Vie de Commode (trad. Baudement)

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Histoire Auguste — Vie de Commode
Traduction par Théophile Baudement.
Texte établi par Désiré NisardJ. J. Dubochet et compagnie (p. 386-940).

I. On a suffisamment parlé, dans la vie de Marc-Aurèle, de la famille de Commode Antonin. Ce prince naquit à Lanuvium avec son frère Antonin Géminus, la veille des calendes de septembre, sous le consulat de son père et de son oncle. Son aïeul maternel était né, dit-on, dans le même endroit. Faustine rêva, étant enceinte de Commode et de son frère, qu’elle accouchait de deux serpents, dont l’un était plus féroce que l’autre : elle mit au monde Commode et Antonin. Celui-ci ne vécut que quatre ans, quoique les mathématiciens eussent promis, d’après le cours des astres, une destinée égale aux deux frères.

Antonin étant donc mort, Marc-Aurèle tâcha de former Commode et par ses leçons et par celles des plus célèbres et des plus habiles professeurs. Il lui donna, pour la littérature grecque, Onésicrite ; pour les lettres latines, Capella Antistius ; pour la rhétorique, Atléius Sanctus. Mais Commode ne tira aucun profit de l’enseignement de tous ces maîtres, « tant est grande, comme on l’a dit, la force du naturel, ou l’influence de ceux qu’à la cour on appelle des instituteurs. »

Dès sa plus tendre enfance il fut impudique, méchant, cruel, libidineux, et il souilla jusqu’à sa bouche. Il s’appliqua à des choses qui ne conviennent guère à la majesté impériale, comme à modeler des coupes, à danser, à chanter, à siffler, enfin à exceller dans l’art des gladiateurs et des bouffons. Il donna dans la ville de Centumcelles, à l’âge de douze ans, un présage de sa cruauté. N’ayant pas trouvé le bain assez chaud, il ordonna de jeter l’étuviste dans la fournaise. Son pédagogue, qu’il en avait chargé, y fit brûler une peau de mouton, dont la puanteur fit croire à Commode qu’on avait exécuté ses ordres.

Il porta, dès son enfance, le titre de César, avec son frère Sévère ; et il fut agrégé, à quatorze ans, au collège des pontifes.

II.[modifier]

Il fut nommé un des trois princes de la jeunesse, le jour où il prit la toge virile. Revêtu encore de la prétexte de l’enfance, il donna un congiaire au peuple, et il y présida dans la basilique de Trajan. Il reçut la toge le jour des nones de juillet, jour où disparut Romulus et où Cassius se révolta. Après avoir été recommandé aux soldats, il partit avec son père pour la Syrie et pour l’Égypte, et il revint avec lui à Rome. Ayant ensuite été dispensé de la loi sur l’âge des magistrats, il fut fait consul et on le salua empereur avec Marc-Aurèle, le cinquième jour des calendes de décembre, sous le consulat de Pollion et d’Aper. Un décret du sénat lui fit aussi partager les honneurs du triomphe avec son père, qu’il suivit encore à la guerre de Germanie.

Ne pouvant souffrir, à cause de la pureté de leurs mœurs, les surveillants qu’on lui avait donnés, il s’entoura des hommes les plus corrompus ; et quand on les lui ôta, il tomba malade de chagrin. La faiblesse de son père les lui ayant rendus, il fit du palais une taverne et un lieu de débauche ; il ne mit plus de bornes à son impudeur, à sa dépense. Il tint chez lui maison de jeu. Il achetait, comme de viles prostituées, les plus jolies femmes, pour tous les caprices de son impudicité. A l’instar de ces maquignons qui vont courant tous les marchés, il achetait lui-même des chevaux pour les courses. Il s’habillait en cocher, et conduisait des chars ; il vivait avec les gladiateurs ; il présentait l’eau dans les maisons de prostitution, comme les esclaves chargés de ce service ; en sorte qu’il paraissait plutôt né pour l’infamie que pour le rang où l’éleva la fortune.

III.[modifier]

Il renvoya les anciens serviteurs de son père ; il congédia ceux de ses amis qui étaient vieux. Il sollicita inutilement à d’infâmes plaisirs le fils de Salvius Julien, qui était à la tête des armées, et depuis ce temps il ne cessa de le persécuter. Il éloigna de lui les plus honnêtes citoyens, ou en les couvrant d’opprobre, ou en leur donnant des emplois avilissants. Apostrophé par des mimes comme un débauché, il les fit aussitôt déporter, pour qu’ils ne parussent plus sur la scène. Esclave des rois ennemis, il ne continua pas la guerre que son père avait presque terminée, et il revint à Rome. En y rentrant, il avait derrière lui, sur son char, son mignon Antérus ; et, pendant toute la cérémonie de son triomphe, il ne fit que se retourner pour lui donner des baisers ; ce qu’on le vit faire aussi au théâtre. D’ordinaire, il buvait jusqu’au jour, et les revenus de l’empire ne suffirent pas à ses débauches. Le soir, il courait les tavernes et les mauvais lieux. Il donna pour gouverneurs aux provinces ou les complices de ses crimes, ou les protégés des criminels. Haï et méprisé du sénat, il sévit cruellement contre ce corps auguste.

IV.[modifier]

Sa cruauté détermina Quadratus et Lucilla, aidés des conseils du préfet du prétoire, Tarutinus Paternus, à former une entreprise contre sa vie. L’exécution en fut confiée à son parent Claude Pompéien, qui, entrant chez Commode un glaive à la main, s’ingéra, au lieu de le frapper de suite, de lui dire : « Le sénat t’envoie ce poignard. » Cette sotte apostrophe, en le trahissant, l’empêcha d’exécuter une entreprise où étaient entrés avec lui beaucoup de citoyens. Commode fit d’abord périr Pompéien et Quadratus, puis Narbana, Norbanus et Paralius, dont la mère, Lucilla, fut envoyée en exil. Les préfets du prétoire, voyant la haine que l’on portait à Commode, à cause de sa passion pour Antérus, et ne pouvant supporter le pouvoir de ce favori, imaginèrent de l’attirer, pour une cérémonie religieuse, hors du palais ; puis, au moment où il revenait dans ses jardins, ils le firent tuer par des vivandiers.

Commode fut plus sensible à cette mort qu’à un attentat contre sa propre vie. Paternus, un des meurtriers d’Antérus, et, autant qu’on pouvait le conjecturer, un des complices de la conjuration formée contre Commode, dont il avait tout fait pour sauver les auteurs, fut écarté de la préfecture, à l’instigation de Tigidius, et il reçut le laticlave. Peu de jours après, l’empereur l’accusa de conspirer contre lui, et prétendit qu’il n’avait promis sa fille au lit de Julien que dans le but de placer celui-ci sur le trône. Il fit donc périr aussitôt Paternus, Julien et Vitruvius Secundus, intime ami de Paternus et secrétaire impérial. La famille des Quintilius fut immolée tout entière, sous le prétexte que Sextus, fils de Cocidianus, ne s’était évadé, en se faisant passer pour mort, qu’afin d’exciter une révolte. On tua aussi Vitrasia Faustina, et les consulaires Vélius Rufus et Egnatius Capito. Les consuls Emilius Junetus et Attilius Sévère furent envoyés en exil, et beaucoup d’autres diversement punis.

V.[modifier]

Depuis ce moment, Commode ne se montra que rarement en public, et ne permit à personne de l’entretenir de quoi que ce fût, avant que Pérennis eût pris connaissance de l’affaire. Celui-ci, qui connaissait parfaitement son caractère, en profita pour augmenter son pouvoir. Il engagea Commode à se livrer aux plaisirs, et à lui laisser le fardeau des affaires ; arrangement auquel le prince souscrivit avec empressement. Ne songeant plus qu’à vivre suivant cette loi, il rassembla dans son palais trois cents concubines, choisies, pour leur beauté, parmi les dames romaines et les prostituées, ainsi que trois cents jeunes débauchés, choisis également dans la noblesse et dans le peuple, et que l’élégance de leurs formes désignait à ses ignobles plaisirs : les mêmes festins pour tous, pour tous les mêmes bains. Il s’habillait parfois en victimaire, et immolait des victimes. Parfois aussi il escrimait dans l’arène, avec de simples fleurets ou même avec des épées bien affilées, contre ces gladiateurs qui combattent sous la loge impériale.

Cependant Perennis s’arrogea tout le pouvoir ; il fit périr ceux qu’il voulut ; il dépouilla beaucoup de citoyens ; il bouleversa toutes les lois ; il s’appropria un butin immense. De son côté, Commode tua Lucilla, sa sœur, après l’avoir déshonorée. Il viola aussi, dit-on, ses autres sœurs, se fit livrer la cousine germaine de son père, et fit prendre à une de ses concubines le nom de sa mère et de sa femme. L’ayant surprise en adultère, il la chassa, puis l’exila, et enfin la fit mourir.

Il obligeait ses concubines mêmes à se livrer, sous ses yeux, aux plaisirs de l’amour. Avide de toutes les infamies, il soutenait, à son tour, les assauts des jeunes gens ; et il n’y avait pas une partie de son corps, y compris la bouche, qu’il ne souillât dans son commerce avec les deux sexes.

Claudius périt, vers ce temps-là, sous le fer de prétendus voleurs : il était le père de Pompéien, qui était, un jour, entré chez Commode un poignard à la main. Beaucoup d’autres sénateurs furent mis à mort sans avoir été jugés, ainsi que des femmes connues pour leur fortune. Dans les provinces, quelques particuliers dont Pérennis enviait les richesses en furent dépouillés, ou périrent pour des crimes supposés. A ceux qu’on ne pouvait accuser d’aucun crime réel, on en faisait un de vivre encore après avoir voulu instituer Commode leur héritier.

VI.[modifier]

Les généraux romains obtinrent, à cette époque, en Sarmatie, des avantages dont Pérennis rapporta toute la gloire à son fils. Cependant ce favori si puissant, accusé auprès de Commode, par des députés de l’armée de Bretagne, d’en avoir ôté le commandement à des sénateurs pour le confier à des chevaliers, se vit tout à coup déclarer ennemi public, et fut abandonné à la fureur des soldats. Cléandre, officier de la chambre de l’empereur, succéda au pouvoir de ce ministre. Commode, après la mort de Pérennis et de son fils, feignant qu’ils avaient agi sans son aveu, révoqua une partie de leurs actes, comme s’il eût pensé à rétablir l’ordre dans l’État.

Mais il ne put garder au-delà de trente jours le repentir de ses crimes, et il en commit, par le ministère de Cléandre, de plus atroces encore que par celui de Pérennis. Cléandre avait, comme on l’a dit, remplacé celui-ci, et la préfecture du prétoire avait été donnée à Niger, qui ne conserva, dit-on, ses fonctions que six heures. Les préfets du prétoire étaient changés d’une journée, d’une heure à l’autre ; et Commode se montrait plus cruel que jamais. Martius Quartus ne fut que cinq jours préfet du prétoire. Ceux qui se succédaient dans ce poste y étaient ou maintenus ou tués, selon la volonté de Cléandre. D’un mot, il élevait des affranchis au rang de sénateurs et de patriciens. On vit pour la première fois vingt-cinq consuls dans une même année. Toutes les provinces furent mises à l’encan. Cléandre vendait tout ; il rappelait les exilés, les comblait de dignités, cassait, à son gré, les jugements. Il acquit, grâce à l’imbécillité de Commode, un tel pouvoir, que Byrrus, beau-frère de l’empereur, ayant blâmé hautement et dénoncé à celui-ci ce qui se faisait, il l’accusa d’aspirer au trône, l’en rendit suspect, et le fit périr, avec beaucoup d’autres qui étaient dans ses intérêts. Le préfet Ebutien fut de ce nombre. Cléandre fut mis à sa place, ainsi que deux autres qu’il choisit lui-même. On vit alors, pour la première fois, trois préfets du prétoire, et parmi eux un affranchi qui fut appelé le secrétaire du poignard.

VII.[modifier]

Mais la fin de Cléandre fut digne de sa vie. Car, après qu’il eut fait périr Arrius Antonin sur de fausses accusations, et pour servir la vengeance d’Attale, condamné par Arrius pendant son proconsulat d’Asie, Commode, ne pouvant plus tenir, à la fin, contre la haine que le peuple portait à ce favori, le lui abandonna. Apolaustus et quelques autres affranchis de la cour furent massacrés comme lui. Cléandre avait eu commerce avec les concubines du prince, et en avait eu des fils qui, après sa mort, furent tués avec leurs mères. Julien et Régillus lui succédèrent ; mais Commode ne tarda pas à leur faire aussi donner la mort. Après eux, il fit périr, avec leurs parents, Servilius et Dulius, de la maison des Silanus ; ensuite Anitius Lupus, puis Mamertinus et Sura, de la famille des Pétronius, et Antonin, fils de Mamertinus et de sa sœur ; et après ceux-là, six consulaires à la fois, Allius Fuscus, Célius Félix, Lucéius Torquatus, Lartius Euripianus, Valérius Bassianus et Pactuléius Magnus, avec leur famille. Il envoya tuer en Asie le proconsul Sulpitius Crassus et Julius Proculus, avec leurs parents, ainsi que le consulaire Claude Lucanus ; en Achaïe, Faustine Annia, cousine germaine de son père, et une infinité d’autres personnes. Ayant épuisé, dans ses débauches, toutes les ressources de l’empire, il avait encore résolu la mort de quatorze citoyens.

VIII.[modifier]

Lorsque Commode eut désigné consul l’adultère de sa mère, le sénat, pour se moquer sans doute, lui donna le nom de Pieux, et quand il eut fait mourir Pérennis, celui d’Heureux. On dit qu’au milieu de ce massacre des citoyens, ce pieux, cet heureux empereur supposa, comme un autre Sylla, une conspiration contre ses jours, afin d’avoir à immoler à la fois un plus grand nombre de victimes. Il n’y eut pourtant pas d’autre conjuration que celle d’Alexandre, qui se tua ensuite avec ses complices, et celle de Lucilla, sœur de Commode. Les flatteurs donnèrent aussi à ce prince le surnom de Britannique, parce que les Bretons avaient voulu élire un autre empereur. Il reçut encore le titre d’Hercule romain, pour avoir tué des bêtes féroces dans l’amphithéâtre de Lanuvium. C’était un de ses exercices habituels que de tuer, chez lui, des animaux. Il poussa la démence jusqu’à vouloir que Rome fût appelée colonie de Commode, et cette monstrueuse fantaisie lui vint, dit-on, au milieu des voluptés où il se plongeait avec Martia. Il voulut aussi conduire dans le cirque des chars attelés de quatre chevaux. Il se montra en public avec une dalmatique, et il donna, dans ce costume, le signal du départ des quadriges. Lorsqu’il proposa au sénat de changer le nom de Rome en celui de Commode, non seulement cette assemblée y consentit (probablement par dérision), mais elle adopta encore pour elle-même le nom de sénat Commodien, et elle appela Commode Hercule et dieu.

IX.[modifier]

Il feignit une fois, pour se faire payer des frais de voyage, de vouloir aller en Afrique ; il reçut cet argent, et le dépensa en festins et au jeu. Il empoisonna avec des figues le préfet du prétoire Motilène. On lui érigea des statues qui le représentaient en Hercule, et des victimes lui furent immolées comme à un dieu. Il avait résolu la mort d’un grand nombre de personnes, et l’avis en fut donné par un enfant, qui jeta hors de la chambre du prince la liste où étaient écrits les noms de ceux qui devaient périr.

Commode pratiquait le culte d’Isis, au point de se faire raser la tête et de porter un Anubis. Il ordonna aux adorateurs de Bellone, par un raffinement de cruauté, de se faire au bras de véritables blessures. Il força les prêtres d’Isis à se frapper jusqu’au sang la poitrine avec des pommes de pins. Lorsqu’il portait l’Anubis, il donnait de rudes coups sur les têtes nues des prêtres Isiaques, avec la bouche de l’idole.

Armé d’une massue et couvert de vêtements de femme ou d’une peau de lion, il assomma non seulement des lions, mais aussi des hommes. A ceux qui étaient faibles des jambes et qui ne pouvaient marcher, il donnait une taille gigantesque, en les faisant envelopper, depuis les genoux jusqu’en bas, de linges et d’étoffes dont l’arrangement rappelait la forme des dragons ; puis il les tuait à coups de flèches. Il souilla par un homicide réel les mystères de Mithra, où l’on ne fait que dire et feindre des choses effrayantes.

