Wikisource:Extraits/2015/3

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Albert Lozeau, Effet d’automne dans Le Miroir des jours 1912



EFFET D’AUTOMNE


 
L’heure est grise. Le vent, chargé de feuilles mortes,
Entre par la fenêtre et fait battre la porte.

Des nuages couleur de cendre et de fumée
Suivent dans le ciel bas leur route accoutumée.

Le silence, troublé par un bruit d’attelage,
S’épand comme une mer montante sur la plage.

Sa puissante marée, incessamment accrue,
Envahit la maison et submerge la rue.

Le crépuscule vient, brun dans le gris des heures.
La lampe se reflète aux vitres des demeures.

Le grand frisson soyeux des arbres diminue ;
La branche dans le vent est déjà demi-nue.

La tristesse du soir s’infiltre dans les moelles.
Regardez : pas de lune au ciel, et pas d’étoiles !

L’épaisse et froide nuit d’automne se déploie.
La ville luit au fond de l’ombre