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La Tour du télégraphe/XI

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XI

La recherche.


Le lendemain était un dimanche, et dans la matinée les dames Fleuriot se rendirent à l’office de la paroisse, située à une demi-lieue de Puy-Néré. Après la messe, Lucile retourna au village en compagnie des gens du pays, et elle se trouvait seule à la maison quand Fanny, qui peut-être connaissait cette circonstance, vint lui faire visite. Là soi disant marquise était vêtue avec son élégance habituelle, et armée d’une ombrelle rose qui excitait l’admiration des habitants du voisinage. Cependant elle avait un air grave, presque triste.

Lucile, fraiche et jolie dans sa robe à fond blanc, ses beaux cheveux blonds enroulés en boucles autour de son visage, accourut toute joyeuse au-devant de Fanny.

— Ah ! madame la marquise, quelle surprise agréable ! s’écria-t-elle ; je me disposais à bien m’ennuyer ici, car ma mère est restée à la ville, et mon frère est monté au télégraphe pour remplacer Morisset.

— Chère enfant ! répondit Fanny d’un ton mélancolique en lui donnant un baiser sur le front ; je suis heureuse aussi de pouvoir passer encore quelques instants avec vous, car peut-être n’en aurons-nous plus beaucoup à passer ensemble.

Elle s’assit en poussant un profond soupir.

— Bon Dieu ! que voulez-vous dire, madame la marquise ? demanda la petite avec une naive inquiétude.

— Eh bien, ma chère Lucile, peut-être notre séjour à Puy-Néré ne se prolongera-t-il pas autant que nous l’espérions. Hector, en achetant cette propriété, avait, comme personne ne l’ignore, des projets d’agrandissement qui ne semblent pas pouvoir se réaliser ; et puis il est rappelé à Paris par de graves intérêts ; quant à moi, malgré mes velléités d’indépendance, je serai bien obligée de le suivre.

En écoutant ces nouvelles, Lucile ne put retenir ses larmes.

— Quoi ! madame, allez-vous nous quitter déjà ? s’écria-t-elle ; j’espérais que vous resteriez au moins jusqu’à l’époque de mon mariage pour m’accompagner à l’autel.

— En effet, petite dissimulée, dit la marquise avec un faible sourire, j’ai appris que vous deviez vous marier prochainement, et, si nous vous quittons, vous n’aurez guère le loisir de nous regretter… Enfin, profitons de l’heure présente, et laissez-moi tout à la joie de me trouver encore avec vous.

Elles commencèrent alors une longue et intime causerie, à laquelle Fanny apportait autant de ruse et d’adresse que Lucile de candeur et de sincérité. La jeune maîtresse d’école racontait l’histoire de ses innocentes amours avec le joyeux inspecteur des télégraphes. La châtelaine l’écoutait avec une complaisance affectée, et il était visible qu’elle attendait un autre sujet de conversation, sans oser le faire naître. Comme Lucile ne paraissait pas près de tarir sur le compte de Georges Vincent, Fanny demanda avec distraction :

— Ah çà ! chère petite, nous avons reçu hier la visite de votre frère… Et il vous en a dit sans doute le résultat ?

— Mais non, madame, répliqua la jeune fille, dont le cours des idées fut changé brusquement par cette question : que s’est-il passé ?

— Vous n’avez donc pas vu M. Raymond ? Il ne vous a fait aucune confidence ?

— Aucune.

— Eh bien, ma chère, toutes nos bonnes intentions à l’égard de votre frère s’en sont allées en fumée… Écoutez-moi.

Fanny raconta comment l’expérience télégraphique avait eu lieu la veille au Château-Neuf, et comment Fleuriot, refusant avec obstination de confier son manuscrit au vicomte, celui-ci refusait à son tour de se charger des intérêts de Raymond.

Lucile écoutait ces détails avec un douloureux étonnement.

