Voyage aux États-Unis

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AMÉRIQUE.

JOURNAL
D’UN VOYAGE AUX ÉTATS-UNIS
ET
À LA CÔTE NORD-OUEST DE L’AMÉRIQUE ;
PAR M. HULSWITT,
Ancien officier d’artillerie[1].

M. Hulswitt, avant de s’établir comme planteur dans le Tennessée et la Louisiane, a parcouru aux États-Unis plusieurs milliers de milles anglais. En publiant le journal de ses voyages, il n’a point eu le projet de donner une statistique complète de ces États ; mais, ainsi qu’il l’annonce dans une introduction ou préface, qui fait honneur à sa modestie, il a toujours mêlé aux détails géographiques, topographiques ou statistiques le récit de ses aventures personnelles, qui, pour la plupart, nous ont paru très-dignes d’intérêt, ainsi que ses observations sur les contrées qu’il a visitées, sur leurs habitans en général et les personnes avec lesquelles il a eu des relations particulières.

L’ouvrage est écrit avec simplicité, sans ornemens superflus, et les jugemens de l’auteur paraissent dictés par une grande impartialité. M. Hulswitt ne se livre point à cet enthousiasme aveugle ou de commande, pour l’Amérique républicaine, qui dépare les relations de quelques voyageurs modernes, ni à cet esprit de dénigrement continuel, dont plusieurs autres, et surtout des écrivains anglais, ont donné en ces derniers temps de fréquentes preuves.

Notre voyageur partit de la ville de Luxembourg (grand-duché de ce nom), en 1819, dans le dessein de former un établissement agricole en Amérique ; il était accompagné de son beau-père, de sa femme et d’un homme attaché au service de la famille. Il s’embarqua à Rotterdam sur un brick américain qui devait se rendre à Kennebauk dans l’état du Maine, où il arriva le 25 décembre. « La saison, dit l’auteur, était des plus rigoureuses ; la neige amoncelée formait de hautes collines, que les habitans étaient obligés en bien des endroits de percer à force de bras, pour communiquer d’un lieu à l’autre. Le froid était si vif et pénétrait tellement dans les maisons mêmes, que notre haleine se condensait et gelait sur les couvertures de nos lits, en dépit d’un énorme feu de cheminée, qui brûlait toute la nuit dans nos chambres à coucher. » Il fut témoin, en cet endroit, d’un bien triste événement.

Un jeune couple de nouveaux mariés, appartenant à la congrégation des anabaptistes, devait recevoir le sacrement du baptême que ces sectaires n’administrent que tard, comme on sait, aux personnes déjà parvenues à l’âge de raison, et qui, pouvant répondre elles-mêmes, n’ont pas besoin de parrains qui s’engagent pour elles. Le baptême se fait habituellement par immersion dans l’eau, et en hiver la cérémonie doit avoir souvent de graves inconvéniens. On avait, pour celle à laquelle assista notre voyageur, taillé avec la hache un grand trou dans la glace ; la congrégation entière était réunie à l’entour, et après la lecture des formules ordinaires, l’officiant devait plonger successivement les deux époux dans l’eau et les en retirer aussitôt. Malheureusement les mains de l’officiant étaient engourdies par le froid ; il laissa échapper la jeune femme, qui disparut sous la glace et ne fut jamais retrouvée.

