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Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Le courroux d’un amant

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Œuvres poétiques, Texte établi par Louis MolandGarnierVolume 1 (p. 261).

XLIV[1]


Le courroux d’un amant n’est point inexorable.
Ah ! si tu la voyais, cette belle coupable,
Rougir et s’accuser, et se justifier,
Sans implorer sa grâce et sans s’humilier.
Pourtant de l’obtenir doucement inquiète,
Et, les cheveux épars, immobile, muette,
Les bras, la gorge nue, en un mol abandon,
Tourner sur toi des yeux qui demandent pardon !
Crois qu’abjurant soudain le reproche farouche,
Tes baisers porteraient son pardon sur sa bouche.

  1. Édition 1919.