Wikisource:Extraits/2012/1

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Scène première. — Sganarelle.


Sganarelle, (parlant à ceux qui sont dans sa maison.)

Je suis de retour dans un moment. Que l’on ait bien soin du logis, et que tout aille comme il faut. Si l’on m’apporte de l’argent, que l’on vienne me quérir vite chez le seigneur Géronimo ; et si l’on vient m’en demander, qu’on dise que je suis sorti, et que je ne dois revenir de toute la journée.




Scène II. — Sganarelle, Géronimo.


Géronimo, ayant entendu les dernières paroles de Sganarelle.

Voilà un ordre fort prudent.

Sganarelle

Ah ! seigneur Géronimo, je vous trouve à propos ; et j’allais chez vous vous chercher.

Géronimo

Et pour quel sujet, s’il vous plaît ?

Sganarelle

Pour vous communiquer une affaire que j’ai en tête, et vous prier de m’en dire votre avis.

Géronimo

Très volontiers. Je suis bien aise de cette rencontre, et nous pouvons parler ici en toute liberté.

Sganarelle

Mettez-donc dessus [1], s’il vous plaît. Il s’agit d’une chose de conséquence, que l’on m’a proposée ; et il est bon de ne rien faire sans le conseil de ses amis.

Géronimo

Je vous suis obligé de m’avoir choisi pour cela. Vous n’avez qu’à me dire ce que c’est.

Sganarelle

Mais, auparavant, je vous conjure de ne me point flatter du tout, et de me dire nettement votre pensée.


  1. C’est-à-dire : mettez votre chapeau sur votre tête ; comme on dit aujourd’hui couvrez-vous, en sous-entendant encore la tête.