M. Hulswitt quitta Kennebauk au mois de février, et après avoir parcouru les États de Newhampshire et de Vermont, il s’arrêta à Albany. On lui proposa d’établir dans cette ville, une grande brasserie, et on lui indiqua Catskill sur l’Hudson, à trente-cinq milles anglais, au dessous d’Albany, comme le lieu le plus favorable. L’établissement fut en effet promptement formé, et, dans sa prospérité croissante, promettait déjà de nombreux avantages, lorsqu’un incendie vint dévorer, en un jour, les bâtimens, les ustensiles ainsi que toutes les provisions qui avaient été emmagasinées : nos voyageurs résolurent alors de se rendre à New-York, espérant que cette grande ville de commerce leur offrirait de nouvelles ressources. En effet, M. Hulswitt y entra bientôt en relations intimes avec une des principales maisons, qui armait alors un vaisseau destiné à faire un trafic d’échanges avec les Indiens de la côte nord-ouest de l’Amérique. La place de subrécargue de ce bâtiment, un traitement de 500 dollars par an, et la table du capitaine, furent offerts à M. Hulswitt, qui l’accepta, et partit en laissant sa femme à New-York. Cette expédition, qui se termina d’une manière si funeste, avait commencé sous les auspices les plus favorables. Après une navigation courte et heureuse, le navire, qui portait vingt-sept hommes d’équipage, arriva à Nootka-Sund sur la côte nord-ouest, et jeta l’ancre à cinq milles au nord du village indien de Nootka. Les indigènes, dont le chef suprême, ou, comme le dit, l’auteur, le roi, s’appelait Makina, se rendirent en grand nombre au vaisseau, réitérèrent fréquemment leurs visites, et trafiquèrent pendant quelque temps avec les Américains d’une manière très-amicale. Mais Makina à la suite de quelques différends qui éclatèrent entre lui et le capitaine du vaisseau, ayant été ou se croyant grièvement outragé, résolut de se venger, et exécuta ce dessein avec autant d’astuce que de cruauté. Les Américains, qui n’étaient pas sur leurs gardes, furent surpris à l’improviste ; le bâtiment fut pillé, et tout l’équipage inhumainement égorgé, à l’exception d’un armurier et de notre auteur, qui se trouvaient par hasard occupés dans la cabine, lorsque l’attaque eut lieu. On épargna la vie de ces deux individus, mais ils devinrent les esclaves du roi Makina. Les détails que donne M. Hulswitt sur son existence au milieu de ces sauvages présentent un vif intérêt, et nous regrettons de ne pouvoir, faute d’espace, reproduire ici qu’une partie de sa relation.

Le village de Nootka est situé au 50e degré de latitude, à l’est d’une petite baie désignée sous le nom de Friendly-Cove. Il consiste en une vingtaine de grandes habitations, et possède un petit port excellent. Ce village a été rebâti sur la même colline où les Espagnols avaient autrefois formé un établissement, et où ils avaient un poste militaire. Les fondations de leur église et de la maison du gouverneur s’y voient encore. Plusieurs plantes potagères de l’Europe s’y retrouvent aussi, et se perpétuent d’elles-mêmes, sans que les habitans en prennent soin. Le premier village indien avait été détruit par les Espagnols, qui, jugeant cette position avantageuse, avaient forcé les habitans de se retirer à six lieues de là, dans l’intérieur du pays. Mais dès que les Anglais eurent chassé les Espagnols de Nootka, les indigènes revinrent prendre possession de ce lieu. Les habitations sont bâties à la file l’une de l’autre, et plus ou moins grandes selon le rang des occupans. Celle du roi avait 150 pieds de long, 40 de large et 14 d’élévation.

Les Nootkaniens emploient beaucoup de temps et de soins pour s’orner ou plutôt se défigurer, en se tatouant et se peignant le visage ainsi que plusieurs parties du corps : ils tirent grande vanité de cette toilette sauvage. Les élégans, parmi eux, ont toute la figure divisée en petits compartimens carrés, peints en rouge ; les sourcils sont renforcés et peints en noir, ce qui forme des demi-lunes au dessus des yeux ; les jambes et les bras sont encore peints en rouge. Dans les circonstances extraordinaires ou grandes cérémonies, Makina et les autres chefs se répandaient sur la figure une poudre noire, à laquelle ils donnaient le nom de pelpets, espèce de minéral pulvérisé qui se tirait de fort loin des montagnes du nord. Le pelpets rendait leurs visages resplendissans, et prenait au soleil une teinte brillante argentée.

