Wikisource:Extraits/2013/48

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Jean Rambosson, Histoire des météores et des grands phénomènes de la nature 1883


histoire
des météores.

chapitre premier.
la science et les voyages.

Influence des voyages. — Divers aspects que présentent les grands phénomènes de la nature suivant les lieux d’où on les observe. — Les ouragans sur terre et sur mer. — Trésor de souvenirs que laissent les voyages.

I.

Il est utile, croyons-nous, de commencer cet ouvrage par faire ressortir l’importance des voyages pour l’étude des météores et des grands phénomènes de la nature. Cela nous sera facile, en rappelant rapidement quelques-unes des impressions, quelques-uns des souvenirs de nos lointaines excursions.

Maintenant que les wagons traversent l’espace comme la flèche rapide, que les navires sillonnent les mers comme de puissants météores, un jeune homme devrait, à la fin de ses études, dans le but de compléter son éducation, faire le tour du monde comme il eût fait jadis le tour de l’Europe. Rien ne serait plus propre à développer l’intelligence, à agrandir les sentiments, en un mot, à compléter l’homme.

Il se produit naturellement, dans l’esprit du voyageur, un travail de généralisation qui fait naître des lumières inattendues dans ses connaissances acquises, et lui permet d’envisager la réalité sous son vrai jour.

« Un voyageur dont la vie est consacrée aux sciences, s’il est né sensible aux grandes scènes de la nature, rapporte d’une course lointaine et aventureuse, non seulement un trésor de souvenirs, mais un bien plus précieux encore, une disposition de l’âme à élargir l’horizon, à contempler dans leurs liaisons mutuelles un grand nombre d’objets à la fois[1] ».

Que ne donnerait pas un curieux de la nature, pour faire impunément et facilement un voyage dans la lune, ou dans l’un de ces astres qui étincellent sur nos têtes ? Eh bien ! que de régions de la terre sont aussi inconnues à la plupart des hommes que ces mondes inaccessibles !

Aussi, que de ravissantes surprises, que de suaves émotions, que de sensations puissantes et élevées, ne sont-elles pas réservées à celui qui

  1. De Humboldt.