X.[modifier]

Il fut, dès son enfance, gourmand et impudique. Dans sa jeunesse, il commit toutes sortes d’infamies avec ceux qui l’entouraient, et il se prêta à toutes les leurs. Quiconque se moquait de lui était exposé aux bêtes. Il fit même subir ce supplice à quelqu’un qui avait lu dans Suétone la vie de Caligula, parce qu’il était né le même jour que cet empereur. S’il entendait dire à quelqu’un qu’il voudrait être mort, il le faisait tuer aussitôt, malgré ses refus. Dans ses jeux même il était cruel : ainsi, parmi les cheveux noirs d’un homme en ayant vu de blancs qui ressemblaient à des vermisseaux, il en approcha un étourneau, qui, croyant donner la chasse à des vers, ne fit bientôt qu’une plaie de la tête de ce malheureux. Il fendit, un jour, le ventre à un homme gras, pour en voir sortir précipitamment les intestins. Il appelait par dérision ses monopodes et ses borgnes ceux à qui il avait fait couper un pied ou crever un œil. Il fit périr partout un grand nombre d’hommes ; les uns parce qu’ils s’étaient présentés devant lui habillés comme les barbares ; les autres parce qu’ils avaient l’air noble et distingué. Il aimait particulièrement ceux qui portaient les noms des parties honteuses des deux sexes, et il les embrassait de préférence. Parmi ses familiers était un homme pourvu d’un énorme membre viril, et qu’il appelait Onon ; il l’enrichit, et le fit grand prêtre d’Hercule des champs.

XI.[modifier]

On dit qu’il mêla souvent des excréments humains aux mets les plus recherchés, et même qu’il en goûta, pour se donner le plaisir, en croyant tromper ses convives, de leur en voir manger. Il se fit servir sur un plat d’argent deux bossus tout rabougris et couverts de moutarde, et il leur donna aussitôt des dignités et des richesses. Il fit jeter dans un vivier, en présence de tous les officiers du palais, et avec sa toge, le préfet du prétoire Julien. Il le força aussi à danser nu devant ses concubines, en jouant de la cimbale et le visage barbouillé. Afin de mieux nourrir sa luxure, il se fit rarement servir à table des légumes cuits. Il se baignait sept et huit fois par jour, et mangeait dans le bain. Il commettait des impuretés, et versait le sang humain jusque dans les temples des dieux. Parfois aussi, faisant le médecin, il saignait jusqu’à la mort ceux qui se disaient malades.

Attentifs à tout ce qui le flattait, les courtisans changèrent en son honneur les noms de quelques mois : celui d’août fut appelé Commode ; celui de septembre, Hercule ; d’octobre, l’Invincible ; de novembre, le Triomphant ; de décembre, l’Amazone. Ce dernier mois fut ainsi nommé de sa concubine Martia, dont il affectionnait un portrait qui la représentait en Amazone ; et par amour pour elle, il voulut lui-même se montrer sous ce costume dans l’arène de Rome. Il combattit aussi contre les gladiateurs, et il accepta les noms des plus fameux avec autant de joie que des titres triomphaux. Il prit souvent part à ces combats, et, chaque fois, il ordonnait de le consigner dans les monuments publics. Il combattit, dit-on, sept cent trente-cinq fois.

XII.[modifier]

Il fut fait César le quatre des ides d’octobre, qu’il nomma plus tard les ides d’Hercule ; Pudens et Pollion étaient alors consuls. On lui donna le nom de Germanique aux ides d’Hercule, sous le consulat de Maxime et d’Orphite. Il fut reçu prêtre dans tous les collèges sacerdotaux le treize des calendes Invincibles, sons les consuls Pison et Julien. Il partit pour la Germanie sous le même consulat, le quatorze des calendes Eliennes, ainsi qu’il les appela depuis. Il prit la toge virile, et fut salué empereur avec son père, le cinq des calendes Triomphantes, sous le second consulat de Pollion et d’Aper. Il triompha le dix des calendes Amazoniennes, sous les mêmes consuls. Il partit de nouveau le trois des nones Commodiennes, Orphite et Ruffus étant consuls. Il fut confié pour toujours à la fidélité de sa garde, dans le palais Commodien, par l’armée et le sénat, le onze des calendes Romaines, sous le second consulat de Présens. Instruits qu’il méditait un troisième voyage, le sénat et le peuple le retinrent à Rome. On fit des vœux pour lui aux nones Pies, sous le second consulat de Fuscianus.

On trouve écrit qu’il combattit trois cent soixante-cinq fois, du vivant de son père. Il remporta ensuite tant de fois la palme des gladiateurs, en domptant des rétiaires, ou en les tuant, qu’il en montrait jusqu’à mille. Il tua de sa main plusieurs milliers de bêtes féroces, même des éléphants ; et tout cela, il le fit ayant pour spectateur le peuple romain.

XIII.[modifier]

Il montrait de la vigueur dans tous ces exercices, quoiqu’il fût d’ailleurs d’une constitution faible et débile ; il avait même entre les aînes une tumeur si considérable, qu’on la voyait à travers ses vêtements de soie. On a écrit contre lui beaucoup de vers, dont Marius Maximus parle avec éloge dans son ouvrage. Il déployait tant de force dans ses combats contre les bêtes du cirque, qu’il perçait un éléphant d’outre en outre avec sa lance, qu’il plantait son javelot dans la corne d’un oryx, et qu’il tua du premier coup plusieurs milliers d’animaux énormes. On le vit très souvent, tant son impudence était grande, boire publiquement et en plein théâtre, habillé en femme.

Pendant qu’il vivait ainsi, ses lieutenants soumirent les Maures, vainquirent les Daces, pacifièrent les Pannonies, et firent reconnaître son pouvoir dans la Bretagne, dans la Germanie et dans la Dacie, provinces qui voulaient s’y soustraire. Tout cela fut l’œuvre de ses généraux.

Commode était si lent et si paresseux à signer, qu’il décidait souvent par le même décret plusieurs affaires différentes. Dans la plupart de ses lettres il n’employait que la formule de salut. Tout s’expédiait par d’autres, qui faisaient, dit-on, leur profit des condamnations.

XIV.[modifier]

Cette négligence, en permettant à ceux qui gouvernaient alors la république de dissiper les approvisionnements, causa une grande disette à Rome, quoique le blé ne manquât pas. Il est vrai pourtant que l’empereur fit ensuite mourir les auteurs de ce désordre, et confisqua leurs biens. Pour lui, assimilant, sous le nom de Commodien, son siècle au siècle d’or, il diminua le prix des vivres ; ce qui ne fit qu’augmenter la disette. Beaucoup de citoyens furent obligés, sous son règne, de racheter leur vie et celle de leurs parents. Il vendit les divers genres de supplices, les sépultures, l’impunité des crimes, et il sacrifia les citoyens les uns aux autres. Il vendit même les provinces et les gouvernements, partageant le prix de la vente avec ceux qui la faisaient. Il vendit à quelques-uns la vie de leurs ennemis. Ses affranchis vendirent la décision des procès. Il ne supporta pas longtemps les préfets Paternus et Pérennis, et de tous ceux à qui il donna ces fonctions, aucun ne les garda trois ans : ils périrent presque tous par le glaive ou par le poison. Il changeait aussi facilement les préfets de la ville.

XV.[modifier]

Il n’hésita pas à tuer successivement tous les officiers de sa chambre, quoiqu’il n’eût jamais d’autre règle que leur volonté. Son chambellan Eclectus, voyant avec quelle facilité il faisait périr ceux qui étaient attachés au service de sa personne, prévint ses coups, et entra dans un complot contre sa vie. Comme simple spectateur, Commode se montrait dans le cirque avec les armes des gladiateurs, et un petit manteau de pourpre jeté sur ses épaules nues. Il avait aussi l’habitude, comme le prouvent les écrits de Marius Maximus, de faire inscrire dans les actes de Rome tout ce qu’il faisait de honteux, d’impur, de cruel, en un mot toutes ses prouesses de gladiateur ou de débauché. Il appela Commodien le peuple romain, devant lequel il combattit très souvent dans l’arène. La multitude, tant de fois témoin de ses combats, l’ayant, un jour, applaudi comme un dieu, il prit ces éloges pour une raillerie, et commanda aux soldats de la flotte, qui étaient chargés de tendre les voiles sur l’amphithéâtre, de la massacrer pendant le spectacle. Il avait ordonné aussi d’incendier Rome, comme étant sa colonie ; et l’ordre eût été exécuté, si le préfet du prétoire, Létus, ne le lui eût fait révoquer. Entre autres titres de gloire, il reçut six cent vingt fois le nom de Paulus, vainqueur des vainqueurs.

XVI.[modifier]

Voici les prodiges, publics et particuliers, qui arrivèrent sous son règne. On vit une étoile chevelue. On aperçut dans le forum les traces des dieux qui venaient d’en sortir. Avant la guerre des déserteurs, le ciel parut en feu. De subites et épaisses ténèbres couvrirent le cirque, aux Calendes de janvier. Des oiseaux incendiaires et de mauvais augure se montrèrent avant le jour. Commode quitta le palais, disant qu’il n’y pouvait pas dormir, et il alla sur le mont Célius, dans le palais Vectilien. Le temple de Janus s’ouvrit spontanément, et la statue de marbre d’Anubis parut se mouvoir. Celle d’Hercule, qui était d’airain, fut vue toute en sueur, pendant plusieurs jours, dans le portique de Minutius. Un hibou fut pris au-dessus de la chambre à coucher de l’empereur, tant à Rome qu’à Lanuvium. Commode se donna lui-même un funeste présage : il essuya à sa tête la main qu’il venait de plonger dans la blessure d’un gladiateur, mort à ses pieds ; et il ordonna, contre l’usage, que l’on vînt au spectacle non en toge, mais en manteaux ; costume qui se portait d’ordinaire aux funérailles : lui-même y présida vêtu de brun. Son casque fut porté deux fois hors de la porte Libitine.

XVII.[modifier]

Il donna au peuple un congiaire de sept cent vingt-cinq deniers par tête. Il fut d’ailleurs très peu libéral avec les autres citoyens, parce que son luxe avait épuisé le trésor. Aux jeux ordinaires du cirque il en ajouta beaucoup d’autres, moins par des motifs religieux que pour satisfaire ses caprices et enrichir les chefs des factions.

Encouragés par cette conduite, son préfet Quintus Elius Létus et sa concubine Martia formèrent, quoique trop tard, une conjuration pour le tuer. Ils lui donnèrent d’abord du poison ; mais comme il n’opérait pas assez vite, ils le firent étrangler par un athlète avec lequel il avait coutume de s’exercer.

Ce prince était d’une taille ordinaire, et il avait cet air hébété qui est particulier aux ivrognes. Sa conversation était sans agrément. Il teignait toujours sa chevelure, et la parsemait de poudre d’or ; il se brûlait la barbe et les cheveux, de peur des barbiers.

Le peuple et le sénat demandèrent que son corps fût traîné avec un croc, et jeté dans le Tibre : mais Pertinax ordonna, dans la suite, qu’on le déposât dans le tombeau d’Adrien. Il ne reste de lui aucun monument, que les bains construits par Cléandre. Son nom fut effacé par le sénat des édifices où on l’avait inscrit, et qui n’étaient pas son ouvrage. Il n’acheva aucun des travaux commencés par son père. Il équipa une flotte africaine, qui devait surtout servir dans le cas où les blés d’Alexandrie seraient venus à manquer. Il fit prendre à Carthage le nom ridicule d’Alexandrie romaine de Commode, et à cette flotte celui de Commodienne Herculéenne. Il ajouta au colosse quelques ornements, qui en furent tous arrachés dans la suite. Il fit enlever à cette immense statue la tête de Néron, pour y substituer la sienne, et il y fit graver les inscriptions d’usage, sans oublier ses noms de gladiateur et de débauché.

Toutefois l’empereur Sévère, qui était tel de nom et d’effet, décida, sans doute en haine du sénat, que Commode serait mis au rang des dieux ; et il lui donna le flamine que celui-ci avait lui-même choisi de son vivant, sous le nom d’Herculéen Commodien. Ce prince laissa trois sœurs. Sévère voulut qu’on célébrât les anniversaires de sa naissance.

XVIII.[modifier]

Les acclamations du sénat, après la mort de Commode, furent d’une extrême violence. Pour que l’on puisse juger des sentiments de cette assemblée à son égard, j’extrairai de Marius Maximus le passage où sont consignées ces acclamations et la sentence du sénat : « Que l’on arrache les honneurs à l’ennemi de la patrie ; qu’on arrache les honneurs au parricide ; que le parricide soit traîné. Que l’ennemi de la patrie, que le parricide, que le gladiateur soit déchiré dans le spoliaire. L’ennemi des dieux ! le bourreau du sénat ! l’ennemi des dieux ! le parricide du sénat ! Au spoliaire, le gladiateur ! Que le meurtrier du sénat soit exposé dans le spoliaire. Que le meurtrier du sénat soit traîné avec le croc. Que l’assassin des innocents soit traîné ! l’ennemi ! le parricide ! le cruel ! Qu’on traîne avec le croc celui qui n’a pas épargné son propre sang. Qu’on traîne avec le croc celui qui voulait vous tuer, César. Vous avez partagé nos craintes et nos dangers. Pour notre salut, grand et puissant Jupiter, conserve-nous Pertinax ! Honneur à la fidélité des prétoriens ; honneur aux cohortes prétoriennes ; honneur aux armées romaines ; honneur à la piété du sénat. Qu’on traîne le parricide. Nous demandons, prince Auguste, qu’on traîne le parricide. Nous demandons qu’on traîne le parricide. Consentez-y, César. Qu’on livre aux lions les délateurs ; César, consentez-y. Aux lions les délateurs ; César, ordonnez-le. Aux lions Spératus. Honneur à la victoire du peuple romain ; honneur à la fidélité des soldats ; honneur à la fidélité des prétoriens ; honneur aux cohortes prétoriennes. A bas partout les statues de cet ennemi ; à bas les statues du parricide ; à bas les statues du gladiateur ; qu’on renverse les statues du gladiateur et du parricide ; qu’on traîne le meurtrier des citoyens ; qu’on traîne le parricide des citoyens ; qu’on abatte les statues du gladiateur. Avec vous nous sommes sauvés, nous sommes tranquilles ; oui, oui, nous le sommes ; nous le sommes ! vraiment, dignement, librement. Nous ne craignons plus rien ; que les délateurs tremblent ; qu’ils tremblent, et nous sommes sans crainte. Nous sommes sauvés. Hors du sénat les délateurs. Le supplice du bâton aux délateurs, puisque vous êtes sauvé ; aux lions les délateurs ; César, ordonnez-le. Le supplice du bâton aux délateurs. Que la mémoire du gladiateur parricide soit abolie ; que les statues du gladiateur parricide soient renversées. Qu’on abolisse le souvenir de l’impur gladiateur ; au spoliaire, le gladiateur. Ordonnez-le, César ; qu’on traîne le bourreau avec le croc ; que le bourreau du sénat soit traîné avec le croc, selon l’usage de nos ancêtres. Il fut plus cruel que Domitien, plus impur que Néron ; il a vécu comme eux, qu’il soit traîné comme eux. Qu’on réhabilite la mémoire des innocents ; qu’on rende des honneurs à leur mémoire. Nous demandons que le cadavre du parricide soit traîné avec le croc ; qu’on traîne avec le croc le cadavre du gladiateur ; qu’on jette dans le spoliaire le cadavre du gladiateur. Prenez les avis, prenez les avis ; nous voulons tous qu’on le traîne avec le croc. Il a tué tout le monde ; qu’il soit traîné. Il n’a épargné aucun âge ; qu’il soit traîné. Il n’a épargné aucun sexe, qu’il soit traîné. Il n’a pas épargné les siens ; qu’il soit traîné. Il a dépouillé les temples ; qu’il soit traîné. Il a violé les testaments ; qu’il soit traîné. Il a dépouillé les vivants ; qu’il soit traîné. Nous avons obéi à des esclaves. Il a mis un prix au droit de vivre ; qu’il soit traîné. Il a mis un prix au droit de vivre, et n’a pas tenu ses engagements ; qu’il soit traîné. Il a vendu le sénat ; qu’il soit traîné. Il a spolié les héritiers ; qu’il soit traîné. Hors du sénat les espions ; hors du sénat les délateurs. Hors du sénat les suborneurs d’esclaves. Vous avez partagé nos craintes ; vous savez tout ; vous connaissez les bons et les méchants. Vous savez tout ; corrigez tous les maux. Nous avons craint pour vous. Nous sommes heureux, puisque vous régnez. Faites juger le parricide ; faites-le juger. Prenez les avis ; prenez-les ; nous demandons votre présence. Les innocents sont encore sans sépulture. Que le cadavre du parricide soit traîné. Le parricide a exhumé les morts ; que le cadavre du parricide soit traîné. »

XIX.[modifier]

Sur l’ordre de Pertinax, donné par Livius Laurensis, son intendant, à Fabius Chilon, consul désigné, le cadavre de Commode ayant été enseveli la nuit, les sénateurs s’écrièrent : « Qui a ordonné de l’ensevelir ? Qu’on déterre le parricide, et qu’il soit traîné. » Cingius Sévère dit alors : « Il ne méritait pas de sépulture : je le dis en qualité de pontife, et le collège des prêtres le dit avec moi. Après avoir exposé ce qui doit nous rendre heureux, je dirai ce qu’il est nécessaire de faire. Mon avis est qu’il faut abattre les statues de celui qui, n’ayant vécu que pour la ruine des citoyens et pour sa propre honte, a obtenu par la terreur les distinctions qu’on lui a décernées. Qu’on renverse donc partout ces statues, et qu’on efface son nom de tous les monuments publics et particuliers ; enfin qu’on rende aux mois les noms qu’ils portaient avant que ce fléau désolât la république. »



L’EMPEREUR PERTINAX,

PAR JULES CAPITOLIN.

