Virelays/IX

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Virelays, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 110-111).


IX


Je suis de tout dueil assaillie
Et plus qu’oncques mais maubaillie,
Quant cellui se veult marier
Que j’amoye sanz varier,
Si suis de joye en dueil saillie.

Helas ! il m’avoit promis[1]
Que ja ne se marieroit,
Quant tout mon cuer en lui mis,[1]
Et qu’a tousjours tout mien seroit ;

Mal eschange m’en a baillie,[2]
Car hors s’est mis de ma baillie ;[3]
Une autre veult apparier,
Et encontre moy guerrier ;
Puis que s’amour or m’est faillie[4]
Je suis de tout dueil assaillie.

Cellui devient mes anemis
Qui jadis vers moy se tiroit
Comme mes vrais loiaulx amis,
En moy regardant souspiroit.

Or est celle amour tressaillie

En autre, et vers moy deffaillie ;
Car ne lui puis, pour tarier,
Sa voulenté contrarier,
Dont d’en morir j’en suis taillie,[5]
Je suis de tout ducil assaillie.

  1. a et b IX. — 6 et 8 Sic dans tous les mss. Corr. H, il m’a. [bien] p. — Q. t. m. c. en I. [ay] m.
  2. — 10 B vers omis.
  3. — 11 B Mais
  4. — 14 B Car p. q. s. m. f.
  5. IX. — 24 B Si suis d’en m. bien t.