Parmi les différentes tribus qui vinrent visiter les Nootkaniens pendant le séjour de M. Hulswitt, la nation des Klaissarts était réputée la plus nombreuse et la plus puissante. Elle habitait une contrée à 200 milles au sud de Nootka, et comptait au delà de 2000 guerriers. Les Wickaninis qui n’en comptaient que 600 environ, étaient amis et alliés des Nootkaniens. L’épouse de Makina, princesse de la tribu des Wickaninis, passait pour la plus belle femme de toutes ces contrées. Selon notre auteur, sa taille élevée mais bien prise, des formes gracieuses, une peau très-blanche, et une forêt de superbes cheveux noirs, dont elle prenait le plus grand soin, et dont les tresses élégantes entouraient sa tête, composaient un ensemble des plus attrayans. Les Wickaninis habitaient à 200 milles environ au nord de Nootka. Les Kloaquates, voisins plus rapprochés au nord, comptaient 400 guerriers. Les Esquates et les Aitissarts, qui payaient tribut au roi de Nootka, en avaient chacun 300. Les Caynquets habitaient à 60 milles à l’est de Nootka. Les Nutschémas, venant de contrées septentrionales plus éloignées, parlaient une langue particulière et différente de celle des Nootkaniens. Ils étaient de petite taille, d’une couleur de peau très-foncée, presque noirs et très-laids. Ils s’arrêtaient ordinairement pendant quelque temps à Nootka pour se reposer de leurs longs voyages ; c’étaient les poètes de toutes les tribus voisines, auxquelles ils apprenaient leurs chants sauvages.

M. Hulswitt avait vainement espéré de mois en mois voir arriver quelque vaisseau qui pût lui procurer les moyens de se tirer de la position cruelle où un sort funeste l’avait jeté. D’après la décision de Makina, son séjour parmi les sauvages devait au contraire se prolonger jusqu’à sa mort. Ce roi lui déclara un jour qu’il avait réuni en conseil les autres chefs de la peuplade, et qu’il y avait été décidé que l’Européen serait adopté par la nation, et qu’on lui donnerait une des filles du pays en mariage. On lui accorda par grâce 24 heures pour délibérer sur cette proposition, en lui annonçant toutefois que s’il ne l’acceptait pas, il serait de suite conduit au supplice.

Dans une telle alternative, le choix ne pouvait être long-temps douteux ; aussi M. Hulswitt se hâta-t-il d’accepter les faveurs insignes de l’adoption, qui le tirait au moins, pour le moment, d’un pénible esclavage, et le roi Makina, satisfait, lui permit de son côté, si les filles de Nootka ne lui plaisaient point de choisir une épouse dans quelque tribu voisine. Notre voyageur avait eu l’occasion de voir plusieurs filles de la nation des Aitissarts, qui lui avaient paru les plus douces et les plus aimables des sauvages. Il obtint la permission d’aller y chercher sa future, et son choix tomba sur la jeune et belle Yourtoca, fille d’Upquestas, roi de cette peuplade. Voici le portrait que l’auteur trace de sa nouvelle épouse. « Elle était incontestablement la plus belle des femmes de Nootka, sans en excepter même la reine. Elle avait la peau très-blanche, des joues rosées et vivement colorées, de grands yeux noirs ; ses dents, parfaitement rangées, étaient d’une éclatante blancheur ; ses longs cheveux noirs et soyeux, arrangés avec autant de soin que de goût, formaient de larges tresses jetées avec élégance autour de sa tête ; ses traits réguliers, sa physionomie douce, exprimaient la bonté et la modestie. Elle était pleine de candeur et d’innocence, et n’avait que seize ans. »

Tant d’attraits ne purent cependant fixer notre voyageur dans ces contrées hyperboréennes. Il saisit avec empressement l’occasion que lui offrit enfin le capitaine de navire des États-Unis d’Amérique, qui vint jeter l’ancre dans la baie de Nootka. Grâce à son assistance, il se tira habilement des mains des sauvages, rentra dans le monde civilisé, et revint à New-York surprendre agréablement sa première femme, qui déjà depuis long-temps désespérait de le revoir jamais.