SOMMAIRE.

I. Origine du nom de Pertinax. Prodige arrivé à l’heure de sa naissance. Ses études. Il devient centurion et chef de cohorte. — 1I. Ses emplois militaires et civils. Ses exploits. — III. Sa cupidité. Il reste disgracié trois aus. Commode l’envoie en Bretagne, où il apaise une sédilion , au péril de sa vie. Son rappel. — IV. Ses nouvelles diguités. 11 est salué empereur par les meurtriers de Commode, puis par le sénat. — V. 11 est appelé Auguste, Père de la patrie, etc. Son premier mot d’ordre.

— VI. Les soldats veulent élire un autre empereur. Ses sages règlements lui font des ennemis. — VII. Son administration. 11 fait vendre tout ce qui avait appartenu à Commode, — VIII. ll réduit toutes les dépenses impériales. — 1X. Il rétablit l’ordre dans le trésor publie. Son avarice. — X. Le préfet Létus et quelques mécontents conspirent, aprés d’autres, contre sa vie. — XI. Trois ceuts soldats envahissent Ie palais et tuent Pertinax. — XII. Son portrait. Ses repas. — XIII. Son éloi« gnement pour le pouvoir. Ses enfants et sa femme. — XIV. Présages qui annoncèrent sa mort. Ses obsèques.

— XV. Des honneurs tardifs lui sont rendus sous l’empereur Sévère.


I.

Publius Helvius Pertinax avait pour père un affranchi, Helvius Successus, qui vendait du charbon, et qui, voyant son fils s'opiniâtrer à continuer ce commerce, lui fit, dit-on, porter le nom de Pertinax[1]. Ce dernier naquit dans un endroit de l'Apennin, nommé la villa de Mars[2]. Au moment de sa naissance, un poulain monta sur le toit de la maison, y resta quelques instants, et se tua en tombant. Le père, frappé de cette circonstance, alla trouver un Chaldéen ; mais après l'avoir entendu lui prédire pour son fils une brillante destinée, il s’écria : « J'en suis pour mon argent. » Pertinax apprit de bonne heure à lire et à compter. On lui donna aussi un maître pour le grec, et ensuite Sulpitius Apollinaire. A la mort de ce dernier, il se mit lui-même à enseigner la grammaire. Ce métier lui rapportant fort peu, il demanda et obtint, par le crédit du consulaire Lollianus Avitus, patron de son père, la dignité de centurion. Devenu, sous l'empereur T. Aurélius[3], chef d'une cohorte qui était en Syrie, il partit pour la rejoindre ; mais il fut forcé par le gouverneur de cette province à faire à pied le chemin, depuis Antioche jusqu'au lieu de sa destination, parce qu'il avait entrepris ce voyage sans lettres de service[4].

II.[modifier]

Il servit avec distinction dans la guerre contre les Parthes, et il passa de là en Bretagne, où on le retint quelque temps. Il commanda ensuite un corps de cavalerie dans la Mésie, et il fut chargé, à son retour, du soin d'approvisionner les villes situées sur la voie Emilienne. Plus tard, il conduisit une flotte dans la Germanie. Sa mère, qui l’accompagna jusque dans ce pays, y mourut et l’on assure qu'on y voit encore son tombeau. Après cette expédition, il passa dans la Dacie avec un emploi de deux cent mille sesterces[5]. Mais Marc-Aurèle, à qui des rapports malveillants le rendirent suspect, ne tarda pas à le rappeler. Peu de temps après, Claude Pompéien, gendre de l'empereur, qui semblait vouloir s'en faire un partisan pour plus tard, lui donna un commandement dans la cavalerie. Cette charge, qu'il remplit avec honneur, lui ouvrit l'entrée du sénat. Il continua de se distinguer partout. La trame ourdie contre lui fut enfin découverte, et Marc-Aurèle, pour réparer l'injure qu’il lui avait faite, le mit au rang des anciens préteurs et à la tête de la première légion. A peine investi de ce commandement, il délivra les Rhéties et la Norique des ennemis de l'empire. Sa réputation augmentant de jour en jour, l'empereur Marc-Aurèle le désigna consul. On trouve dans Marius Maximus un discours de ce prince contenant l'éloge de Pertinax et la relation de tout ce qu'il a fait ou souffert. Sans le répéter ici, disons que Marc-Aurèle fit très-souvent son éloge en plein sénat et en présence de l'armée; il témoigna même publiquement beaucoup de regret de ce que sa qualité de sénateur ne permettait pas de l’élever au rang de préfet du prétoire[6]. Les troubles excités par Cassius une fois apaisés, Pertinax quitta la Syrie, pour couvrir le Danube. Il fut ensuite nommé gouverneur des deux Mésies, et, peu après, de la Dacie. Ses exploits dans ces différentes provinces lui valurent le gouvernement de la Syrie.

III.[modifier]

Pertinax montra beaucoup d'intégrité jusqu'à l'époque de son gouvernement de Syrie; mais, après la mort de Marc-Aurèle, il devint cupide ; aussi fut-il souvent en butte aux railleries du peuple. Après avoir gouverné quatre provinces consulaires, il revint fort opulent à Rome, qu'il n'avait pas encore vue comme sénateur, ayant exercé son consulat loin de cette ville. A peine y fut-il arrivé, que Pérennis lui enjoignit de se retirer en Ligurie, dans le hameau où son père avait vendu du charbon. Pertinax s'y rendit, y acheta beaucoup de terres, et entoura d'une infinité d'édifices la boutique de son père, à laquelle il Jaissa la même forme qu'auparavant. Il demeura là trois années, trafiquant par ses esclaves. Pérennis mort, Commode rendit justice à Pertinax. Il lui écrivit, et lui ordonna de partir pour la Bretagne. Pertinax obéit, et parvint à y arrêter les mouvements séditieux des soldats, qui voulaient un autre empereur, quel qu'il fût, mais surtout Pertinax lui-même. Toutefois il fut alors soupçonné d'avoir insinué méchamment à Commode qu’Antistius Burrus et Arrius Antonin aspiraient au trône. Il étouffa donc en Bretagne des séditions dont il était lui-même le sujet; mais ce ne fut pas sans courir de grands dangers : il faillit périr dans la révolte d’une légion, et fut laissé pour mort sur la place. Mais il tira bientôt une vengeance terrible de cet attentat. Enfin il demanda son rappel, disant que sa fermeté pour le maintien de la discipline l'avait rendu odieux aux légions.

IV.[modifier]

Ayant donc reçu un successeur, il fut chargé du soin des approvisionnements, puis du proconsulat de l'Afrique. Il eut, dit-on, à réprimer, dans ce gouvernement, plusieurs séditions excitées par les prophéties des prêtresses d'Uranie, Appelé à la préfecture de Rome, à la place de Fuscianus, magistrat sévère, il montra beaucoup de douceur et de bonté, et il se rendit fort agréable à Commode. Il reçut alors la confidence du projet formé par quelques mécontents, d'ôter la vie à ce prince. Lorsque Commode fut tué, Létus, préfet du prétoire, et le chambellan Électus, allèrent offrir l'empire à Pertinax, et le conduisirent au camp. Pertinax harangua les soldats, promitun donatif, et dit que Létus et Électus lui imposaient l'empire. Les conjurés, dans la crainte qu'on n’excitât contre eux le ressentiment des troupes, répandirent le bruit que Commode était mort de maladie. Pertinax ne fut d'abord salué empereur que par un petit nombre de Romains. Cette élection eut lieu la veille des calendes de janvier : il avait alors plus de soixante ans. Du camp, il se rendit au sénat. C'était la nuit ; et le gardien ne s’y trouvant pas pour en ouvrir les portes, le nouvel empereur attendit dans le temple de la Concorde. Claude Pompéien, gendre de Marc-Aurèle, ne tarda pas à venir le trouver, et se répandit en regrets sur la mort de Commode. Pertinax l’exhorta aussitôt à prendre l'empire; mais Pompéien s'y refusa, voyant que Pertinax en était maître. Tous les magistrats, avec les consuls, s'étant rendus ensuite au sénat, Pertinax les y suivit, et fut proclamé empereur.

V.[modifier]

Pertinax, après avoir entendu les consuls faire son éloge, et tout le sénat flétrir la mémoire de Commode, remercia cette assemblée, et surtout le préfet Létus, par qui ce prince avait été tué, et lui-même fait empereur. Le consul Falcon lai dit alors: « Il nous est aisé de prévoir comment vous régnerez, puisque vous conservez Létus et Martia, les complices des crimes de Commode. » Pertinax lui répondit : « Consul, vous êtes jeune, et vous ignorez la nécessité de se plier aux circonstances. C'est malgré eux qu'ils ont obéi à Commode, et ils ont montré, dès qu'ils l'ont pu, ce qu’ils n’ont jamais cessé de vouloir. » Flavia Titiana, épouse de Pertinax, fut appelée Auguste le même jour que lui, et il fut le premier qui, en faisant les vœux au Capitole, reçut, avec ce titre, celui de Père de la patrie. On l'investit aussi, en même temps, du pouvoir proconsulaire, et du droit de porter devant le sénat quatre affaires dans la même séance; empressement qui fut regardé comme un mauvais présage. Pertinax se rendit ensuite au palais, qui alors était vide, Commode ayant été tué dans le palais Vectilien. Au tribun qui vint, le premier jour, lui demander le mot d'ordre, il répondit : Combattons, flétrissant ainsi la lâche tranquillité du règne précédent. Ce mot, il l'avait d’ailleurs donné dans toutes les guerres où il avait commandé.

VI.[modifier]

Les soldats ne purent souffrir un tel reproche, et ils pensèrent aussitôt à choisir un autre empereur. Ce jour-là aussi, Pertinax réunit dans un grand festin les magistrats et les principaux sénateurs; usage que Commode avait négligé. Quand on abattit, le lendemain des calendes, les statues de ce prince, les soldats murmurèrent, d'autant plus que l'empereur avait encore donné le même mot d'ordre. On avait tout à craindre de l’armée sous un chef déjà vieux. En effet, le troisième jour des nones, jour des vœux annuels, les soldats voulurent mener dans leur camp et couronner Triarius Maternus Lascivius, sénateur d’une noble famille ; mais il se sauva tout nu, courut au palais de Pertinax, et sortit ensuite de Rome. Pertinax, de peur de plus grands maux, confirma tout ce que Commode avait donné aux soldats et aux vétérans. Il déclara tenir sa dignité du sénat, quoiqu'il l’eût acceptée sans son aveu. Il s'engagea par serment à ne rechercher personne pour crime de lèse-majesté. Il rappela ceux qu'on avait déportés pour ce crime. Il réhabilita la mémoire de ceux qu'on avait tués. Le sénat voulut donner à son fils le titre de César ; mais Pertinax, qui avait déjà refusé pour sa femme celui d'Auguste, répondit au sujet de son fils : « Quand il l'aura mérité. » Les innombrables nominations faites par Commode ayant introduit le désordre dans les rangs des anciens préteurs, Pertinax fit rendre un sénatus-consulte qui statuait que ceux qui n'avaient pas réellement exercé la préture céderaient le pas aux préteurs véritables. Mais cette mesure excita contre lui la haine de beaucoup de citoyens.

VII.[modifier]

Il fit revoir le cens et punir sévèrement les délateurs qui étaient en prison ; il fut toutefois moins sévère que les précédents empereurs envers ceux qui pouvaient être accusés à l’avenir du crime de délation, et il gradua les peines suivant la condition de chacun. Pour empêcher le fisc de s'attribuer injustement des successions, il porta une loi qui déclarait valables les testaments auxquels il n'en aurait pas été substitué d'autres par le testateur. Il déclara en même temps qu'il n'accepterait aucun héritage qui lui serait laissé par adulation, ou d’après un droit douteux, et au préjudice des héritiers légitimes et des parents. « Il vaut mieux, pères conscrits, disait-il dans le préambule de son sénatus-consulte, être pauvre en gouvernant la république, que de s'élever au comble des richesses par l'injustice et le déshonneur. » Il donna les congiaires et les donatifs promis par Commode; il pourvut avec un soin particulier aux approvisionnements. L'état du trésor public, où il n'avait trouvé, disait-il, qu'un million de sesterces[7], le força, malgré ses promesses, d'exiger les impôts que Commode avait établis; et le consulaire Lollianus Gentianus lui ayant reproché de manquer à sa parole, il allégua pour excuse la nécessité. Il fit vendre à l'enchère ce qui avait appartenu à Commode, jusqu'à ses mignons et à ses concubines, excepté les personnes qui paraissaient avoir été amenées de force dans le palais. Plusieurs de ceux qui furent ainsi vendus rentrèrent dans la suite au service de Pertinax : ils recréèrent sa vieillesse, et parvinrent, sous les empereurs suivants, jusqu'à la dignité de sénateur. Les ignobles bouffons qui avaient pris, pour plaire à Commode, les noms les plus obscènes, furent dépouillés de leurs biens et vendus. Les sommes considérables qu'il retira de cette vente furent distribuées, comme donatif, aux soldats.

VIII.[modifier]

Il exigea aussi des affranchis la restitution des biens qu'ils devaient aux libéralités de Commode. La vente du mobilier de ce prince fut surtout remarquable en ce que l'on y vit des vêtements tissus de soie et rehaussés de fils d'or, une infinité de tuniques et de manteaux grands et petits, des tuniques à manches à la façon des Dalmates, des sayons à franges, des chlamydes de pourpre à la grecque, des vêtements de guerre, des capuchons comme en portent les Bardes, des toges, des armes de gladiateurs chargées d'ornements d'or et de pierres précieuses, des épées comme la fable en prête à Hercule, des colliers de gladiateurs, des vases d'or fin, d'ivoire, d'argent, et de bois de citronnier; des coupes de la même matière et représentant des sujets obscènes ; des vases du Samnium, où l’on faisait chauffer la résine et la poix qui servaient à épiler les mignons. On y voyait aussi des voitures d'une nouvelle invention, et dans lesquelles un mécanisme assez compliqué, mais fort ingénieux, qui s'appliquait aux roues et aux sièges, permettait, en les tournant, ou de se mettre à l'abri du soleil, ou de se ménager à propos un air frais; d’autres mesuraient seules le chemin parcouru, indiquaient les heures, et étaient accommodées aux plaisirs du prince. Pertinax rendit à leurs maîtres ceux qui s'étaient enfuis de chez eux pour se réfugier à la cour. II réduisit à une juste mesure les frais immenses de la table impériale, et il supprima toutes les somptuosités de Commode. L'esprit d'économie, dont l’empereur donnait l'exemple, gagna bientôt toutes les classes, et fit baisser le prix de tous les objets. Il congédia, en outre, les personnes inutiles, et diminua ainsi sa dépense de moitié.