— Mon frère est fou, complètement fou, dit-elle ; repousser les bons offices d’un protecteur aussi puissant, aussi dévoué que M. le vicomte ! Mais ils sont tous ainsi dans cette singulière administration, timorés, soupçonneux, ayant peur de leur ombre ? Chère madame, priez M. le vicomte de s’apaiser, de prendre patience ; tout n’est pas dit encore au sujet de mon frère. Ma mère et moi nous lui parlerons, et nous réussirons peut-être à le rendre plus traitable.

— J’ai bien peur, Lucile, que vous échouiez cette fois l’une et l’autre. M. Raymond montre tant de roideur, tant de ténacité dans sa résolution…

En effet, s’il s’est buté à ce point, répliqua Lucile avec découragement, nous n’obtiendrons rien de lui. J’ai remarqué que, dans certaines circonstances graves, les prières et les larmes n’ont d’autre résultat que de l’irriter… Mais alors que faire ?

La pauvre enfant prit sa tête dans ses mains et réfléchit profondément, tandis que Fanny l’observait à la dérobée. Deux fois Lucile se redressa et sembla vouloir parler, deux fois la parole expira sur ses lèvres. Enfin elle dit d’une voix si faible qu’on l’entendait à peine :

— Et si… je vous remettais ce livre des signaux… moi !

Fanny éprouva un tressaillement.

— Elle y vient ! pensa-t-elle.

Cependant elle composa son visage et dit avec tranquillité :

— Vous savez donc où il est, Lucile ?

— Ne vous ai-je pas confié déjà, madame la marquise, que Raymond l’enferme dans l’armoire de sa chambre et comme je sais où il cache la clef de cette armoire, il me sera facile…

Elle s’arrêta de nouveau.

— Y pensez-vous, mon amie ! votre frère est d’une extrême violence ; s’il venait à s’apercevoir de la disparition de ce registre, il pourrait se porter aux plus grands excès…

— Ce n’est pas cela que je crains… Lui, mon indulgent et généreux Raymond ! il ne saurait tourner sa colère contrę ma mère ou contre moi… mais il ne me pardonnerait jamais.

— Il faut aimer votre frère pour lui-même, mon enfant ; et, sans aucun doute, il sera le premier à vous remercier de votre hardiesse après le succès.

— Eh bien ! madame, puisque vous approuvez mon projet, je n’hésite plus… Je vous remettrai ce manuscrit… Et tenez, ajouta Lucile avec résolution, pourquoi attendre davantage ? Nous sommes seules ici ; personne ne viendra nous déranger à pareil jour… Je vais monter à la chambre de Raymond.

— C’est cela, dit Fanny ; vous avez du bon sens et de l’énergie, chère petite… Mais ne me permettrez-vous pas de monter avec vous ?

— Volontiers, car aussi bien le courage pourrait me manquer au dernier moment. Tromper un si digne frère ! Mon cœur se serre à cette pensée.

Elle versa encore quelques larmes ; mais Fanny l’embrassa, l’encouragea, lui remontra de nouveau les avantages de cet acte de vigueur, et fit si bien que Lucile, essuyant ses yeux, lui dit résolument :

— Venez, madame.

Elle alla d’abord fermer la porte de la maison ; puis, prenant la prétendue marquise par la main, elle lui fit monter un escalier qui conduisait à l’étage supérieur, et l’introduisit enfin dans la chambre de Raymond.

Une exquise propreté en faisait le principal ornement. Les meubles, rares et grossiers, consistaient en un lit de fer sans rideaux, quelques chaises de paille et la grande armoire de chêne qui contenait les effets les plus précieux de l’ancien sous-officier. Trois ou quatre lithographies, représentant des généraux de l’armée d’Afrique, étaient suspendues aux murailles, dans des cadres de bois peint. Devant la fenêtre, une vieille table à pieds tors était chargée de papiers timbrés et de pièces de procédure, car on n’a pas oublié que Raymond Fleuriot, pendant les loisirs que lui laissait le service du télégraphe, faisait des copies pour des hommes de loi du voisinage.

