaine aux marchands de Rhodes. Celui-là encore ne devait pas me mener au port, et ce fut un vent plus rapide et plus puissant que le vent de mer qui cette fois changea ma route. Comme nous doublions la pointe et le village de Stavro, où sont les meilleures pêcheries de Cymî, les bateliers atterrirent pour puiser de l’eau à la fontaine sous les figuiers. Je montai jusqu’à un champ de pastèques pour en acheter une couple ; n’ayant trouvé personne, je m’endormis de lassitude au pied d’un platane. C’était un lourd midi de juillet, la vague chaude comme une lame de plomb fondu nous renvoyait le soleil depuis l’aube.

Je n’avais guère dormi quand je fus éveillé par une voix d’enfant : elle chantait la chanson que tu as dû entendre, la nuit, quand passent à la côte les pêcheurs des îles.

 
Dans le courant de ma vie,
Pourquoi t’ai-je rencontrée ?
Puisque tu n’étais pas pour moi,
Pourquoi t’ai-je regardée ?...
(Chanson romaïque des Îles.)


En me voyant l’écouter, la chanteuse qui puisait de l’eau se leva et vint à moi, un quartier de pastèque à la main, un grand sourire au front. C’était une fille de la mer, éclatante et dorée comme les roches de Cymî au feu de l’été, souple et gracieuse comme la voile au mât, semblant de même portée dans sa marche par le vent. Ses grands yeux brillaient d’une lumière verte comme celle qui éclaire les eaux profondes où je travaillais. Sur ses épaules roulaient des cheveux si fins et si ensoleillés, qu’ils me rappelaient les longs écheveaux de soie vierge avec lesquels je jouais au rouet de ma mère, quand elle descendait du Liban après la récolte des cocons. Tout cela faisait une beauté étrange et fière que je n’avais jamais vue aux pauvres filles de nos marins. A mon air étonné, l’enfant se prit à rire bien fort, d’un rire singulier qui sortait des yeux, de la bouche, de la gorge, de partout, comme le frisson de toutes les plumes d’un oiseau qui prend son vol. Elle me tendit sa moitié de pastèque et mordit à l’autre morceau avec de si fraîches lèvres rouges que je ne savais plus où finissait le fruit, où commençait la chair. Je te parle de tout cela, effendi, comme de choses d’hier ; c’est qu’après tant d’années descendues sur ce souvenir, il m’est plus présent encore que celui du jour où j’entendis pour la première fois les balles turques, où je vis flamber Vrachori.

« Prends donc, frère, dit la belle fille ; qui es-tu ? Je ne t’ai jamais vu à l’église, ni au marché. »

Je racontai que j’étais de Syrie, nouveau dans l’île, et que je passais, allant à Rhodes.

« Tu vas à Rhodes ! fit-elle vivement : dis à mon père, qui vend les éponges sur la marine, qu’il m’achète une petite, toute petite croix d’or. Tant que je n’aurai pas de croix d’or les épouseurs ne viendront pas. Et si tu repasses, en retournant lundi à la pêcherie, rapporte-la-moi.

― Je ne repasserai plus par Stavro, je pars pour mon pays.

― Alors donne-moi ta main, que je lise ; ma mère était de Smyrne, et les tziganes, qui dorment sous les tentes noires dans les plaines, lui ont appris à lire ce qui est écrit là du lendemain. »

Elle prit gravement ma main. regarda et repartit de son grand rire enfantin :

« Il y a écrit là que tu reviendras ! »

Là-dessus elle disparut dans les figuiers en reprenant sa chanson et se retourna deux fois pour me crier : « N’oublie pas la croix d’or ! »

Les bateliers m’appelaient du caïque. Je demandai à l’un d’eux, un homme de Stavro, quelle était cette rieuse jeunesse. « C’est la fille de Michali le pêcheur d’éponges, répondit-il, la belle Lôli ; on la nomme ainsi dans le pays parce qu’elle est un peu bizarre (Lôli est le mot qui veut dire folle dans le dialecte de la côte de Smyrne), et comme avec cela elle est pauvre, les garçons ne se pressent pas de la demander. »

Je ne dis plus rien ; mais jusqu’à Rhodes je regardais l’eau où couraient pour moi des images nouvelles, et j’entendais frissonner le rire singulier de Lôli dans la brise. Le sang me battait au cœur et aux tempes comme lorsque j’étais au travail sous la mer, retenant mon haleine. Jusqu’alors, ma vie agitée et soucieuse ne m’avait pas laissé le temps de sentir l’âge d’amour : je compris que le jour était venu pour moi comme pour les autres. Que te dirais-je, effendi ? Tu sais ce qu’il advient aux jeunes, quand la tête manque ainsi qu’un gouvernail mal arrimé et ne peut plus rien contre le courant. En débarquant sur le port, au lieu d’aller m’enquérir des bateaux en partance, je montai au bazar et laissai machinalement tomber mes piastres sur le comptoir du joaillier, où je pris une croix d’or ; le lendemain, le caïque me ramenait à Cymî, et je m’arrêtais à Stavro. Quand Lôli vint à la source, je lui présentai tout tremblant le bijou.