IX.[modifier]

Il fixa des récompenses pour les soldats en campagne, paya les dettes qu'il avait contractées au commencement de son règne, et rétablit l'ordre dans les finances de l'État. Il affecta aussi certaines sommes à la construction d'édifices publics ; il en leva d’autres pour réparer les chemius ; il fit payer à un grand nombre de citoyens ce qui leur était dû depuis longtemps. Sous !ni enfin, le trésor put faire face à toutes les dépenses ordinaires. S’armant de courage, il supprima les distributions alimentaires auxquelles on avait droit à partir de neuf ans, en vertu d'un décret de Trajan. Il se rendit, comme particulier, suspect d’avarice, en ce qu'il profita, pour étendre ses domaines, de l'embarras ou des dettes avaient mis les propriétaires des environs de Vado [8]; et on lui donna, d'après un vers de Lucilius, le surnom de « plongeon de terre [9]. » Beaucoup de personnes l'accusèrent aussi, dans leurs lettres, de s'être montré cupide dans les provinces où il avait commandé comme consulaire; par exemple, d’avoir vendu à ceux-ci des exemptions de service, à ceux-là des commandements militaires. Ce qui est certain, c'est qu'avec un patrimoine des plus médiocres, et sans qu'aucun héritage lui fût échu, on le vit tout d’un coup riche ; et s’il fit rentrer dans leurs biens ceux à qui Commode les avait enlevés, ce ne fut pas sans en exiger un prix quelconque. Il assista toujours aux séances ordinaires du sénat, et toujours il y proposa quelque affaire. Il montrait beaucoup de bienveillance à ceux qui venaient le saluer ou qui lui adressaient la parole. Protégeant les maîtres contre les accusations calomnieuses de leurs esclaves, il condamna ces délateurs au supplice de la croix : il vengea même ainsi quelques citoyens déjà morts.

X.[modifier]

Falcon, qui aspirait à l'empire, tendit des embûches à Pertinax. Ce prince en fit ses plaintes au sénat, qui les crut fondées. Un esclave se disant fils de Fabia, et par conséquent de la famille de Céjonius Commode, se donna le ridicule de revendiquer la demeure impériale. Il fut reconnu, fustigé, et rendu à son maître. Ceux qui haïssaient Pertinax trouvèrent, dit-on, dans cette vengeance le prétexte d'une sédition. Toutefois l'empereur fit grâce à Falcon : il sollicita même le sénat en sa faveur, et celui-ci resta tranquille possesseur de tous ses biens, dont son fils hérita à sa mort. Plusieurs écrivains prétendent que Falcon ignorait qu'on lui destinât l'empire ; d'autres, que des esclaves infidèles voulurent l'accabler sous de faux témoignages. Quoi qu'il en soit, le préfet du prétoire Létus, et ceux que gênait la probité de Pertinax, formèrent une conspiration contre lui. Létus se repentait d'avoir fait un empereur qui le traitait quelquefois de mauvais conseiller. Les soldats, de leur côté, faisaient un crime à Pertinax d'avoir fait mourir, dans l'affaire de Falcon, plusieurs de leurs camarades, sur le seul témoignage d’un esclave.

XI.[modifier]

Trois cents d'entre eux[10] se dirigèrent avec leurs armes, et les rangs serrés, vers le palais de l'empereur. Il avait sacrifié ce jour-là même, et n'avait pas trouvé de cœur dans la victime : pour détourner ce présage, il en immola une seconde, où le foie manqua. Des soldats vinrent du camp, où ils étaient tous réunis, se mettre à sa disposition, comme à l'ordinaire; mais Pertinax, remettant à un autre jour, à cause des mauvais présages du sacrifice, le dessein qu'il avait d'aller entendre un poëte à l’Athénée, congédia cette escorte, qui reprit le chemin du camp. Cependant la troupe qui était en route arriva devant le palais, et l'on ne put ni l'éloigner, ni avertir le prince. La haine que lui portaient tous les courtisans était si grande, qu'ils encouragèrent les soldats au crime. Ceux-ci envahirent le palais comme Pertinax en mettait tous les serviteurs en défense, et, traversant le portique, ils pénétrèrent jusqu’à l’appartement qu'on nomme « la Sicile, » ou - la salle à manger de Jupiter. » A cette nouvelle, Pertinax leur envoya le préfet Létus ; mais celui-ci, évitant de les rencontrer, sortit, la tête couverte, par une autre porte, et se retira chez lui. Dès qu'ils furent dans l’intérieur du palais, Pertinax s'avança vers eux, et leur fit un long et beau discours qui les apaisa. Maïs un certain Tausius, du corps des Tongres, réveilla leur colère et leurs craintes pour l'avenir, et plongea sa lance dans la poitrine de l'empereur, qui, implorant Jupiter Vengeur, se couvrit la tête avec sa toge, et tomba sous les coups des autres. Électus en tua deux, et périt avec lui. Le reste des valets de chambre du palais (car, à peine empereur, Pértinax avait donné les siens à ses enfants émancipés) prit aussitôt la fuite. Plusieurs écrivains disent que les soldats entrèrent dans la chambre même de Pertinax, et le tuèrent pendant qu'il fuyait autour de son lit.

XII.[modifier]

L'âge donnait à ce prince un air vénérable. Il avait la barbe longue, les cheveux frisés, beaucoup d'embonpoint, le ventre saillant, la taille tout à fait impériale. Il était médiocrement éloquent, et plutôt agréable que bon. Il passa aussi pour n'avoir pas de franchise. Prodigue de belles paroles, il fut en réalité fort peu libéral ; il poussa, comme particulier, l'avarice jusqu'à faire servir à ses convives des moitiés de laitues et d'artichauts; et, à moins qu’il n'eût reçu quelque pièce de gibier, neuf livres de viande, partagées en trois services, étaient tout ce qu'il offrait à ses amis, quel qu’en fût le nombre. Si l'envoi était plus considérable, il gardait le surplus pour le lendemain, ayant toujours beaucoup de convives. Empereur, il ne changea rien à sa manière de vivre dans le particulier. Voulait-il envoyer à quelqu'un de ses amis des mets de son dîner, c'étaient deux tranches de viande, ou un plat de tripes et quelquefois des aiguillettes de volaille. Jamais il ne mangea de faisan à sa table particulière ; jamais il n'en envoya à personne. Quand il n'avait pas d'amis à sa table, il y admettait sa femme et Valérien, qui avait été son maître, et avec lequel il conversait sur des sujets littéraires. Il ne déplaça aucun de ceux à qui Commode avait donné des charges : il attendait le jour anniversaire de la fondation de Rome[11], pour les améliorations qu'il projetait. Aussi dit-on que les favoris de Commode avaient résolu, pour le prévenir, de le tuer dans le bain.

XIII.[modifier]

Il ne cessa de témoigner le plus grand éloignement pour l’exercice et l'appareil du pouvoir impérial, et il voulut continuer de vivre aussi simplement que par le passé. Il se montra fort affable avec les sénateurs, et très-sensible aux vœux qu'ils faisaient pour lui. Il s’entretenait avec tout le monde, comme aurait pu le faire un préfet de la ville. Il songea même à déposer le pouvoir et à rentrer dans la vie privée. Il ne voulut pas que ses enfants fussent élevés dans le palais. Son avarice et sa passion pour le lucre étaient si grandes, que, même empereur, il avait, comme auparavant, des gens affidés qui trafiquaient pour lui dans les environs de Vado. Il ne fut que médiocrement aimé. Tous ceux qui usaient d'une certaine liberté de langage le maltraitaient dans leurs discours et l’appelaient chrestologue[12], pour exprimer que, s’il parlait bien, il ne se conduisait pas de même. C'est le nom que lui donnaient surtout ses concitoyens, attirés en foule auprès de lui par sa nouvelle fortune et pour lesquels il ne fit rien. Il acceptait volontiers tous les profits qu’on lui offrait. Il laissa après lui un fils et une fille, ainsi que sa femme Flavia, dont le père, Flavius Sulpitianus, l'avait remplacé dans les fonctions de préfet de Rome. Il se soucia fort peu de la vertu de son épouse, qui aima publiquement un joueur de luth. Pour lui, il vécut, dit-on, dans un commerce criminel avec Cornificia.

XIV.[modifier]

Il réprima très-sévèrement les affranchis attachés à la cour, et il s’attira ainsi une haine implacable. Voici quels signes annoncèrent sa fin. Trois jours avant d'être tué, il crut voir, étant dans le bain, un homme qui le poursuivait avec un glaive. Le jour où il périt, on ne voyait plus dans ses yeux les images que réfléchit la pupille[13]. Pendant qu'il sacrifiait aux lares du palais, des charbons ardents s'éteignirent tout à coup, sans qu'on pût les rallumer; et, comme nous l'avons déjà dit, l'on ne trouva ni cœur ni foie dans les victimes. Quelques jours auparavant, on avait vu très-distinctement, en plein midi, des étoiles près du soleil. Lui-même donna, dit-on, le présage que Julien lui succéderait, et voici de quelle manière : Didius Julien lui ayant présenté son neveu, qu'il venait de fiancer à sa fille, Pertinax, en exhortant ce jeune homme à honorer son oncle, lui dit : « Respectez mon collègue et mon successeur. » En effet, Julien avait été consul avec lui et son successeur dans le proconsulat. Les soldats et les courtisans détestaient Pertinax ; mais le peuple ne put se consoler de sa mort, parce qu'il espérait de lui le rétablissement de l'ancienne forme de gouvernement. Les soldats qui l’avaient tué mirent sa tête au haut d'une pique, et la portèrent ainsi jusqu'à leur camp, à travers la ville. On rejoignit ensuite cette tête au reste du corps, qui fut enseveli dans le tombeau de l'aïeul de la femme de Pertinax. Julien, son successeur, qui avait trouvé son corps dans le palais, lui rendit les derniers honneurs, autant que les circonstances le permirent. Mais il ne parla jamais de lui, ni devant le peuple ni devant le sénat. Quand Julien lui-même eut été déposé par les soldats, les sénateurs et le peuple mirent Pertinax au rang des dieux.

XV.[modifier]

On lui fit, sous l'empereur Sévère, d'après le témoignage éclatant que le sénat rendit à ses vertus, des obsèques magnifiques, où son image fut promenée solennellement. Sévère prononça son éloge funèbre, et le respect qu'il montra, dans cette occasion, pour la mémoire de ce prince lui fit donner par le sénat le surnom de Pertinax. Le fils de celui-ci devint flamine de son père; les prêtres chargés du culte de Marc-Aurèle, et qui s’appelaient Marciens, prirent le nom d'Helviens, de celui d'Helvius Pertinax. Des jeux annuels furent fondés pour célébrer son avènement au trône; mais Sévère les supprima plus tard : on en institua d'autres pour l'anniversaire de sa naissance, et ceux-là subsistent encore. Il était né le jour des calendes d'août, sous les consuls Vérus et Bibulus[14]. Il fut tué le cinq des calendes d'avril[15], sous le consulat de Falcon et de Clarus. Il vécut soixante ans sept mois et vingt-six jours. Il régna deux mois et vingt-cinq jours. Il donna au peuple un congiaire de cent deniers par tête. Il en avait promis douze mille aux prétoriens ; mais il ne leur en paya que la moitié, et la mort l'empêcha de s'acquitter de ses promesses aux armées. Une lettre insérée par Marius Maximus dans l’histoire de ce prince, et trop longue pour trouver place ici, prouve qu'il avait horreur du rang suprême.


DIDIUS JULIEN, PAR ÉLIUS SPARTIEN


À L’EMPEREUR DIOCLÉTIEN,

SOMMAIRE.

. Famille de Julien. Ses premieres dignités. — II. Jl est accusé de conspiration sous Commode, et renvoyé absous. IL est élu empereur par les préloriens. — III. Il fait confirmer son élection par le sénat. Ses ennemis cherchent à lui nuire, — 1V. Sa conduite à l’égard du

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patris flamen est factus. Marciani sodales , qui divi Marci sacra curabant, Helviani sunt dicti propter Helvium Pertinacem. Circenses et imperii natalis additi (qui a Severo postea sublati sunt) et Genethliaci, qui manent. Natus autem cal. Augustis, Vero el Bibulo coss. Interfectus autem est v. kal. Aprilis, Falcone et Claro coss. Vixit annis Lx. mensibus vir. diebus xxvr. Imperavit mensibus n. diebus xxv. Congiarium dedit populo denarios cenienos. Pretorianis promisit duodena millia nummum ; sed dedit sena. Quod exercitibus promissum est, datum non est : quia mors eum praevenit. Horruisse autem illum imperium epistola docet, quae vilze illius a Mario Maximo apposita est : quam ego inseri ob gimiam Jongiludinem, nolui.


sénat. Son impopularité. Ses ménagements envers les soldats. — V. Pescennius Niger et Septime Sévére se révoltent contre lui. — VI. Sévère marche sur Rome, et Julien ne lui oppose que des lieutenants infidèles et des secours insuffisanls. — VII. Il fait rendre en vain un sénatus-consulle qui lui associe’ Sévére , et il a recours à des opérations magiques. — VIII. Il est mis à mort et remplacé par Sévère. — IX. Ses défauts et ses qualités.


I.

Didius Julien, qui reçut l’empire après Pertinax, avait pour bisaïeul Salvius Julien, honoré deux fois du consulat, préfet de Rome et jurisconsulte, ce qui ajoutait encore à son illustration. Sa mère se nommait Clara Emilia; son père, Pétronius Didius Sévère. Il avait pour frères Didius Proculus et Nummius Albinus ; pour oncle maternel, Salvius Julien. Son grand-père paternel était originaire de Milan, et son aïeul maternel, de la colonie d’Adrumète. Julien fat élevé chez Domitia Lucilla, mère de l’empereur Marc-Aurèle. L’appui de cette princesse le fit élire parmi les vigintivirs. Il fut désigné questeur avant l’âge fixé par les lois. Marc-Aurèle lai fit ensuite obtenir l’édilité, puis la préture, après laquelle il eut, en Germanie, le commandement de la vingt-deuxième légion Primitive. IL gouverna longtemps et avec distinction la Belgique. Là, il s’opposa, avec le seul secours des auxiliaires provinciaux tumultuairement rassemblés, aux irruptions des Cauques, peuples de la Germanie, qui habitaient sur les rives de l’Elbe. Ce succès lui valut, sur le témoignage de l’empereur, les honneurs du consulat. Il défit aussi les Cattes. Il fut ensuite nommé gouverneur de la Dalmatie, et il délivra ce pays des incursions des peuples voisins. Il reçut, après ce gouvernement, celui de la Germanie inférieure, et il fut chargé, à son retour, du soin d’approvisionner l’Italie.

II.[modifier]

Il fut alors accusé par un certain Sévère, soldat des plus distingués, d’avoir formé avec Salvius une conjuration contre Commode. Mais ce prince, qui avait déjà fait périr, pour la même cause, un grand nombre de sénateurs et de citoyens aussi illustres que puissants, craignit enfin la haine publique; et, faisant condamner l’accusateur, il mit l’accusé en liberté. Julien, absous, alla reprendre ses fonctions. Il gouverna ensuite la Bithynie ; mais il n’y mérita pas la même réputation que dans ses autres gouvernements. Il fut consul avec Pertinax, et lui succéda dans le proconsulat d’Afrique. Aussi celui-ci l’appelait-il toujours son collègue et son successeur : ce qui fut surtout remarqué le jour où Julien vint lui présenter un de ses parents qu’il avait fiancé à sa fille : « Honorez en lui mon collègue et mon successeur, » dit l’empereur au jeune homme, d’un ton plein de respect. En effet, la mort de Pertinax suivit de près ces paroles. Dès que ce prince eut été tué, et tandis que Sulpitien tâchait de se faire nommer empereur dans le camp des prétoriens, Julien se rendit avec son gendre au sénat, qui avait été convoqué ; mais il en trouva les portes fermées. Les tribuns P. Florianus et Vectius Aper, qu’il rencontra, l’exhortèrent à s’emparer du pouvoir ; et Julien leur ayant répondu qu’on avait déjà choisi un empereur, ils le forcèrent de se rendre avec eux au camp des prétoriens. Lorsqu’ils y furent arrivés, ils entendirent Sulpitien, préfet de Rome et beau-père de Pertinax, haranguer les soldats et réclamer l’empire. Personne ne voulut laisser entrer Julien, qui faisait, du haut des murailles, les plus brillantes promesses. Il avait commencé par exhorter les prétoriens à ne pas choisir pour empereur un homme qui voudrait venger la mort de Pertinax; il écrivit ensuite sur des tablettes qu’il réhabiliterait la mémoire de Commode. Il parvint ainsi à être admis dans le camp, et à se faire nommer empereur. Toutefois les prétoriens exigèrent qu’il ne fit point de mal à Sulpitien, pour avoir aspiré à l’empire.