Fanny observait avec curiosité tous ces détails. Quant à Lucile, elle était pâle et tremblante. Comme elle ne pouvait parler, elle fit signe à sa compagne de prendre place sur une chaise, et se mit à chercher la clef de l’armoire. Elle la trouva dans un tiroir de la table de son frère, et véritablement on s’expliquait pourquoi Fleuriot ne se souciait pas de porter cette clef sur lui. Elle était grosse et lourde comme la clef d’une ville.

Une fois en possession de cet objet, la jeune maîresse d’école s’avança en chancelant vers l’armoire. Mais, au moment d’ouvrir, elle fut prise d’un nouvel accès de frayeur.

— Mon Dieu ! madame, dit-elle, croyez-vous vraiment que mon frère pourra me pardonner ce que je vais faire ? La marquise lui répéta ses encouragements et ses promesses.

— Allons ! dit Lucile avec effort, vous êtes meilleur juge que moi dans cette affaire, car toutes mes idées sont boule versées… Puisse Dieu me pardonner si j’agis mal !

Elle enfonça la clef dans la serrure, ouvrit brusquement les battants de l’armoire, et les deux femmes plongèrent avec avidité leurs regards dans l’intérieur du meuble.

Il contenait du linge, des vêtements et plusieurs objets d’équipement militaire, tels que pompon avec le numéro du régiment où Fleuriot avait servi, épaulettes de sergent-major, dont une était percée d’une balle ; enfin, une gourde que l’ancien soldat avait portée dans toutes ses campagnes. On y voyait aussi une belle paire de pistolets modernes, présent d’un officier auquel Fleuriot avait sauvé la vie dans une rencontre avec les Arabes ; puis des états de service, des paperasses et plusieurs journaux, qui sans doute rendaient compte des combats auxquels Raymond avait pris part. Mais ce n’était pas tout cela que cherchaient les deux femmes émues et frémissantes ; c’était le livre des signaux, qui devait se trouver dans cette armoire… et il ne s’y trouvait pas.

Après un examen attentif, Lucile dit avec une vivacité qui ressemblait singulièrement à de la joie :

— Il n’y a rien… Le livre a disparu.

— En êtes-vous sûre ? demanda la marquise.

— Très-sûre… Je l’ai vu à cette place, il y a seulement quelques jours, et je ne le vois plus.

La prétendue marquise, horriblement désappointée, dut reconnaître elle-même que le précieux manuscrit n’était pas dans l’armoire.

— Peut-être l’aura-t-il caché dans quelqu’autre meuble de cette chambre ? reprit-elle.

— C’est possible. Cherchons.

Et mademoiselle Fleuriot se mit à bouleverser les tiroirs, les tables et le lit de son frère ; elle opéra des perquisitions jusque dans une pièce située à l’étage supérieur et qui servait de grenier ; tout fut inutile, le livre ne se trouvait pas.

— Que peut-il en avoir fait ? reprit Fanny en voyant Lucile s’asseoir épuisée ; l’aurait-il brûlé par hasard ? Non, non, madame ; il en resterait au moins des cendres dans la cheminée, et d’ailleurs Raymond sait que ce manuscrit peut un jour assurer sa fortune.

— Alors, il l’aura confié à quelqu’un ?

Il n’a pas d’amis dans le pays, et ce qu’il a refusé à M. de Cransac, il ne le confierait volontiers à personne.

— Où peut-il donc l’avoir caché ? L’aurait-il porté au télégraphe ?

— Oh ! pour cela, non ; il redoute par-dessus tout que Morisset et Bascoux aient connaissance de sa découverte…

— Mais attendez, ajouta Lucile en se frappant le front ; oui… ce doit être cela !

— Quoi ! vous savez où votre frère a déposé son manuscrit ?

