Wikisource:Extraits/2015/1

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Alice de Chambrier, L’Automne dans Au delà 1886


L’AUTOMNE.


 
L’automne nous arrive, et la nature entière
Voyant, sombre et muet, son tombeau se rouvrir,
Comprend qu’elle est tout près de son heure dernière
Et, le cœur désolé, se prépare à mourir.

Mais si d’après nos lois il faut qu’elle succombe
Elle ne dira pas qu’elle se sent faiblir
Et, radieuse, un jour descendra dans la tombe,
Sans que nos yeux aient vu son visage pâlir.

Car toute la nature en sa splendeur est femme,
Elle veut être belle à l’heure de la mort,
Elle veut emporter les regrets de notre âme,
Elle veut qu’ici-bas nous pleurions sur son sort.

C’est pourquoi, lorsque vient languissante l’automne
Elle met un manteau tissé de pourpre et d’or
Et pose sur sa tête une triple couronne
Dont les feux rayonnants la grandissent encor.

Sa robe de topaze étincelle, émaillée
De mille diamants