III.[modifier]

Julien nomma préfets du prétoire, avec l’agrément des prétoriens, Flavius Génialis et Tullius Crispinus. Il s’avança ensuite au milieu de la foule, avec l’escorte impériale commandée par Maurentius, qui avait appuyé auparavant les prétentions de Sulpitien. Au lieu de vingt-cinq mille sesterces[16] qu’il avait promis aux soldats, il leur en donna trente[17]. Ayant ensuite harangué l’armée, il se rendit vers lesoir au sénat, et se mit entièrement à la disposition de cette assemblée. Un sénatus-consulte lui donna le titre d’empereur, avec la puissance tribunitienne et le pouvoir proconsulaire, auquel il avait droit par son agrégation aux familles patriciennes. Sa femme Mallia Scantilla fut appelée Auguste, ainsi que sa fille Didia Clara. De là il se rendit au palais, où il manda sa femme et sa fille, qui y vinrent à regret et en tremblant, comme si elles eussent pressenti la fin tragique qui les menaçait. Il nomma son gendre Cornélius Répentinus préfet de Rome, à la place de Sulpitien. Cependant le nouvel empereur était haï du peuple, qui, persuadé que Pertinax eût fait servir son autorité à réparer les maux du dernier règne, soupçonnait Julien d’avoir conseillé le meurtre de ce prince. Aussi les ennemis de Julien commencèrent-ils par faire courir le bruit que, voulant, dès le premier jour, se moquer de la frugalité de Pertinax, il avait donné un festin des plus somptueux, où l’on avait servi des huitres, des viandes délicates, et des poissons. Rien n’était plus faux ; car Julien poussait, dit-on, la parcimonie jusqu’à se nourrir pendant trois jours d’un cochon de lait, et pendant trois jours d’un lièvre, quand, par hasard, on lui en avait envoyé. On le vit aussi, les jours même où la religion n’en faisait pas un devoir, diner sans viande, avec des légumes et des fruits. Enfin il ne dina pas avant les obsèques de Pertinax; cette mort rendit son repas fort triste, et il passa toute la nuit à veiller, plein d’inquiétude au milieu de ces difficiles conjonctures.

IV.[modifier]

Dès le point du jour il reçut les sénateurs et les chevaliers qui s’étaient rendus au palais, et il leur fit l’accueil le plus flatteur, donnant à chacun d’eux, suivant son âge, les noms de frère, de fils ou de père. Cependant le peuple, envahissant les Rostres et la salle du sénat, accablait d’injures le nouveau prince, et se flattait de pouvoir aussi disposer de l’empire, que les soldats venaient de donner. Julien faillit être lapidé et lorsqu’il descendit vers la salle du sénat avec les soldats et les sénateurs, il fut poursuivi par les malédictions de la foule : on alla jusqu’à souhaiter que le sacrifice accoutumé ne donnât pas d’heureux présages. Les plus furieux lui jetèrent des pierres, tandis qu’il tâchait de Îles apaiser du geste. Il prononça dans le sénat des paroles pleines de modération et de prudence. Il rendit grâces à cette assemblée, pour son élection; il la remercia de lui avoir donné le nom d’Auguste, ainsi qu’à sa femme et à sa fille; il accepta le titre de Père de la patrie, et refusa une statue d’argent. Le peuple l’attaqua de nouveau, comme il se rendait du sénat au Capitole ; mais l’emploi des armes, quelques blessures, enfin des pièces d’or promises à la foule, et que Julien lui-même agitait dans ses mains, pour la convaincre, finirent par la dissiper et l’éloigner. De là, il se rendit au spectacle du cirque ; mais il y trouva tous les sièges indistinctement occupés, et il fut encore l’objet des insultes du peuple, qui appela même au secours de Rome Pescennius Niger, qu’on disait déjà empereur. Julien souffrit patiemment tous ces outrages : il montra aussi beaucoup de douceur pendant son règne. Le peuple était furieux contre les soldats, qui avaient tué Pertinax pour de l’argent. Julien, pour se concilier la faveur du peuple[18], rétablit plusieurs usages introduits par Commode et supprimés par Pertinax. Il ne fit rien pour la mémoire de cet empereur : ce qui parut un crime à beaucoup de personnes ; et,:par ménagement pour les soldats, il se garda de parler de lui avec éloge.

V.[modifier]

Julien ne craignait ni les armées de Bretagne ni celles d’Illyrie; mais, redoutant les légions de Syrie, il y envoya un primipilaire, chargé de tuer Niger. Pescennius Niger et Septime Sévère se révoltèrent donc avec les armées dont ils avaient le commandement, l’un en Syrie, et l’autre en Illyrie. A la nouvelle de la défection de Sévère, dont il n’avait pas suspecté la fidélité, Julien courut, plein de trouble, au sénat, et il obtint que ce général fût déclaré ennemi. On fixa aussi, pour les soldats qui avaient suivi son parti, un délai, passé lequel on devait les traiter comme lui, s’ils ne s’en étaient pas détachés. Le sénat leur députa, en outre, des consulaires, pour les engager à abandonner Sévère, et à reconnaitre l’empereur élu par cette assemblée. Parmi ces députés se trouvait Vespronius Candidus, qui avait jadis été consul, et que les soldats haïssaient depuis ce temps-là, pour son avarice et sa dureté. Valérius Catulinus fut envoyé pour succéder à Sévère, comme s’il était possible de remplacer un homme qui s’était attaché les soldats. On fit partir en même temps, avec ordre de tuer Sévère, le centurion Aquilius, connu comme meurtrier de plusieurs sénateurs. Julien, de son côté, ordonna de conduire les prétoriens au champ de Mars, et de fortifier les tours. Mais les soldats, corrompus et amollis par les plaisirs de la ville, apportaient une extrême répugnance aux exercices militaires, et se faisaient même remplacer, pour de l’argent, dans le travail assigné à chacun d’eux.

VI.[modifier]

Cependant Sévère s’approchait de Rome à la tête de ses légions irritées, et Julien, à qui le peuple témoignait tous les jours plus de haine et de mépris, n’avançait rien avec l’armée prétorienne. Ingrat envers Létus, qui l’avait soustrait à la cruauté de Commode et qu’il croyait partisan de Sévère, il le fit mettre à mort. Il ordonna aussi de tuer Martia. Tandis que Julien se conduit ainsi, Sévère s’empare de la flotte de Ravenne : les députés du sénat, qui avaient promis leur concours à l’empereur, se rangent sous les drapeaux de son ennemi; et Tullius Crispinus, préfet du prétoire, à qui l’on avait donné le commandement de la flotte contre ce rebelle, revient vaincu à Rome. Dans ces conjonctures, Julien demanda au sénat que les vestales, tous les prêtres et les sénateurs eux-mêmes allassent au devant de l’armée de Sévère, et, la tête ceinte de bandeaux sacrés, implorassent sa pitié ; mais c’était employer un bien faible secours contre des barbares. Telles étaient toutefois les prétentions de Julien. Faustus Quintillus, consulaire et augure, combattit cette demande, alléguant que celui-là n’était pas digne de l’empire, qui ne pouvait résister, les armes à la main, à son adversaire ; et cet avis fut partagé par beaucoup de sénateurs. Julien, outré de ce refus, fit sortir les soldats de leur camp, pour forcer le sénat à obéir, ou pour le massacrer. Mais une telle résolution fut désapprouvée : devait-il, en effet, se montrer l’ennemi d’un ordre qui s’était déclaré pour lui contre Sévère? Prenant donc un meilleur conseil, il se rendit au sénat, et demanda un sénatus-consulte qui partageât l’empire; ce que l’on fit sur-le-champ.

VII.[modifier]

Chacun alors se rappela le présage qu’il avait fourni lui-même le jour où il avait reçu l’empire. En effet, le consul désigné ayant dit, dans la conclusion de son avis sur cette élection, « Je pense qu’il faut nommer empereur Didius Julien, » celui-ci reprit aussitôt : « Ajoutez Sévère; » or, c’était un surnom qu’il avait pris de son aïeul et de son bisaïeul. Il y a toutefois des auteurs qui affirment que Julien ne pensa jamais à faire massacrer le sénat, auquel il devait tant. Le sénatus-consulte à peine voté, Didius Julien envoya vers Sévère Tullius Crispinus, un des préfets. Il en créa un troisième, Véturius Macrin, à qui Sévère avait écrit pour lui donner cette dignité, Mais le peuple prétendit et Sévère soupçonna que cette paix n’était qu’un leurre, cachant le dessein de le faire tuer par le préfet du prétoire Tullius Crispinus. Quoi qu’il en soit, Sévère, du consentement même des soldats, aima mieux disputer l’empire à Julien que de le partager avec lui. Il écrivit sur-le-champ à Rome à plusieurs magistrats, et il y fit passer secrètement des édits, qui furent aussitôt proposés. Julien poussa la folie jusqu’à ordonner des opérations magiques, destinées, suivant lui, à calmer la haine du peuple et à rendre inutiles les armes de ses ennemis : on fit des sacrifices contraires à la religion romaine, et l’on chanta des hymnes profanes. Il eut aussi recours à cette espèce de divination qui se fait avec un miroir, derrière lequel des enfants, dont la tête et les yeux ont été soumis à certains enchantements, lisent, dit-on, l’avenir. Celui qu’on avait choisi vit, à ce que l’on prétend, l’arrivée de Sévère et la retraite de Julien.

VIII.[modifier]

Sévère, d’après le conseil de Julius Létus, fit tuer Crispinus, qui était venu à la rencontre de ses éclaireurs. On annula aussi tous les sénatus-consultes favorables a Julien. Ce prince convoqua de nouveau les sénateurs, et leur demanda leur avis sur ce qu’il fallait faire; mais il n’en reçut aucune réponse positive. Alors, ne prenant plus conseil que de lui-même, il ordonna à Lollianus Titianus d’armer les gladiateurs de Capoue, et il manda près de lui, de sa retraite de Terracine, Claude Pompéien, gendre de Pertinax, et qui avait longtemps commandé les armées. Mais celui-ci s’excusa sur son âge et sur la faiblesse de sa vue. Julien apprit, en outre, que des soldats étaient passés de l’Ombrie sous les drapeaux de Sévère, lequel avait envoyé à Rome l’ordre de s’assurer des meurtriers de Pertinax. Julien se vit bientôt abandonné de tout le monde, et resta dans le palais avec Génialis, un de ses préfets, et avec son gendre Répentinus. Il fut enfin résolu que l’empire serait ôté à Julien, par l’autorité du sénat ; ce qui fut exécuté, et l’on donna aussitôt le titre d’empereur à Sévère, sur le bruit, répandu à dessein, que Julien s’était empoisonné. La vérité est que le sénat avait envoyé au palais des gens affidés, qui firent tuer Julien par un simple soldat, quoiqu’il implorât la clémence de César, c’est-à-dire de Sévère. Julien, en prenant possession de l’empire, avait émancipé sa fille et lui avait donné son patrimoine. Elle le perdit, par cette catastrophe, avec le nom d’Auguste, Sévère fit rendre le corps de ce prince à sa femme Manlia Scantilla et à sa fille, qui le déposèrent dans le tombeau de son bisaïeul, à cinq milles de Rome, sur la voie Lavicane.

IX.[modifier]

On reprochait à Julien d’aimer la table, d’avoir la passion du jeu, de se livrer aux exercices des gladiateurs, et surtout d’avoir contracté dans sa vieillesse tous ces vices, dont sa jeunesse avait été exempte. On l’accusa aussi d’orgueil, quoiqu’il parût fort humble, même sur le trône. Il se montra, d’ailleurs, plein d’affabilité dans ses festins, de bonté dans ses décisions, de modération dans ses rapports avec les citoyens. Il vécut cinquante-six ans et quatre mois ; il régna deux mois et cinq jours. On lui reprocha principalement d’avoir abandonné le gouvernement de la république à des hommes qu’il aurait dû tenir sous son autorité.


SÉVERE, PAR ÉLIUS SPARTIEN.


A L’EMPEREUR DIOCLÉTIEN.


SOMMAIRE.

). Famille et naissance de Sept. Sévére. Son enfance el ses études. Des présages lui promettent l’empire. — IT. Sa jeunesse. Ses dignités et ses commandements. Son orgueil. Son horoscope. — TII. Son crédit auprès de Marc-Aurèle. Son voyage à Athènes, Ses connaissances en astrologie. Sa seconde femme. — IV. Ses gouvernements. Jl est aecusé sous le régne de Commode, et absous. Sa frugalité, — V. 1l est élu empereur par l’armée de Germanie. 11 marche vers Rome sans rencontrer d’obstacle, et il fait tuer Julien. — VI. Des députés du sénat vont lui offrir l’empire. — VIT. Son entree dans Rome. Ses soldats s’y conduisent comme dans une ville conquisc. U rend de grands honneurs à la mémoire de Pertinax. — VIII. 11 fait ses deux gendres consuls, et va combattre Niger. Succès de ses lieutenants. — IX. Il tue Niger prés de Cyzique, et se’ venge de ses partisans. Ses avantages contre les Parthes et les Adiabénes. — X. Il marche contre Clodius Albin, et il nomme César son fils Bassien. — XT. Il court, pendant cette guerre, un grand danger. Son acharnement contre le cadavre d’Albin. — XII. Ses proscriptions. Ses fureurs. — XIII. Ses victimes les plus illustres. — XIV. Sa haine contre Plautien. Ses meurtres. — XV. Son expédition contre les Parthes. Ses nouvelles cruautés. Sa sceur Lépitana. —— XV]. Ses succés contre les Parthes. L’armée associe son fils Bassien à l’empire, el nomme César son second fils. Il refuse le triomphe, et en laisse jouir Dassien, qu’il fait consul. — XVII. Il donne des lois à différents peuples. Son séjour en. Égypte. Sa conduite aprés la mort de Julien.

, — XVHI. 1l soumet plusieurs nations, et éléve un mur

X. en Bretagne. Sa fureur quand les soldats lui associèrent £^ sonfils Bassien. — XIX. Sa mort. Sa vénération pour Marc-Aurèle. Ses obsèques. Ses constructions. Son por-

subscriptiones, moderatissimus ad libertatem, Vixit annis quinquaginta sex , meusibus quatuor : imperavit mensibus duobus, dicbus quinque. Reprehensum in eo pra :cipue, quod eos quos regere autorilate sua debuerat, regenda reipubl. sibi prxesules ipse fecisset.

ÆLII SPARTIANI SEVERUS AD DIOCLETIANUM AUG. I. Interfecto Didio Juliano, Severus Africa oriundus

imperium oblinuit : cui civitas Leplis, pater Geta : majores equites Romani ante civitatem omnibus datam : ma-


trait. — XX. ll se réjouit , en mourant, de laisser le trône à ses fils. — XXI. Réflexions de l’auteur sur les fils des hommes célèbres. Vices et cruautés de Bassien, — XXII. Présages qui annoncérent la mort de Sévére. — XXIII. Ses derniéres paroles. La mort l’empéche de faire faire .une seconde image de la l’ortune de l’empire. — XXIV. Son dessein dans la construction du Seplizone.


I.