L’enfant battit des mains, le passa à son col et courut, légère comme une perdrix, jusqu’à la grève ; elle se pencha longuement sur l’eau, les pieds dans la vague, pour voir briller la croix à son corsage. Puis, remontant à moi, avec son grand rire :

« Tu ne pars donc pas ? La main a raison ?

― Non, fis-je tout honteux, j’ai changé d’idée, je vais redemander du travail au patron.

― Frère, prends garde, dit-elle en redevenant sérieuse, prends garde au fond bleu de la mer. Il y a de méchants démons, qui attirent les pauvres plongeurs et les attachent avec des chaînes de corail, comme ceci, ― elle montrait des brins de ce faux corail que nous trouvons parfois en cherchant l’éponge, tressés dans ses cheveux, et qui brillaient là comme les cerises de juin dans les vergers de Damas, ― les démons les emprisonnent dans leurs palais de verre et les font le ntement mourir. Plusieurs de nos garçons y sont restés qu’on n’a jamais revus : frère, prends garde au fond bleu de la mer !

― Je n’ai pas peur des démons et je leur arracherai leurs trésors, Lôli, si tu veux être ma fiancée.

― Viens voir le père demain, il rentre à l’île, dit-elle en riant à nouveau et en s’échappant, toute rouge ; et je l’entendis encore me crier du haut de la colline : « Prends garde au fond bleu de la mer !

Le lendemain, Michali accueillit ma demande ; mais il ajouta que n’ayant rien ni l’un ni l’autre il me fallait au moins deux années de travail pour gagner de quoi m’établir. Et je m’en fus, le cœur plein de courage et de douces chansons, me louer de nouveau à la pêcherie.

Les deux années passèrent, du temps béni où c’était joie de vivre. Mais que serait-ce à te raconter ? Chacun a les siennes, n’est-ce pas ? indifférentes pour les autres et dont le souvenir lui est tout. Le jour, je travaillais dans ma claire prison sous les masses d’eau et je m’attachais au dur métier, car le fond de la mer est fait pour ceux qui rêvent, le plongeur vit dans un miroir peuplé de formes vagues, qui lui semblent toutes la figure qu’il a au cœur. Quand je me sentais pris dans toutes ces algues pâles et baigné par tous ces rayons verts des grands fonds, je croyais à de molles caresses des cheveux et du regard de ma Lôli. Le soir, la tâche finie, je partais pour Stavro, chargé de beaux coquillages et des coraux dont elle aimait à se couronner le front. Je trouvais la fiancée assise devant la porte du père, sur le tas d’éponges fraîches qu’elle triait : à la voir toujours ainsi, perdue dans ces lits de varechs et de plantes marines, parée de coquillages, les bras et les mains ruisselants de gouttes d’eau, il me prenait parfois des peurs bizarres qu’elle ne s’évanouit comme mes visions du fond de la mer. C’est que je m’affolais chaque jour davantage, et je sentais que tout le bien de mon âme passait à elle. Je m’aperçus vite que les pauvres pêcheurs l’appelaient folle parce qu’ils ne pouvaient pas la comprendre ; elle devinait les choses au-dessus de leur esprit, et moi, qui ai étudié dans l’église, j’avais peine à la suivre. Elle savait surtout mille secrets de la mer, les histoires diverses que se disent les vents de tempête et les petites brises de l’aube, les musiques changeantes de la vague sur le galet suivant les saisons et les heures, les querelles des flots en colère, les sanglots et les tristesses des lames. Elle savait aussi beaucoup du ciel et des étoiles, qu’elle regardait volontiers quand il faisait nuit sur l’eau : pourquoi les unes marchent autour des autres immobiles, où vont celles qui disparaissent, et ce que cherchent les plus voyageuses en descendant aux recoins sombres du firmament. Enfin elle m’apprenait, et cela me plaisait plus encore, à écouter au dedans de nous une musique plus divine que celle des flots et des étoiles ; le grand rire fou de Lôli se taisait, le soir, quand nous nous promenions ensemble sur la grève : elle m’enseignait les larmes qui montent aux yeux du cœur plein, sans savoir pourquoi elles montent, parce qu’on sent la terre féconde, le ciel bon, la vie chaude autour de deux âmes emplies d’une aise triste. Elle me faisait raconter aussi mes matinées de travail, elle aimait avec une curiosité passionnée m’entendre parler des royaumes marins où je vivais, du monde étrange qui se meut au fond des eaux, des bêtes et des plantes cachées, des palais de verre que bâtit la lumière oblique. Ses yeux brillaient alors d’un désir fou, elle disait :