— Peut-être ; écoutez-moi. Vous êtes montée, je crois, à la tour Verte, et vous avez pu remarquer dans l’escalier une porte basse qui se trouve au premier étage. Cette porte donne dans une pièce voûtée, qu’on appelle le cachot de la Naz-Cisa, et sur laquelle on raconte une lugubre histoire. C’est en effet une espèce de cachot, éclairé par des meurtrières, où les employés du télégraphe conservent diverses pièces de rechange pour le cas où la machine aurait besoin de réparations. J’y suis entrée une fois et c’est un triste lieu ; mais il est sûr, et quand la porte est close, vingt hommes armés de haches n’y pénétreraient pas, à moins de longues heures de travail. Or Raymond, comme employé de première classe, a la garde de ce réduit, et pourquoi n’y aurait-il pas déposé ce livre auquel il attache une si grande valeur ?

— Les autres employés n’y pénètrent donc pas ?

— Jamais ; Raymond en a la clef, et il la cache sans doute dans quelque crevasse de la tour, car elle est encore plus lourde et plus massive que celle de son armoire… Plus j’y pense, plus je suis certaine de ne pas me tromper. Il ne s’est pas absenté depuis hier que vous avez vu le livre entre ses mains ; il ne l’a ni brûlé, ni déchiré, ni confié à personne, ni envoyé nulle part… Il faut donc qu’il l’ait porté dans le cachot de la Naz-Cisa ; là seulement, avec sa défiance ombrageuse, il a pu le croire en sûreté.

Fanny demeurait consternée ; s’être tant approche du but et le voir reculer tout à coup à une immense distance ? Néanmoins, comprenant le danger de montrer son désappointement, elle reprit bientôt avec une gaieté forcée : Allons ! ma chère, il faut y renoncer. Comme nous n’avons pas vingt hommes armés de haches pour enfoncer le donjon où M. Fleuriot a enfermé son trésor, nous ne pouvons entreprendre cette conquête… Mais ne restons pas davantage dans cette chambre. Il n’est pas convenable…

— Oui, oui, madame, redescendons, dit Lucile avec em pressement, en remettant tous les meubles en ordre, et en effaçant la moindre trace de cette visite ; Raymond ne doit pas savoir la tentative que je viens de faire ; ce serait l’irriter gratuitement… Mais je ne renonce pas encore à l’espoir de le fléchir ; je lui parlerai, je lui ferai parler par notre mère, pour laquelle il a tant de tendresse et de respect.

— Cela vous regarde, ma chère, répliqua la soi-disant marquise avec froideur.

Et elles redescendirent dans la salle basse. Lucile, voyant la châtelaine mécontente, était très-intimidée. De son côté, Fanny, absorbée par ses réflexions, ne trouvait plus rien à dire. Aussi, après quelques instants de conversation languissante, se séparèrent-elles avec une sorte d’embarras.

Fanny, à peine rentrée au Château-Neuf, s’empressa de se rendre au cabinet de Cransac. Le vicomte s’y trouvait et se promenait avec agitation. Par la fenêtre ouverte, on apercevait le télégraphe en mouvement ; mais Cransac ne faisait pas ses observations ordinaires et ne songeait pas à noter les signaux, devenus aussi inintelligibles pour lui que pour le commun des hommes.

Aussitôt que Fanny parut, il vint précipitamment au-de vant d’elle.

— Eh bien ! demanda-t-il, avez-vous vu la petite ?

— Oui.

— Et vous n’avez pas réussi, malgré vos ruses féminines ?

— Votre habileté masculine eût échoué de même, Hector.

Et Fanny lui apprit en peu de mots ce qui venait de se passer. Le vicomte demeura un moment pensif, puis il dit d’un ton ferme :

— Allons ! le coup est décidément manqué, et nous ne viendrons jamais à bout de cet idiot têtu. Fanny, il faut quitter ce pays au plus vite ; et peut-être y sommes-nous déjà trop restés.

— Hector, Hector, ne me parlez pas d’abandonner Puy-Néré sans emporter ce livre !

— Je suis pourtant déterminé à ne partir qu’avec vous, Fanny. Je vous l’ai dit déjà bien des fois, nous sommes liés l’un à l’autre, et vous partagerez mon sort, quel qu’il soit, jusqu’à la fin de l’entreprise commune.