Reprenant ses premiers projets d’établissement agricole, M. Hulswitt quitta New-York, s’embarqua sur le grand canal d’Érié, visita la fameuse cataracte, de Niagara, et se dirigea ensuite vers les états de l’Ouest. À Pittsbourg, il trouva plusieurs compagnons de voyage, avec lesquels il s’embarqua sur l’Ohio, et descendit le grand fleuve du Mississipi pour traverser la Louisiane. « À cent milles environ au-dessous de Natschès, dit-il, à la Pointe Coupée, commencent les levées (hautes digues) qui maintiennent quelque temps ce fleuve immense dans son lit. D’ici jusqu’à la Nouvelle-Orléans, dans une étendue de plus de 200 milles anglais, toute la contrée offre l’aspect d’un véritable paradis terrestre, et le voyageur en est d’autant plus ravi, que pendant 700 milles de navigation, il n’a traversé jusque là que des forêts marécageuses qui bordent le fleuve et dont la monotonie est rarement interrompue. Maintenant le Mississipi paraît couler au milieu d’un village qui se prolonge à l’infini en bordant ses deux rives. Une plantation touche à l’autre ; les grandes et belles habitations des colons sont entourées de bosquets et de fleurs qui étalent tout le luxe de la plus riche végétation ; les orangers, en grand nombre, répandent leurs suaves parfums ; les belles plantations en cannes à sucre, en indigo, en coton, les vastes champs de riz, l’immense surface de l’eau, unie comme un miroir, et traversée en tout sens par d’élégans bâtimens à vapeur et des centaines de barques, un ciel d’une pureté et d’une transparence admirable, un climat doux et un air embaumé, produisent sur les étrangers des sensations nouvelles qui tiennent de l’enchantement.

» Les plantations ou propriétés des colons le long du Mississipi sont de 150 à 650 acres, et forment en général des carrés alongés afin que chacun puisse jouir d’une certaine étendue de rivage. Les terres qui bordent le fleuve sont les plus élevées, et vont ensuite en pente vers les marais qui se trouvent à un quart de lieue des rives. Toutes les maisons sont construites aussi près que possible du fleuve, et cela non-seulement pour profiter des avantages que procure la navigation, mais aussi parce que les habitans n’ont point d’autre eau potable. On se sert dans toutes les maisons de grands vases avec des pierres à filtres, pour purifier cette eau, qui sans cela serait désagréable. Elle est parfois si trouble et si chargée, qu’en remplissant un verre le soir, on en trouve un huitième le lendemain occupé par un dépôt de terre ou de limon. Les créoles n’en prodiguent pas moins les plus grands éloges à l’eau du Mississipi ; ils lui attribuent des effets salutaires et presque merveilleux. Elle contribue, entre autres choses, selon eux, à la fécondité du beau sexe. Ce qu’il y a de certain, c’est que cette eau possède du moins une qualité précieuse, celle de ne point se corrompre sur mer. J’en ai fait moi-même l’expérience, pendant un voyage de 84 jours et pendant la saison la plus brûlante. À la fin de notre traversée, l’eau puisée dans ce fleuve et que nous avions prise à bord était fraîche et bonne, comme si elle venait seulement d’être mise dans les tonneaux. »

Du Mississipi, notre voyageur entra dans le bayou Plaquemine afin de se rendre vers la partie occidentale de la Louisiane, et dans la grande prairie des Attakapas. Pour y arriver, il lui fallut traverser un labyrinthe de canaux, de bayous et de lacs, parsemés de milliers d’îles de cyprès, mais qui étaient alors toutes couvertes par l’inondation, et qu’on ne pouvait reconnaître que par les cimes des grands arbres qui s’élevaient encore au dessus de la surface de l’eau. La prairie des Attakapas, où il débarqua dans un lieu nommé portage Guidrie, est une plaine immense à perte de vue, où d’innombrables troupeaux de beaux chevaux et de bêtes à cornes pâturent dans une herbe qui leur dépasse les genoux, et où de grandes plantations apparaissent çà et là comme des îles au milieu de la mer.

Jadis toute la richesse de la Louisiane occidentale consistait en ses troupeaux. Ce n’est que depuis une vingtaine d’années qu’on a commencé à y cultiver la canne à sucre et le coton. Mais il y a encore quelques colons qui sont possesseurs de ces premières richesses patriarcales. Un créole, nommé Mutton, demeurant à Lafayette, fait pâturer dans ses fertiles prairies 15000 bœufs et 6000 chevaux ; M. Wycalf, Américain du nord, est propriétaire de 20,000 bêtes à cornes, de 5000 chevaux et du terrain nécessaire à leur entretien, près d’Opelousaz.

