À relire

Versailles (Gautier)

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Versailles.
Œuvres de Théophile Gautier — PoésiesLemerreVolume 1 (p. 296).


VERSAILLES

SONNET



Versailles, tu n’es plus qu’un spectre de cité ;
Comme Venise au fond de son Adriatique,
Tu traînes lentement ton corps paralytique,
Chancelant sous le poids de ton manteau sculpté.

Quel appauvrissement ! quelle caducité !
Tu n’es que surannée et tu n’es pas antique,
Et nulle herbe pieuse au long de ton portique
Ne grimpe pour voiler ta pâle nudité.

Comme une délaissée, à l’écart, sous ton arbre,
Sur ton sein douloureux croisant tes bras de marbre,
Tu guettes le retour de ton royal amant.

Le rival du soleil dort sous son monument ;
Les eaux de tes jardins à jamais se sont tues,
Et tu n’auras bientôt qu’un peuple de statues.

1837.