Après la mort de Didius Julien, Sévère, originaire de l’Afrique, obtint l’empire. Il était né à Leptis[19] ; son père se nommait Géta ; ses ancêtres étaient chevaliers romains, avant que le droit de cité n’eût été accordé à toutes les provinces[20]. Il eut pour mère Fulvia Pia; pour oncles paternels, M. Agrippa et Sévère, tous deux consulaires ; pour aïeul maternel, Macer, et, du côté de son père, Fulvius Pius. Il naquit le six des ides d’avril, sous le second consulat de Sévère et d’Érucius Clarus. Dès sa plus tendre jeunesse, et avant qu’on ne l’instruisit dans les lettres grecques et latines, où il acquit un grand savoir, il ne jouait avec les enfants de son âge qu’à un jeu imitant les formes de la justice. Entouré de ses camarades, dont quelques-uns portaient devant lui des haches et des faisceaux, il siégeait sur un tribunal et rendait des jugements, A l’âge de dix-huit ans, il déclama en public. Le besoin de perfectionner ses études l’amena ensuite à Rome, et, favorisé par Septime Sévère, son parent, qui avait été deux fois consul, il sollicita et obtint de M. Aurèle le laticlave. Le jour de son arrivée à Rome, il trouva son hôte occupé à lire la vie de l’empereur Adrien ; ce qu’il prit pour un présage de sa grandeur future. Une autre circonstance lui présagea aussi l’empire : invité à souper chez l’empereur, ils’y rendit en manteau, tandis qu’il y devait paraître avec la toge; et on lui donna celle que portait le prince quand il présidait quelque assemblée. Il rêva, dans la même nuit, qu’il s’allaitait, comme Remus ou Romulus, aux mamelles d’une louve. On le vit aussi s’asseoir, par mégarde, sur le siège de l’empereur, qu’un esclave avait mal placé. Un jour enfin qu’il s’était endormi dans une hôtellerie, un serpent vint s’enrouler autour de sa tête, et se retira sans lui faire aucun mal, au grand étonnement de ses amis réveillés.

II.[modifier]

Il signala sa jeunesse par des violences et même par des crimes. Il eut à se défendre d’une accusation d’adultère, et fut absous par Julien, alors proconsul. Il fut son successeur dans le proconsulat, son collègue dans la dignité consulaire, et il obtint l’empire après lui. Il remplit avec zèle les fonctions de questeur. Né pour réussir en tout, il obtint par le sort la questure de la Bétique, et il passa de là en Afrique, où l’appelaient, par suite de la mort de son père, des intérêts de famille. Pendant son séjour dans cette province, on lui assigna la Sardaigne, au lieu de la Bétique, ravagée par les Maures. Après sa questure en Sardaigne, il fut nommé lieutenant proconsulaire en Afrique. Là, un de ses concitoyens du municipe de Leptis, obscur plébéien, étant accouru l’embrasser au milieu de ses faisceaux, comme un ancien camarade, il le fit bâtonner, tandis que le crieur public disait : « Garde-toi, téméraire plébéien, d’embrasser un lieutenant du peuple romain. » Cette circonstance fut cause que les lieutenants, qui auparavant allaient à pied, ne sortirent plus qu’en voiture. Pour s’assurer de sa destinée, il consulta, dans une ville de l’Afrique, un astrologue : celui-ci, voyant de grandes choses dans l’heure donnée par Sévère, lui dit : « Indiquez-moi votre nativité, et non celle d’un autre; » et Sévère lui ayant juré que c’était la sienne, l’astrologue lui prédit tout ce qui lui arriva depuis.

III.[modifier]

Ses services le firent nommer tribun du peuple par l’empereur Marc-Aurèle, et il s’acquitta de ces fonctions avec autant d’intelligence que de sévérité, C’est à cette époque qu’il épousa Marcia, dont il ne parle pas dans l’histoire de sa vie privée, et à laquelle il érigea des statues, lorsqu’il parvint, dans la suite, à l’empire. Il fut désigné préteur, à trente-deux ans, par Marc-Aurèle, non parmi les candidats connus, mais entre un grand nombre de compétiteurs. Envoyé alors en Espagne, il rêva, une première fois, qu’il était chargé de restaurer, à Tarragone, le temple d’Auguste, qui menaçait ruine[21] ; ensuite, qu’il voyait, du haut d’une montagne, l’univers et Rome, à qui toutes les provinces donnaient un concert de lyres, de voix et de flûtes. Il donna des jeux, quoiqu’absent. Il commanda ensuite, près de Marseille, la quatrième légion Scythique. Le goût des lettres et le désir de connaître les mystères, les ouvrages et les antiquités d’Athènes, le conduisirent dans cette ville. Mais il reçut des Athéniens certains outrages, qui firent de lui leur ennemi, et dont il se vengea, quand il fut empereur, en restreignant leurs privilèges. Il fut envoyé de là, comme lieutenant, dans la province Lyonnaise. Ayant perdu sa femme et voulant en prendre une autre, il tira lui-même l’horoscope de plusieurs jeunes filles qu’on lui offrit; car il était fort habile en astrologie. Mais apprenant qu’il y en avait une en Syrie, à laquelle sa nativité promettait un roi pour époux, il la demanda en mariage : c’était Julie ; il l’obtint par l’entremise de ses amis, et elle ne tarda pas à le rendre père.

IV.[modifier]

Sa sévérité, la pureté de ses mœurs et son intégrité le firent aimer des Gaulois plus que personne. Il gouverna bientôt, comme proconsul, les deux Pannonies. Le proconsulat de Sicile lui échut ensuite en partage, et un second fils lui naquit à Rome. On l’accusa, pendant son séjour en Sicile, d’avoir consulté des devins ou des Chaldéens, pour savoir s’il parviendrait à l’empire; mais Commode ayant déjà commencé à se faire haïr, les préfets du prétoire, nommés pour l’entendre, le renvoyèrent absous, et firent mettre en croix son accusateur. Il exerça son premier consulat avec Apuléius Ruffinus, Commode l’ayant lui-même désigné entre beaucoup d’autres. Après ce consulat, il resta près d’une année oisif à Rome. La protection de Létus lui valut le commandement de l’armée de Germanie. Avant de s’y rendre, il acheta des jardins spacieux, tandis qu’il avait eu jusque-là une fort petite maison à Rome, et un seul fonds de terre. Un jour que, couché sur le gazon dans ces jardins, il prenait un repas modeste avec ses fils, l’aîné, qui n’avait alors que cinq ans, se mit, lorsqu’on eut servi le fruit, à en faire une large distribution à ses camarades : son père lui dit, en le grondant : « Ne sois pas si libéral ; car tu n’as point les richesses d’un roi. — Je les aurai un jour. » répondit l’enfant, Parti enfin pour la Germanie, Sévère y mit le comble à la gloire qu’il s’était déjà acquise.

V.[modifier]

Il avait commandé jusque-là au nom d’un autre : mais les légions de Germanie, informées du meurtre de Commode et de la haine universelle qui poursuivait Julien sur le trône, élurent Sévère empereur à Carnunte, aux ides d’août, quoiqu’il s’y refusât. Il finit toutefois par céder à leurs instances. Il donna aux soldats ce qu’aucun prince ne leur avait encore donné, cinquante mille sesterces[22]. Après s’être assuré des provinces qu’il laissait derrière lui, il s’avança vers Rome. Tout ce qu’il rencontra sur sa route se soumit à lui. Les chefs des armées de l’Illyrie et des Gaules les avaient déjà forcées à le reconnaître. Il était reçu partout comme le vengeur de Pertinax. Cependant Julien le fit déclarer ennemi par le sénat, qui envoya même à son armée des députés chargés de donner aux soldats l’ordre formel d’abandonner sa cause. Sévère, en apprenant que ces députés venaient exécuter l’expresse volonté du sénat, éprouva d’abord quelque crainte; mais il prit ensuite le parti de les corrompre. Ils parlèrent À l’armée en sa faveur, et se rangèrent sous ses drapeaux. A cette nouvelle, Julien fit faire un sénatus-consulte, qui partageait l’empire entre Sévère et lui. On ignore s’il agit ainsi par ruse ou de bonne foi ; car il avait déjà fait partir, pour tuer Sévère, des émissaires connus par le meurtre de quelques généraux. Il en avait aussi envoyé pour assassiner Pescennius Niger, qui, de son côté, avait pris l’empire contre lui, à la demande des armées de Syrie. Mais Sévère sut échapper aux coups de ces assassins : il écrivit aux prétoriens, et donna le signal d’abandonner ou de tuer Julien. Il fut aussitôt obéi : Julien fut massacré dans le palais, et Sévère invité à venir à Rome. Ainsi, ce que l’on n’avait jamais vu jusque-là, Sévère n’eut qu’à vouloir pour vaincre, et il marcha sur Rome avec ses troupes.

VI.[modifier]

Quoique Julien fût mort, Sévère, comme s’il eût été en pays ennemi, continua de s’avancer à la tête de son armée. Le sénat lui envoya en députation cent sénateurs, pour le féliciter et le prier d’accepter l’empire. Ils le trouvèrent à Intéramne[23], et, avant de les admettre à le saluer, il s’assura, en les faisant fouiller, s’ils avaient des armes; lui-même les reçut armé et entouré de soldats. Le lendemain, il vit accourir tous ceux qui faisaient partie de la cour, et il donna aux députés quatre-vingt-dix pièces d’or; puis il les congédia, laissant à ceux qui le voudraient la faculté de rester auprès de sa personne, et de retourner avec lui à Rome. Il donna aussitôt la préfecture du prétoire à Flavius Juvénal, que Julien avait aussi nommé son troisième préfet, Cependant de vives inquiétudes s’étaient répandues à Rome parmi les citoyens et les soldats, fondées sur ce que Sévère s’avançait, les armes à la main, contre ceux qui l’avaient déclaré ennemi. De son côté, Sévère fut informé que les légions de Syrie avaient donné le titre d’empereur à Pescennius Niger. A l’aide de ses émissaires, il intercepta les lettres et les édits que celui-ci adressait aux citoyens et aux sénateurs, et il empêcha ainsi d’en faire la proposition devant le peuple, ou la lecture dans le sénat. Il pensa en même temps à se substituer Clodius Albin, à qui un décret de Commode semblait assurer la qualité de César et l’empire. Mais comme il appréhendait ceux même dont il jugeait avantageusement, il envoya Héraclite s’emparer des Bretagnes, et Plautien se saisir des enfants de Niger. Arrivé aux portes de Rome, Sévère ordonna aux prétoriens de se rendre auprès de lui en simple tunique et sans armes. Il les fit aussi paraître devant son tribunal, autour duquel étaient rangés des soldats.

VII.[modifier]

Il entra ensuite armé dans Rome, au milieu de ses troupes, et il monta au Capitole. Delà, fl se rendit, avec le même appareil, au palais des Césars, faisant porter devant lui, non pas droites mais renversées, les enseignes qu’il avait ôtées aux prétoriens. Les soldats se répandirent alors par toute la ville, et s’établirent dans les temples, sous les portiques, dans la demeure impériale, comme dans autant d’hôtelleries. L’entrée de Sévère dans Rome eut quelque chose d’odieux et de terrible

les soldats prenaient tout sans rien payer, et n’avaient à la bouche

que des menaces de destruction. Le lendemain, Sévère vint au sénat, escorté non-seulement de ses soldats, mais aussi de ses amis armés. Il y rendit compte des motifs qui lui avaient fait prendre l’empire, et il allégua que Julien avait envoyé, pour le tuer, des hommes bien connus par le meurtre de plusieurs généraux. Il obtint, en mème temps, un sénatus-consulte qui défendait à l’empereur de faire mourir un membre du sénat, sans en avoir délibéré avec ce corps. Tandis qu’il était au sénat, les soldats mutinés exigèrent de cette assemblée dix mille sesterces[24], à l’exemple de ceux qui avaient autrefois conduit Octave Auguste à Rome, et à qui l’on avait donné la même somme. Sévère voulut les réprimer, et il ne put y parvenir qu’en leur accordant une gratification. Il fit de magnifiques obsèques à l’image de Pertinax, le mit au rang des dieux, lui donna un flamine et des prêtres nommés Helviens, lesquels avaient appartenu à Marc-Aurèle. Il voulut aussi être appelé Pertinaz ; mais, dans la suite, il quitta ce nom, sur les représentations de ses amis.

VIII.[modifier]

Il paya ensuite tout ce qu’il devait. Il donna pour maris à ses filles, après les avoir dotées, Probus et Aétius. Il offrit à son gendre Probus la préfecture de Rome; mais celui-ci la refusa, disant qu’il préférait la qualité de gendre de l’empereur à celle de préfet. Il commença par faire ses deux gendres consuls, et il les enrichit tous deux. Il se rendit ensuite au sénat, et s’y porta l’accusateur des amis de Julien, qui furent dépouillés de leurs biens et mis à mort. Il jugea aussi plusieurs causes, et il punit sévèrement, sur des preuves manifestes, les juges accusés par les provinces. Ayant trouvé en fort mauvais état les approvisionnements, il y pourvut avec une telle vigilance, qu’à sa mort il en laissa au peuple romain une réserve pour sept années. Il partit pour pacifier l’Orient, sans avoir encore dit en publie un seul mot de Niger. Toutefois il envoya des légions en Afrique, de peur que Niger ne vint occuper ce pays par la Libye et l’Egypte, et ne fit souffrir au peuple romain la disette. Il laissa Domitius Dexter préfet de Rome, à la place de Bassus, et il sortit de cette ville trente jours après y avoir fait son entrée. Après son départ, il essuya, aux Roches-Rouges[25], une violente sédition de son armée, à cause de l’emplacement du camp. Son frère Géta s’empressa de venir à sa rencontre et reçut de lui, contre son espérance[26], l’ordre d’aller gouverner la province qui lui était confiée. Il eut pour les enfants de Niger, qu’on lui avait amenés, autant d’égards que pour les siens mêmes. Il avait envoyé une légion occuper au plus tôt la Grèce et la Thrace, pour empêcher Niger de s’en emparer ; mais celui-ci était déjà maître de Byzance. Voulant réduire aussi Périnthe en son pouvoir, Niger fit périr un grand nombre de soldats; ce qui lui fit donner le nom d’ennemi, ainsi qu’à Émilien. Il fit à Sévère la proposition de partager avec lui l’empire; proposition qui fut repoussée avec mépris. Sévère lui offrit toutefois un asile sûr, s’il voulait l’accepter ; mais il refusa de pardonner à Émilien. Ce dernier, vaincu dans l’Hellespont par les lieutenants de Sévère, se réfugia d’abord à Cyzique, puis dans une autre ville, où il fut tué par l’ordre des vainqueurs. Les troupes de Niger furent aussi défaites par les mêmes généraux.

IX.[modifier]

A cette nouvelle, Sévère Pertinax écrivit au sénat, comme si la guerre eût été terminée. Mais bientôt il en vint lui-même aux mains avec Niger, le tua près de Cyzique, et promena sa tête plantée au bout d’une pique. Il envoya en exil, avec leur mère, les fils de son ennemi, qu’il avait d’abord traités comme ses enfants. Il annonca cette victoire au sénat par des dépêches, et, de tous les sénateurs qui avaient favorisé le parti de Niger, il n’en fit mourir qu’un. Il témoigna beaucoup de ressentiment contre les habitants d’Antioche, qui s’étaient moqués de lui pendant son administration en Orient, et qui avaient fourni des vivres à Niger ; il finit même par les priver de la plupart de leurs privilèges. I retira le droit de cité aux habitants de Naplouse en Palestine, parce qu’ils avaient longtemps porté les armes en faveur de Niger. Il punit un grand nombre de ses partisans, excepté ceux qui faisaient partie de l’ordre des sénateurs. Il se vengea aussi, par des outrages et des confiscations, de plusieurs villes qui avaient embrassé sa cause. Il fit mettre à mort les sénateurs qui avaient combattu, comme généraux ou comme tribuns, pour Niger. Il remporta ensuite plusieurs avantages du côté de l’Arabie, et il soumit les Parthes et les Adiabènes, qui avaient tous fait cause commune avec son ennemi. Aussi lui décerna-t-on, à son retour, les honneurs du triomphe, et les surnoms d’Arabique, d’Adiabénique et de Parthique. Mais il renonça au triomphe, pour ne pas célébrer une victoire remportée sur ses concitoyens : il refusa aussi le surnom de Parthique, dans la crainte de provoquer les Parthes.

