Aller au contenu

Divagations (éd. Chap Book 1896)

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Divagations.

Divagations (éd. Chap Book 1896)
Chap Bookvol. V du 15 mai (p. 10-11).



Comme je descendais des Fleuves impassibles
Je ne me sentis plus guidé par les hâleurs :
Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.


et

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et de vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.


et

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies
Baisers montants aux yeux des mers avec lenteur,
La circulation des sèves inouies,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs.


et

Parfois martyr lassé des pôles et des zônes
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais ainsi qu’une femme à genoux.



et

J’ai vu des archipels sidéraux ! Et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
Est-ce en mes nuits sans fond que tu dors et t’exiles
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?