Fanny serra les lèvres avec un frémissement de colère, cependant elle reprit d’un ton calme, après une assez longue pause :

— Hector, quand voulez-vous que nous partions ?

— Peut-être y aurait-il prudence à nous mettre en route ce soir même ; mais, si vous y tenez, ce sera pour demain matin.

— Il suffit, dit Fanny en se levant avec résolution ; nous avons encore quelques heures devant nous et je veux essayer d’en tirer profit.

En même temps, elle remettait son chapeau et se disposait à sortir.

— Où allez-vous, Fanny ? demanda le vicomte avec éton nement.

— Là-haut ! dit-elle en désignant par un geste énergique la tour du télégraphe ; il est seul en ce moment, il a le manuscrit sans doute… Un peu de patience, Hector ! Je reviendrai bientôt.

Elle voulut sortir ; le vicomte la retint :

— Non, non, Fanny, reprit-il, restez ; cette démarche serait inutile ; je vous défends !…

— Voyons, monsieur, répliqua la prétendue marquise avec impatience, ceci devient une véritable folie. Qu’ai-je à craindre de cet homme ? Je lui imposerai d’un mot, d’un signe de la main. Sa stupide obstination me l’a rendu odieux, et je veux tirer vengeance de tous les ennuis qu’il nous cause.

Le vicomte essaya encore de la retenir, mais elle s’échappa en lui disant avec force :

— Hector, songez que Colman pourra nous donner un million de ce manuscrit… que je vais vous rapporter ?

Deux heures se passèrent. Cransac n’avait cessé de se promener avec impatience dans son cabinet, quand un pas léger et rapide se fit entendre de nouveau sur l’escalier et Fanny reparut. Une expression de consternation était répandue sur son visage. Elle se jeta dans un fauteuil, d’un air accablé, et garda le silence. Hector, de son côté, ne lui adressa aucune question, mais vint se placer devant elle et la regarda fixement.

— Ce Fleuriot, dit-elle enfin d’un ton sombre, a un bloc de pierre à la place du cœur ; j’ai pourtant employé contre lui des séductions qui eussent bouleversé les hommes les plus impassibles… Habitué à l’inexorable discipline militaire, infalué de son devoir, ne parlant que de sa conscience et de son honneur, il est demeuré inflexible. Vainement l’ai-je ému jusqu’à faire couler ses larmes, vainement l’ai-je blessé jusqu’à faire crisper son front… ce rustre à la volonté de fer n’a pas cédé ! Moi qu’il supposait être une riche et noble dame, entourée du respect de tous, je me suis abaissée devant lui sans obtenir la moindre concession…

Et elle frappait du pied avec rage.

— J’espère pourtant que vous n’êtes pas allée trop loin dans ce manége de coquetterie…

Laissez-moi donc en repos, répliqua brutalement Fanny en détournant la tête, puisque je vous dis que je le hais !

Hector se mit à rire.

— Allons, reprit-il, il n’est pas mal que les jolies femmes comme vous, Fanny, celles qui sont habituées à ce que rien ne leur résiste, rencontrent parfois de ces Catons contre lesquels leurs prestiges sont impuissants… Mais parlons sérieusement : savez-vous du moins où Fleuriot a pu cacher le livre des signaux ?

— Il s’est borné à me dire que son manuscrit était en lieu sûr ; mais j’ai sujet de croire que Lucile a deviné juste et que le livre se trouve dans l’ancien cachot de la tour Verte. En passant, je me suis arrêtée devant la porte de ce réduit, et il m’a semblé tout à fait convenable pour une pareille destination. Comme le disait encore Lucile, vingt hommes ne pourraient forcer sans de longs efforts la porte de chêne et de fer qui en défend l’entrée.

— C’est bon… Eh bien ! Fanny, puisque vous avez échoué, je vais, de mon côté, essayer de conquérir ce trésor.

— Que voulez-vous donc faire ? demanda Fanny au com ble de la surprise.

— Vous le saurez plus tard… Quant à vous, songez à tout disposer pour que nous puissions partir au premier moment.