Notre voyageur s’établit aussi dans ces environs. Il acheta, pour la modique somme d’un millier de piastres, une belle habitation entourée de 160 acres de terre à pont de Bréaux près du Bayou de Tesche. Il vécut dans l’aisance avec sa famille, et se trouvait très-heureux ; mais après un séjour de six mois, il fut attaqué de la fièvre jaune qui le conduisit aux portes du tombeau. Il en revint cependant ; mais sa malheureuse femme, atteinte à son tour de cette terrible maladie, y succomba. M. Hulswitt resta encore près d’une année aux Attakapas sans pouvoir se rétablir entièrement de la fièvre, et inconsolable de la perte de son épouse, il résolut enfin de changer de climat, abandonna sa plantation à un ami, et retourna en Europe.

Cet ouvrage est divisé en 24 chapitres, dont 22 sont particulièrement consacrés au Journal du voyageur, et deux à un aperçu général des différens états de la fédération américaine. Ainsi que plusieurs autres écrivains qui ont visité dans ces derniers temps les États-Unis, il se plaint du peu d’harmonie qui règne entre les provinces, et de l’absence totale de cet esprit public qui pourrait seul consolider à l’avenir les liens fédératifs, dont il prévoit pour un temps plus ou moins éloigné la dissolution. Nous terminerons cet article par quelques observations de l’auteur, quoiqu’elles ne soient pas bien neuves, et que nous ne soyions pas aussi frappés que lui de l’idée d’un démembrement futur.

« La diversité d’institutions, d’opinions, de mœurs, et l’opposition d’intérêts qui en est la suite, ont fait naître une malveillance réciproque entre les états du Sud, de l’Ouest et du Nord, qui se manifeste de plus en plus pendant les réunions du congrès à Washington. Cette malveillance croît d’année en année ; les séances deviennent de plus en plus orageuses ; il n’est que trop probable que ces dissentimens dégénéreront en haine implacable, et amèneront une rupture. La république se diviserait alors en trois états indépendants l’un de l’autre, celui du Sud, de l’Orient, et du Nord. Les nombreuses gazettes qui se publient jusque dans les bourgs et villages, ne contribuent pas médiocrement par leurs moqueries, leurs injures, ou leurs articles virulens, à entretenir les divisions, et à enflammer les haines. J’ai lu, par exemple, dans le New-York Evening Post les phrases suivantes, publiées à l’occasion de la découverte d’une conjuration d’esclaves noirs qui avait eu lieu à Charlestown dans la Caroline du sud, où l’on pendait ces malheureux par douzaines. « Peut-être verrons-nous enfin arriver le temps où les nègres ne pouvant plus supporter le joug qui les écrase, et animés par l’amour de la liberté, extermineront leurs tyrans. Nous sommes bien convaincus qu’alors aucun de nos concitoyens du Nord ne chargera son épaule d’un fusil, pour secourir les cannibales du Sud contre les malheureux nègres opprimés, etc. » En général c’est l’esclavage des noirs, maintenu avec opiniâtreté dans les états du Sud, qui irrite particulièrement les habitans des états libres du Nord, et ce sera la première cause qui amènera une rupture entre eux. L’esclavage fournit déjà, pendant les séances du congrès à Washington, des sujets perpétuels de railleries, ou de reproches, que les représentans du Nord adressent à leurs collègues du Midi. Quand ces derniers vantent leur nation comme la plus libre, la plus heureuse et la plus éclairée parmi toutes celles de la terre, ceux-ci leur répliquent que leur thèse favorite est bien démontrée devant les fenêtres mêmes du Capitole, au moment où de longues files de nègres précipitent leur marche, sous le fouet des conducteurs, pour être ensuite embarqués et distribués dans les plantations à sucre de la Louisiane.

Le…
  1. Tagbuch einer Reise, etc. ; 1 vol. in-8o. Munster, 1829.