X.[modifier]

A son arrivée à Rome, après la guerre civile de Niger, il reçut la nouvelle d’une autre révolte suscitée en Gaule par Clodius Albin; événement qui fut cause que l’on fit mourir les fils de Niger avec leur mère. Il fit aussitôt déclarer Albin ennemi publie, avec ceux qui avaient écrit ou répondu à ce rebelle avec trop de ménagement. Il marcha ensuite contre lui, et, en route, afin d’ôter à son frère Géta l’espérance de régner, il créa César à Viminate son fils aîné Bassien, auquel il fit prendre les noms d’Aurèle Antonin, parce qu’il avait rêvé qu’un Antonin lui succéderait. Quelques auteurs prétendent que Géta prit aussi le nom d’Antonin, dans l’espoir de devenir son successeur au trône. D’autres pensent qu’il le porta du consentement de Sévère, qui voulait lui-même entrer dans la famille de Marc-Aurèle. Les généraux de Sévère furent d’abord vaincus par les troupes d’Albin. Inquiet sur l’issue de cette guerre, l’empereur consulta les augures pannoniens : il apprit d’eux qu’il serait vainqueur, que son ennemi n’échapperait pas, mais ne tomberait point en son pouvoir, et périrait près d’un endroit plein d’eau, Un grand nombre des amis d’Albin l’abandonnèrent aussitôt ; plusieurs de ses généraux furent pris, et punis par Sévère.

XI.[modifier]

On combattit en Gaule avec des chances diverses. Sévère remporta d’abord une victoire complète sur Albin à Tiburtium ; mais son cheval s’étant abattu, il courut le plus grand danger; on le crut même mort d’un coup de balle de plomb, et l’armée fut sur le point d’élire un autre empereur. Ayant lu, pendant cette guerre, des actes où l’on faisait l’éloge de Clodius Celsinus d’Adrumète, parent d’Albin, il s’emporta contre les sénateurs, les accusant d’avoir voulu servir ainsi les intérêts d’Albin, et il ordonna, comme pour se venger d’eux, que l’on mit Commode au rang des dieux. Il fut aussi le premier qui donna, devant les troupes, le nom de divin à cet empereur; et il l’écrivit au sénat, en lui envoyant la relation de sa victoire. Il ordonna ensuite de mettre en pièces les cadavres des sénateurs qui avaient été tués dans cette guerre. Quand on lui apporta le corps d’Albin à peine expiré, il lui fit trancher la tête, qu’il envoya aussitôt à Rome avec des lettres. Albin fut vaincu le onze des calendes de mars. Ce qui restait de son cadavre fut exposé, puis coupé en morceaux devant la maison de Sévère. Lui-même poussa son cheval sur ces restes mutilés, et, voulant l’associer à sa rage, le força, malgré sa répugnance, à les fouler aux pieds. D’autres ajoutent qu’il fit jeter ce cadavre dans le Rhône, avec ceux de la femme et des enfants de son ennemi.

XII.[modifier]

Une quantité innombrable de personnes du parti d’Albin, parmi lesquelles on comptait plusieurs des premiers citoyens de Rome et des femmes de la plus haute naissance, furent mises à mort, et leurs biens confisqués au profit du trésor public. Un grand nombre d’Espagnols et de Gaulois, les premiers de leur pays, périrent aussi pour la même cause. Enfin Sévère porta la solde des troupes à une somme qu’elles n’avaient encore reçue d’aucun prince. Grâce à ces confiscations, il laissa plus d’argent à ses fils qu’aucun autre empereur : il avait déjà tiré, depuis son avénement au trône, des sommes immenses des Gaules, des Espagnes et de l’Italie ; et c’est à lui que remonte l’usage qu’ont adopté ses successeurs d’avoir des intendants pour leurs revenus particuliers. Il vainquit, après la mort d’Albin, ceux qui étaient restés fidèles à sa cause, et il reçut vers le même temps la nouvelle qu’une légion de l’Arabie s’était déclarée en faveur de son rival. Après s’être ainsi vengé de sa révolte par la mort d’un grand nombre de personnes et par le meurtre de toute sa famille, il revint à Rome, plein de ressentiment contre le peuple et les sénateurs. Il fit l’éloge de Commode en plein sénat et devant le peuple assemblé ; il l’appela dieu ; il dit enfin, comme pour donner toutes les marques possibles de démence, que ce prince n’avait déplu qu’à des infâmes. Il osa ensuite se vanter de sa clémence, quoiqu’il se fût montré implacable, et qu’il eût fait périr les sénateurs que je vais nommer.

XIII.[modifier]

Il fit tuer, sans procès, ceux dont les noms suivent, et qui étaient tous d’une noble origine : Mummius Secundinus, Asellius Claudien, Claudius Rufus, Vitalius Victor, Papius Faustus, Élius Celsus, Julius Rufus, Lollius Professus, Aruneulélus Cornélien, Antonin Balbus, Posthumius Sévère, Sergius Lustralis, Fabius Paulinus, Nonius Gracchus, Mustius Fabien, Caspérius Agrippinus, Céjonius Albin, Claude Sulpicien, Memmius Rufinus, Caspérius Émilien, Coccéius Vérus, Érucias Clarus, L. Stilon, Clodius Rufus, Egnatuléius Honoratus, Pétronius Junior, les Pescennius, Festus, Nératien, Aurélius, Matérien, Julien et Albin, les Cérellius, Macrin, Faustinien et Julien, Hérennius Népos, Sulpitius Canus, Valérius Catulinus, Novius Rufus, Claude Arabien, Marcus Asellion. Assassin de tant de citoyens illustres (car la plupart d’entre eux étaient des consulaires ou d’anciens préteurs, et tous des hommes du plus grand mérite), il est regardé comme un dieu par les Africains.

XIV.[modifier]

Il accusa Cincius Sévère d’avoir voulu l’empoisonner, et il le fit périr pour ce prétendu crime. Il exposa aux lions Narcisse, qui avait étranglé Commode. Il donna la mort à un nombre infini d’hommes obscurs, sans compter ceux qui la reçurent dans les combats. Voulant gagner ensuite l’affection des citoyens, il fit passer des particuliers au fisc le soin de fournir les voitures publiques. Il fit donner par le sénat le nom d’Antonin à son fils Bassien, qu’il avait déjà fait César, et il lui décerna les ornements impériaux. Le bruit d’une guerre contre les Parthes s’étant dissipé, il érigea, de sa seule autorité[27], des statues à son père, à sa mère, à son aïeul et à sa première femme. Il conçut contre Plautien, son plus intime ami, une telle haine quand il

apprit sa conduite, qu’il le déclara ennemi publie, et lui ft le cruel outrage d’abattre ses statues dans tout l’empire. Il lui en voulait surtout d’avoir placé la sienne parmi celles des parents et des alliés de Sévère, Il fit grâce aux habitants de la Palestine du châtiment qu’ils avaient encouru pour leur attachement à Niger. Il se réconcilia ensuite avec Plautien, qui rentra dans Rome comme en triomphe, et qui l’accompagna au Capitole ; ce qui ne l’empêcha pas d’être immolé plus tard à ses vengeances. Sévère donna la toge virile à Géta, le plus jeune de ses fils, et il maria l’aîné à la fille de Plautien. Ceux qui avaient traité ce dernier d’ennemi public furent exilés : telles sont les vicissitudes ordinaires à toutes les choses humaines[28]. Il désigna ensuite ses fils consuls, et il perdit son frère Géta. Avant de partir pour la guerre des Parthes, il donna au peuple un congiaire, et le spectacle d’un combat de gladiateurs. Cependant il fit périr, pour des crimes véritables ou supposés, un grand nombre de citoyens. La plupart furent condamnés pour de simples plaisanteries, quelques-uns pour leur silence, d’autres pour quelques jeux de mots, pour avoir dit, par exemple, « que l’empereur portait bien ses noms, et qu’il était vraiment Sévère, vraiment Pertinax[29]. »

XV.[modifier]

C’était un bruit généralement répandu que ce prince voulait faire la guerre aux Parthes sans aucune nécessité, dans le seul : but d’acquérir de la gloire. Il embarque son armée à Brindes ; puis, ayant pris la voie de terre, il arriva en Syrie, et vit les Parthes se retirer devant lui, Il rentra ensuite en Syrie, et y continua ses préparatifs de guerre contre les Parthes. Cependant il poursuivait toujours, à l’instigation de Plautien, les restes du parti de Pescennius Niger, et avec un tel acharnement qu’il punit comme de secrets ennemis plusieurs de ses propres amis. Il en fit aussi périr un grand nombre, sous le prétexte qu’ils avaient consulté sur sa vie des Chaldéens ou des devins. Quiconque pouvait aspirer au trône lui paraissait suspect, parce que ses fils étaient encore des enfants, et c’était la raison dont lui semblaient se prévaloir ceux qui espéraient l’empire. Quand il avait commis quelques meurtres, il s’excusait sur son ignorance, et niait les avoir ordonnés. C’est re qu’il fit, par exemple, après la mort de Létus, comme nous l’apprend Marius Maximus. Sa sœur Lépitana, qui parlait à peine le latin, et dont il eut souvent occasion de rougir, étant venue le trouver, il donna le laticlave à son fils, la combla de présents, et la renvoya dans sa patrie avec ce jeune homme, qui mourut peu de temps après.

XVI.[modifier]

Sévère entra, sur la fin de l’été, dans le pays des Parthes, s’avança jusqu’à Ctésiphon, en chassa le roi, et s’empara de cette ville au commencement de l’hiver, qui est, dans ces contrées, la saison la plus favorable pour la guerre. Mais ses soldats, obligés de vivre d’herbes et de racines, contractèrent de graves maladies; et la résistance qu’opposèrent les Parthes, jointe à la dyssenterie que le manque d’aliments avait mise dans l’armée, ne lui permit pas d’aller plus loin. Il s’obstina toutefois, s’empara de la capitale, mit le roi en fuite, tua un grand nombre d’ennemis, et mérita ainsi le nom de Parthique. Ce fut aussi à l’occasion de ces succès que les soldats lui associèrent, comme empereur, son fils Bassien Antonin, déjà nommé César, et qui n’avait que treize ans. Ils donnèrent ce même titre de César à Géta, son plus jeune fils, qu’ils appelèrent aussi Antonin, selon le témoignage de plusieurs écrivains. Sévère paya tous ces titres par un magnifique donatif aux soldats, et par l’abandon, vivement réclamé, de tout le butin fait dans la capitale des Parthes. De là, il revint en vainqueur dans la Syrie. Les sénateurs lui décernèrent le triomphe ; il le refusa, la goutte l’empêchant de se tenir assis dans un char. Mais il permit à son fils de triompher des Juifs; honneur que le sénat avait aussi décerné à ce jeune prince, à cause des succès de son père en Syrie. Sévère, en passant à Antioche, fit prendre à son fils aîné la toge virile, et le désigna son collègue dans le consulat, dont ils prirent aussitôt possession en Syrie. Il augmenta ensuite la paye des soldats, et se rendit à Alexandrie,

XVII.[modifier]

Chemin faisant, il donna aux habitants de la Palestine un grand nombre de lois ; il défendit, sous des peines sévères, de se faire juif; il fit la même défense à l’égard des chrétiens. Le droit d’avoir un sénat fut accordé aux habitants d’Alexandrie, qui, sans conseil public, vivaient comme sous des rois, et se contentaient d’un seul juge nommé par les empereurs. Il fit aussi beaucoup de changements à leurs lois. Sévère témoigna toujours, dans la suite, que les cérémonies du cuite de Sérapis, et la nouveauté des lieux et des animaux, lui avaient rendu ce voyage très agréable. Il visita en effet, avec beaucoup d’attention, et Memphis, et la statue de Memnon, et les pyramides, et le labyrinthe, Pour éviter lu longueur des détails, disons que ce qu’il fit de plus remarquable, après avoir vaincu et tué Julien, ce fut de licencier les cohortes prétoriennes; de mettre Pertinax au rang des dieux, malgré les soldats, et d’ordonner l’abolition des décrets de Julien ; ce qu’il n’obtint pourtant pas. Il dut le surnom de Pertinax moins, à ce qu’il semble, à son propre choix qu’à son inflexible sévérité : le nombre infini de ceux qu’il fit périr doit même le faire appeler cruel. Un ennemi, étant venu se jeter à ses pieds sur le champ de bataille, lui dit d’une voix suppliante : « Qu’ordonnez-vous de moi?» Sévère, sans se laisser désarmer par cette humble demande, ordonna de le tuer. Il mit beaucoup d’acharnement à détruire les factions, et il sortit vainqueur de presque tous les combats.

XVIII.[modifier]

Il soumit le roi des Perses Abgare. Il réduisit les Arabes et rendit les Adiabènes tributaires. Il fortifia la Bretagne (et c’est la plus grande gloire de son règne) d’un mur qui, traversant cette Île, s’étendait d’une mer à l’autre. Cette construction lui fit même donner le nom de Britannique. Il rendit la sécurité à Tripoli, d’où il était originaire, par l’entière défaite de quelques nations belliqueuses, et il assura pour toujours au peuple romain, de l’huile gratuite et d’abondantes provisions de blé. Inexorable pour les fautes, il savait choisir avec une sagacité singulière les hommes les plus propres à ce qu’il voulait. Il avait assez de connaissances en philosophie et de talent pour la parole, mais trop de goût pour l’érudition. Il fut l’ennemi implacable des voleurs. Il écrivit avec fidélité l’histoire de sa vie publique et privée, ne cherchant qu’à excuser son penchant à la cruauté. Le sénat porta sur lui ce jugement, qu’il n’aurait pas dû naître ou n’aurait pas dû mourir[30], parce qu’il fut à la fois trop cruel et trop nécessaire à la république. Toutefois il se montra peu soucieux de l’honneur de sa maison, et il garda chez lui sa femme Julie, déshonorée par ses adultères et complice d’une conjuration. La goutte entravant parfois son activité pendant la guerre, les soldats, honteux de cette inaction, nommèrent Auguste son fils Bassien, qui était avec lui. Sévère se fit alors porter sur son tribunal, fit comparaître devant lui les tribuns, les centurions, les généraux, les cohortes qui avaient fait ce nouvel empereur, et jusqu’à son fils, qui avait accepté leur offre ; et là, il ordonna de punir, excepté Bassien, tous les auteurs de cette élection. Ceux-ci implorèrent à genoux son indulgence. Portant alors la main à sa tête : « Vous sentez donc enfin, dit-il, que c’est la tête qui commande, et non les pieds. » Comme ses services militaires et son savoir l’avaient élevé, avec l’aide de la fortune, des derniers grades jusqu’à l’empire, il disait souvent : «  J’ai été tout ce que l’on peut être, et cela ne me sert de rien. »

XIX.[modifier]

Il mourut à York en Bretagne, après avoir soumis des peuples toujours prêts à envahir ce pays : il mourut dans on âge avancé, d’une maladie aiguë, la dix-huitième année de son règne. El laissa deux fils, Antonin Bassien et Géta, auquel il fit prendre aussi le nom d’Antonin, en mémoire de Mare-Aurèle. Il fut porté dans le tombeau de ce prince, pour lequel il avait une telle préférence, une telle vénération, qu’il mit jusqu’à son fils Commode au rang des dieux, et qu’il voulut faire du nom d’Antonin, au lieu de celui d’Auguste, le titre de tous les futurs empereurs. Le sénat, ses parents et ses fils lui firent des obsèques magnifiques, et on lui accorda les honneurs de l’apothéose. Ses principaux ouvrages sont le Septizone[31], les thermes de Sévère, et enfin, dans le quartier qui est au delà du Tibre, des galeries voisines de la porte appelée aussi de son nom[32] ; galeries dont la construction, fort bien entendue, contribue si heureusement à l’utilité publique. Tout le monde, après sa mort, en porta un jugement très-avantageux, surtout parce que ses fils ne firent aucun bien à l’Etat, qui, exposé ensuite aux tentatives d’une foule d’ambitieux, devint une proie qu’ils se disputèrent. Sévère était si simple dans ses vêtements, que l’on voyait à peine de la pourpre sur sa tunique, et qu’il se couvrait les épaules d’une chlamyde grossière. Il avait un ordinaire fort simple, une sorte de passion pour les légumes de son pays, quelque goût pour le vin, une certaine répugnance pour la viande. Il était beau, il était grand ; il avait une longue barbe, la tête blanche et les cheveux crépus, le visage imposant, la voix claire; mais il conserva jusque dans sa vieillesse l’accent particulier aux Africains. Il fut fort aimé après sa mort, soit que l’envie fût éteinte ou la peur dissipée.