« Il faudrait aller plus profond encore, pour voir. »

Ainsi, te dis-je, passèrent les deux années, et je les revois toutes blondes d’amour, comme ensevelies dans un suaire tissé avec les cheveux dorés de Lôli. Vers la fin de la seconde, j’avais amassé de quoi acheter une petite maison à Stavro. Je vins au village le dimanche avant la Pâque, il fut convenu qu’on nous marierait après la fête et que je m’associerais avec Michali. Pendant cette dernière semaine, je devais aller travailler au grand banc de Leuka, tout au nord de l’île, là où sont les meilleures pêcheries, pour gagner la robe de noces de Lôli. J’embrassai ma fiancée et partis en chantant, sans me douter que le malheur allait prendre ma place à sa porte.

Or voici comme Dieu nous frappa. La veille du grand jeudi, Michali alla de son côté à la pêche dans les fonds dangereux, à une brasse de la côte. Tu sais peut-être, effendi, que le plongeur descend jusqu’à quarante pieds impunément ; mais c’est tout le poids d’eau qu’un homme peut supporter. Quand il dépasse cette limite, ne fût-ce que d’un pied ou deux, il travaille comme si de rien n’était et remonte à la surface sans aucun mal apparent ; mais, aussitôt revenu à l’air, il tombe foudroyé. Depuis lors, un médecin d’Europe, que les marchands francs ont amené avec eux quand ils ont installé à Cymî les machines à plonger, m’a raconté qu’il avait visité des pêcheurs morts de cette manière : ils avaient les os du cou brisés et pleins de petites bulles d’air rentrées. Ce jour-là donc, le vieux Michali, entraîné par quelque riche trouvaille, tira imprudemment sur la corde de descente et dépassa la limite ; quand on le remonta, il s’abattit sur la plage comme un pin touché de la foudre et rendit le souffle. On le rapporta mort à la maison ; et ce n’était là que le premier coup du mauvais ange, qui frappe toujours deux fois à la même porte.

A ce moment revenait à Stavro un certain Costaki ; il avait travaillé avec moi cette semaine à Leuka. Costaki était un garnement mal famé, qui avait demandé deux fois ma fiancée en mariage et qu’elle avait refusé avec son grand rire dédaigneux. Dans nos promenades, le soir, nous l’avions surpris comme il nous jetait des sorts. Une idée d’enfer vint à l’esprit du misérable. Il entra au milieu de la nuit dans la maison où Lôli et sa mère, la vieille Sophia, veillaient tout en larmes le corps du défunt. La mine harassée et contristée, il prit à part la mère et lui dit, de façon à être entendu de Lôli : « Pauvre Sophia ! qu’avez-vous fait au Christ ? J’arrive de Leuka, où nous avons retiré de l’eau ce matin le corps de Vanghéli. Il a voulu trop gagner pour votre fille et s’est fait descendre au banc de la Mort, où ont péri l’autre année les deux fils d’Hadji Vassili ; cette fois encore le banc ne nous a rendu qu’un cadavre. Que la Vierge ait pitié de Lôli ! » Celle-ci, ayant tout entendu, se jeta sur le scélérat et lui dit de parler ; il recommença son histoire, les larmes aux yeux. Alors la malheureuse, l’esprit déjà troublé par la mort de son père, jeta un grand cri, puis son rire habituel éclata dans la chambre : cette fois elle était la bien nommée, la pauvre Lôli, elle était folle !

Ne sachant rien de tout cela, j’avais touché ma pièce d’or le samedi, et je m’en revenais marchant toute la nuit ; les cloches joyeuses, qui sonnaient la résurrection aux églises, me donnaient courage. J’arrivai au village dès l’aube, et voyant la vieille Sophia sur sa porte, je criai de loin en chantant :

« Éveille toi, Lôli, Christ est ressuscité, éveille-toi, Lôli ! »

La mère courut à moi en arrachant ses cheveux blancs : « Appelle-la Lôli, vraiment Lôli désormais ! » Et elle me raconta l’affreuse histoire. Au même instant, un rire que je connaissais bien et la chère chanson de la bien-aimée se firent entendre au bout de la rue. Ma fiancée se précipita vers moi ; mais le mauvais esprit avait si étrangement travaillé son cerveau qu’elle s’imagina revoir son père.

