Wikisource:Extraits/2013/36

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Victor Hugo, Magnitudo parvi , (1839)


Magnitudo parviI


Le jour mourait ; j’étais près des mers, sur la grève.
Je tenais par la main ma fille, enfant qui rêve,
Jeune esprit qui se tait.
La terre, s’inclinant comme un vaisseau qui sombre,
En tournant dans l’espace allait plongeant dans l’ombre ;
La pâle nuit montait.

La pâle nuit levait son front dans les nuées ;
Les choses s’effaçaient, blêmes, diminuées,
Sans forme et sans couleur ;
Quand il monte de l’ombre, il tombe de la cendre
On sentait à la fois la tristesse descendre
Et monter la douleur.

Ceux dont les yeux pensifs contemplent la nature
Voyaient l’urne d’en haut, vague rondeur obscure,
Se pencher dans les cieux,
Et verser sur les monts, sur les campagnes blondes,
Et sur les flots confus pleins de rumeurs profondes,
Le soir silencieux !

Les nuages rampaient le long des promontoires ;
Mon âme, où se mêlaient ces ombres et ces gloires,
Sentait confusément
De tout cet océan, de toute cette terre,
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