XX.[modifier]

Je me souviens d’avoir lu dans Élius Maurus, affranchi de Phlégon Trallien, que Septime Sévère témoigna, en mourant, une grande joie de

ce qu’il laissait l’empire, avec le même pouvoir, à deux Antonins, comme Antonin le Pieux l’avait laissé à Vérus et à Marc-Antonin, ses fils adoptifs, et surtout de ce qu’il avait sur lui l’avantage de donner pour empereurs au peuple romain, non des fils par adoption, mais ses propres fils : savoir, Antonin Bassien, qu’il avait eu de sa première femme, et Géta, né de Julie. Toutefois ses espérances furent bien trompées ; car l’un fut enlevé à la république par un fratricide, l’autre par ses excès ; et ce nom révéré ne fut dignement porté par aucun d’eux. Et certes, en interrogeant l’histoire, Auguste Dioclétien, on peut se convaincre qu’à fort peu d’exceptions près, aucun grand homme ne laissa un fils qui se soit rendu estimable et utile. Ou ces hommes célèbres sont morts sans postérité, ou la plupart d’entre eux ont eu des enfants qui, pour le bien du monde, n’auraient pas dû voir le jour.

XXI.[modifier]

Pour commencer par Romulus, il ne laissa point d’enfants. Numa Pompilius n’en eut aucun dont la république pût s’honorer. Et Camille en eut-il qui lui ressemblèrent ? et Scipion ? et les Catons, qui furent si grands? Que dirai-je d’Homère, de Démosthène, de Virgile, de Salluste, de Térence, de Plaute, et d’une foule d’autres ? Parlerai-je de César ? de Cicéron, à qui il n’a manqué que de mourir sans postérité ? d’Auguste, qui ne put même pas avoir un bon fils adoptif, lui qui pouvait choisir entre tous ? Trajan lui-même ne se trompa-t-il pas en fixant son choix sur un de ses compatriotes et sur son petit-fils ? Mais laissons les fils adoptifs, de peur qu’on ne nous objecte Antonin le Pieux et Marc-Aurèle, ces bienfaiteurs de la république, et passons aux fils véritables. Que pouvait-il y avoir de plus heureux pour Marc-Aurèle, que de n’être pas le père de Commode ? pour Septime Sévère, que de n’avoir pas donné le jour à Bassien, à ce monstre qui, dans sa rage fratricide, osa, sous le prétexte que son frère conspirait contre lui, le faire assassiner ; qui épousa sa belle-mère où plutôt sa propre mère, dans les bras de laquelle il avait tué Géta, son fils ; qui fit mourir, pour n’avoir pu le contraindre à justifier son fratricide, l’illustre Papinien, cet asile du droit, ce trésor des doctrines de la jurisprudence ; Papinien qui était aussi son préfet, et qui, déjà si grand par lui-même et par sa science, l’était encore par ses dignités ? Enfin, pour abréger, je pense que les vices de Bassien contribuèrent à faire regarder Sévère, qui d’ailleurs était dur et même cruel, comme un prince estimable et digne d’avoir des autels. On dit qu’étant malade, il envoya à Bassien l’admirable discours qui se trouve dans Salluste, et par lequel Micipsa exhorte ses fils à la concorde ; mais ce fut sans succès... Antonin fut pour tous un objet de haine, et ce nom si longtemps vénéré, il le rendit enfin moins cher, quoiqu’il eût donné des vêtements au peuple (libéralité qui lui valut le nom de Caracallus), et qu’il eût fait construire des thermes d’une grande magnificence. On voit aussi à Rome un monument appelé le portique de Sévère, dont on attribue généralement la construction à son fils, et où sont rapportées les actions de ce prince.

XXII.[modifier]

Voici quels furent les présages de la mort de Sévère. Il rêva qu’il était enlevé au ciel dans un char étincelant de pierreries, tiré par quatre aigles et devant lequel volait je ne sais quel corps immense ayant la forme humaine. Pendant cette ascension, il compta jusqu’au nombre quatre-vingt-neuf[33], que sa vie ne dépassa pas même d’un an, car il parvint déjà vieux à l’empire. Il fut déposé ensuite au milieu d’un large cercle d’airain, où il resta longtemps seul et comme abandonné. Tandis qu’il craignait de tomber de ces hauteurs, il vit Jupiter l’appeler près de lui, et le conduire parmi les Antonins. Trois Victoires en plâtre et ornées de palmes ayant été, selon la coutume, placées dans le Cirque, un jour qu’on y donnait des jeux, celle du milieu, qui tenait un globe où le nom de Sévère était écrit au milieu des palmes, tomba, poussée par le vent, de dessus le balcon, mais sur ses pieds, et resta debout ; celle qui portait le nom de Géta tomba aussi, et se brisa tout entière; la troisième, consacrée à Bassien, perdit sa palme, et put à peine résister au vent. Après avoir élevé, en Bretagne, le mur ou le retranchement dont nous avons parlé, comme il regagnait, non-seulement vainqueur, mais assuré d’une paix éternelle, La plus prochaine halte impériale, en pensant à ce qu’il pourrait prendre en route pour un augure, un certain Éthiopien, qui était de son armée, et fameux parmi les bouffons pour ses plaisanteries toujours applaudies, s’offrit à lui avec une couronne de cyprès. Troublé par le présage attaché à la couleur de cet homme et à sa couronne, Sévère ordonna de l’écarter, et l’on assure que celui-ci lui dit, pour plaisanter : « Tu as été tout, tu as tout soumis; illustre vainqueur, sois désormais un dieu[34]. » Arrivé dans la ville et voulant y faire un sacrifice, il fut d’abord conduit dans le temple de Bellone, par l’erreur d’un aruspice de campagne ; et ensuite on lui amena des victimes noires. Il s’en retourna mécontent au palais, et ces mêmes victimes le suivirent jusqu’au seuil de la demeure impériale, grâce à la négligence des prêtres.

XXIII.[modifier]

Il existe dans beaucoup de villes de remarquables ouvrages de ce prince. Ce qui lui fait aussi beaucoup d’honneur, c’est d’avoir réparé, dans Rome, tous les édifices que le temps commençait à détruire, et conservé partout les noms des premiers fondateurs, sans mettre le sien presque nulle part. Il laissa, en mourant, un approvisionnement de blé pour sept années, en sorte que l’on pouvait en distribuer soixante quinze mille boisseaux par jour. La quantité d’huile qu’il laissa aussi devait suffire pendant cinq ans à la consommation de Rome et même de toute l’Italie, qui en manquait. Ses dernières paroles furent, dit-on, celles-ci : « J’ai reçu la république troublée partout ; je la laisse en paix, même avec la Bretagne. Vieux et infirme, je remets à mes Antonins un empire solide, s’ils se conduisent bien; chancelant, s’ils se conduisent mal. » Il fit ensuite donner pour mot d’ordre au tribun de service le mot Travaillons, parce que Pertinax, en montant sur le trône, avait donné Combattons. Il voulait commander à un statuaire une seconde image de la Fortune de l’empire, que l’on plaçait dans la chambre du prince et qui le suivait partout, afin de laisser à chacun de ses fils le symbole du souverain pouvoir. Mais se sentant pressé par l’heure de la mort, il ordonna, dit-on, que celle qui existait fût portée alternativement, de deux jours l’un, dans la chambre des deux empereurs ; ordre dont Bassien ne tint aucun compte, même avant son fratricide.

XXIV.[modifier]

Le corps de Sévère fut reçu dans toutes les provinces, depuis la Bretagne jusqu’à Rome, avec de grandes marques de vénération. Quelques auteurs prétendent que ce fut seulement sa cendre, renfermée dans une petite urne d’or, que l’on déposa dans le tombeau des Antonins, parce que son corps fut brûlé dans l’endroit même où il mourut. Il ne pensa, en construisant le Septizone, qu’à offrir cet édifice le premier à la vue de ceux qui viendraient de l’Afrique. Il aurait même, dit-on, placé de ce côté l’entrée de la demeure impériale ou le vestibule du palais, si, pendant son absence, sa statue n’avait pas été mise au milieu par le préfet de Rome[35]. Alexandre voulut reprendre après lui ce projet ; mais on assure que les aruspices l’en détournèrent, parce que les augures n’ y furent pas favorables.


PESCENNIUS NIGER, PAR ÉLIUS SPARTIEN.


A UL’EMPEREUR DIOCLÉTIEN.


SOMMAIRE.

. Origine de Niger. Ses grades militaires. Commode lui donae le commandement des armées de Syrie. — IT. Il est élu empereur par ces armées. Julien tente de le faire tuer. — IIL. Le peuple fait des vœux pour lui. Sa conduite dans les Gaules Iui mérite l’amitié de Sévére, qui le recommande à Commode. Il rétablit Ja discipline

— Militaire. — IV. Marc-Auréle et Commode rendent de

lui un bon témoignage. Son consulal.— V. J] est vaincu

diebus apud filios imperatores in cubiculis Fortuna poneretur. Quod Bassianus prius conlempsit quam faceret parricidium. | :

XXIV. Corpus ejus a Britannia Romam usque cum magna provincialium reverentia susceptum est : quamvis aliqui urnulam auream tantum fuisse dicant, Severi reliquias conlinentem, eandemque Antoninorum sepulcro illatam, quum Septimius Pertinax Severus illic ubi vita functus , esset incensus. Quum Septizonium faceret , nihil aliud cogitavit quam ut ex Africa venientibus suum opus occurreret : et nisi absente eo per praefectum urbis medium simulacrum ejus esset locatum, aditum palatinis dibus, id est regium atrium, ab ea parte facere voluisse perhibetur : quod etiam post Alexander quum vellet facere, ab aruspicibus dicitur esse probibitns, quum sciscitatus non lilasset. :

ÆLIL SPARTIANI PESCENNIUS NIGER AD DIOCLETIANUM AUG. | ! Rarum atque difficile est ut quos tyrannos aliorum vic-


et tué par Sévèr :: à mort. Son port à sages conseilsà Mzre-Asiole c£ Ceooncdo. bus reglements. Sa sévérilé covers les soldats. — VIII. L’oracle de Delphes fait connaitre l’issue de la guerre soutenue par Sévère contre Niger et Albin. — IX. Des devins prédisent. la mort de Niger. — X. Ses efforts pour le rétablissement de la discipline. — XI. 11 remplit lui-même tous les devoirs du soldat. Ses modèles. — XII. Ses préférences parmi les empereurs. Sa slatue.



if. Son 6



L. Il est rareet difficile d’avoir unehistoire bien faite de ceux dont la victoire des autres princes a rendu le pouvoir illégitime. Aussi ne trouve-t-on, nidansles monuments ni dans]esaunales, presque rien de ce qui lesconcerne. Les éerivains s’attachent, pour les faire détester, à déprécier leurs plus belles actions, ou bien ils en suppriment plusieurs ; enfin ils apportent fort peu de soin dans leurs recherches sur l’origine et sur la vie de ces princes, et ils se contentent de parler de leur audace , des batailles où ils furent vaincus, et de leur supplice. Pescennius NicEr était, selon les uns, d’une condition médiocre, et, selon d’autres, d’une noble extraction. Son père se nommait Annus Fusceus ; sa mère, Lampridia. Son aieul était eurateur d’Aquinum (1), d’où cette famille tirait son origine ; ce que pourtant l’on tient encore pour douteux. Niger, médiocrement lettré, d’un caractère farouche, sans fortune, dépensant peu, mais plein du désir ambitieux de parvenir à tout , fut longtemps centurion, et s’éleva, de grade en grade, jusqu’au commandement des armées de Syrie ; commandement quelui donna Commode, sur la recommandation de l’athléte (2) qui depuis étrangia ce prince ; car c’est ainsi que tout se faisait alors.

(1) 4quino, dansle royaume de Naples. — (2) Narcisse.

toria fecerit, bene mittantur in literas : atque ideo vix omnia de his plene in monumentis atque annalibus habentur. Primum enim qua magpa sunt, in eorum honorem ab scriptoribus depravanlur, deinde alia supprimuntur : postremo non magna diligentia in eorum genere ac vita requiritur, quum satis sit audaciam eorum et bellum in quo victi fuerint , ac poenam , proferre. PESCENNIUS ergo NiGER , uL alii tradunt , modicis parentibus ; ut alii , nobilibus fuisse dicitur, patre Anno Fusco, matre Lampridia , avo curatore Aquini, ex qua familia originem ducebat : quod quidem dubium etiam nunc habetur. Hic eruditus mediocribus literis, moribus ferox, divitiis etiam modieus, vita parcus , libidinis effrenatee ad omne genus. cupiditatum , ordines diu duxit, multisque ducatibus pervenit ut exercitus Syriaeos jussu Commodi regeret , suffragio maxime athietæ qui Commodum strangulavit, ut omnia tunc fiebant.

Ii. Js posteaquam comperit occisum Commodum, Julianum imperatorem appellatum , eumdemque jussu Severi et senatus occisum, Albinumetiam in Gallia sumpsisse nomen imperatoris , ab exercitibus Syriacis , quos regebat , appellatus est imperator, ut quidam dicunt , magis in Juliani odium quam in aemulationem Severi. Huic ob detes- Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/422 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/423 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/424 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/425 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/426 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/427 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/428 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/429 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/430 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/431 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/432 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/433 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/434 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/435 Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/436 Page:Suétone - 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  1. Pertinax, persévérant, opiniâtre.
  2. Alba Pompéia, dans la Ligurie, aujourd'hui Albe, dans le Montferrat.
  3. Antonin le Pieux.
  4. Ces lettres autorisaient à se servir des chevaux publics.
  5. 19,895 fr.
  6. On ne tirait alors les préfets du prétoire que de l'ordre des chevaliers. Alexandre Sévère changea cet usage.
  7. 193,750 fr.
  8. Sur la côte de Gênes, à deux lieues de Savone, Cluvier croit que c'est Savone même.
  9. Le plongeon est connu pour sa voracité.
  10. Dion Cassius dit deux cents.
  11. Le 21 avril, Jour des Palilles. Il fut tué le 28 mars.
  12. Χριστὸς, généreux ; λόγος parole : généreux en paroles.
  13. On Lit dans Pline XVIII, 5 qu'il n'y à point à craindre la mort pour un malade, tant qu'on peut se voir dans ses yeux.
  14. La 9e année du règne d'Adrien, 879 de R., 126 de J. C.
  15. Le 28 mars 946 de R., 190 de J. C.
  16. 4,843 fr. 75
  17. 5,812 fr. 50
  18. L’auteur n’entend sans doute ici, par ce mot, qu’une petite partie du peuple; car lui-même et Capitolin, dans la vie précédente, ont dit, et souvent, que le peuple aimait Pertinax et haïssait Commode.
  19. Lébida, à quelque distance de Tripoli.
  20. Cette concession fut faite par Antonin le Pieux.
  21. Ce temple avait déjà été restauré par Adrien.
  22. 9,687 fr. 50, Notre texte porte quingena, cinq cents, ou 97 fr
  23. Terni, dans l’Ombrie.
  24. 1,936 fr. 50.
  25. La Grotta Rossa, à deux Tenes de Rome.
  26. Géta espérait le titre de César ou de collègue de l’empereur. Voy. le Ch. 10.
  27. Ce droit appartenait au sénat.
  28. Réflexion textuellement empruntée à Térence.
  29. C’est-à-dire opiniâtre. Voy. Pertinax, ch. i, et plus haut, ch. 7.
  30. Ce mot avait déjà été dit de plusieurs princes.
  31. Près de la porte Capène.
  32. La porte Septimiane.
  33. Sévère ayant vécu 65 ans, Casaubon propose de lire lei seraginta quinque.
  34. Le présage était sinistre, en ce que l’on ne déifiait d’ordinaire que les empereurs morts.
  35. La religion des Romains leur interdisait de retirer une statue d’un endroit où elle avait été consacrée.