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viii notice biographique  

Ce fut Abou-Talib, son oncle, qui se chargea de lui, et l’emmena plus tard avec lui en Syrie, où la caravane des Koreïchites portait des produits de l’Arabie. Arrivés à Bosra, ils y firent rencontre d’un moine arabe chrétien, nommé par les Arabes Bahira, et par les chrétiens Djirdjis (Georges) ou Serdjis (Sergius). Bahira fut, dit-on, frappé de l’extérieur de Mahomet, sut lire dans sa physionomie ses destinées futures, et prenant congé de la caravane arabe, recommanda à Abou-Talib de veiller sur Mahomet et de le prémunir contre les artifices des juifs qui attenteraient à sa vie, s’ils parvenaient à découvrir comment lui Bahira avait découvert dans ce jeune homme le sceau de la prophétie. Ce sceau de la prophétie était, dit-on, un signe entre les épaules que Mahomet avait comme tous les autres prophètes et comme tous ses aïeux de la race d’Ismaël, mais beaucoup plus prononcé qu’eux tous.

C’est à son retour de ce voyage que Mahomet, âgé de quatorze ans, prit part à la seconde des guerres connues parmi les Arabes sous le nom de guerres d’el-fidjar, ou de la violation du mois sacré, du crime, guerres que la tribu des Koreïchites soutenait contre la tribu des Benou-Hawazin ; mais selon le récit de Mahomet lui-même, conservé par la tradition, sa part dans cette seconde guerre se bornait à ramasser les flèches lancées par les ennemis pour les remettre à ses oncles engagés plus activement dans le combat. La tradition n’a conservé aucun fait important de la vie de Mahomet, pendant les dix années qui s’écoulèrent depuis cet incident ; tout ce que l’on sait, c’est que le jeune Koreïchite sut par sa conduite, sa tenue, son intelligence et son caractère sérieux porté à la méditation et à la solitude, se concilier l’estime et le respect de ses concitoyens.

À l’âge de vingt-cinq ans, il se chargea d’un voyage commercial en Syrie pour le compte d’une riche veuve, Khadidja, fille de Khowaïlid, issu comme Mahomet de Kossaï, dont il a été parlé plus haut. Mahomet s’acquitta de sa mission avec un succès qui disposa Khadidja en sa faveur ; et cette disposition favorable s’accrut encore, lorsque l’esclave de Khadidja qui avait accompagné Mahomet en Syrie, lui raconta qu’il avait vu un jour, pendant la route, deux anges protégeant Mahomet de leurs ailes contre l’ardeur du soleil. Khadidja offrit donc sa main à Mahomet, et bien qu’elle eût à cette époque entre trente et quarante ans, âge plus que mûr pour une femme arabe, Mahomet s’empressa d’accepter la proposition. Selon l’usage des Arabes, c’est le mari qui apporte à la femme qu’il épouse la dot, sadak ; Mahomet offrit à ce titre vingt chameaux à Khadidja ; le repas de noces, auquel prirent part les parents du mari et de la femme, fut splendide et joyeux, accompagné de danses et de musique ; deux chameaux furent égorgés pour les nombreux convives. Mahomet eut d’abord de Khadidja un fils qu’il nomma el-Kacim, et il fut depuis ce