« Père, père, me dit-elle, les démons ont étouffé le pauvre Vanghéli dans le fond bleu de la mer ! »

Et elle me redit tous les détails de la mort de Michali, auxquels elle avait assisté, croyant parler de la mienne. En vain je la serrai dans mes bras, je l’appelai, je la couvris de larmes et de caresses ; elle recommençait de nouveau le récit de l’agonie de son père, qu’elle m’appliquait à moi-même. Durant plusieurs semaines, j’essayai tout pour rappeler sa raison ; je n’obtins d’elle que son histoire désolée, son rire et sa chanson. Douce d’ailleurs et inoffensive, elle allait comme autrefois aux figuiers et sur la grève, écouter la mer. Je résolus de la mener aux médecins d’Athènes.

La veille du jour où nous devions partir, elle ne se trouva pas au souper. Inquiet, je descendis au rivage. Il faisait cette nuit une grande lune dans un ciel de nuages, qui éclairait par instants la terre mieux qu’un matin d’hiver. Quand je fus au platane où j’avais, pour la première fois, rencontré ma fiancée, je l’aperçus de loin, dans sa blanche robe de noces qu’elle portait toujours, sur la crête de la falaise qui monte à cet endroit à pic au-dessus de l’eau.

« Père, cria-t-elle en m’entendant venir, père, regarde Vanghéli qui passe ! » Et du doigt elle montrait sur l’horizon de mer une petite voile qui cinglait dans un rayon de lumière, avec une vague apparence de forme humaine.

« Vanghéli ! Vanghéli ! » Elle répétait mon nom en battant des mains, et avant que j’eusse pu courir ou crier à la Vierge, je vis la robe blanche disparaître comme un goëland qui s’envole ; le grand rire éclatant s’éteignit dans le bruit sourd d’un corps qui tombe à l’eau. Je plongeai sur sa trace, vingt fois je parcourus le fond de roches au pied de la falaise ; mais la lune s’était voilée, et malgré l’expérience de mon métier, cette mer que je connaissais si bien resta ténébreuse et vide pour moi. Quand je revins épuisé à la surface, la clarté renaissait sur les flots, je vis à ma gauche une écume blanche sur une lame, comme des plumes de cygne. Je nageai en hâte de ce côté ; comme j’approchais, le rayon frappa des tresses dorées et des rameaux de corail sur cette blancheur ; un nuage fit de nouveau la nuit sur la mer, et cette dernière vision s’évanouit comme une vapeur. Depuis, personne n’a rien revu ni retrouvé de Lôli.

Voilà cette triste histoire. Il me reste à te dire, ce que tu attends sans doute, comment je me vengeai. Dès le lendemain, je retournai à Leuka reprendre ma place. Aussitôt à la mer, je me fis descendre à l’endroit où venait de plonger Costaki. A peine eus-je entrevu l’assassin courbé sur sa besogne, que je me jetai sur lui et le terrassai dans le sable en le frappant de mon couteau à éponges. Ce fut pendant quelques secondes une lutte terrible dans la demi-nuit des profondeurs, sous le poids de la montagne d’eau. Le sang qui s’échappait des blessures troublait le fond où je poursuivais ma victime, et je frappais encore aveuglément, tandis qu’étouffée par le râle elle avait déjà ouvert la bouche et bu la mer. Je coupai la corde de secours enroulée à son corps, je l’amarrai solidement à une roche, puis je donnai le signal de montée. Mes camarades avaient déjà ramené la corde de Costaki, effrayés de ne plus sentir son poids.

« J’ai vu passer le requin, leur dis-je, il aura entraîné le pêcheur. On en a signalé deux l’autre semaine à Cymî, où la pêche est arrêtée. Pour moi, je ne plonge plus. »

Ils me regardèrent d’un air de doute, mais aucun ne souffla mot, sachant mon malheur, et que j’avais droit de faire justice. Sans réclamer mon dû, payé par ma vengeance, je quittai sur l’heure la pêcherie pour atteindre à Cymî le caïque de Rhodes, d’où je passai sur le premier voilier en partance. Le Seigneur miséricordieux a fait la terre si grande afin que ceux qui souffrent puissent marcher devant eux, jusqu’à ce qu’ils aient lassé le souvenir qui les poursuit.