« À pas lents et tardifs tout seul je me promène »

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XLV


À pas lens et tardifs tout seul je me promaine,
Et mesure en rêvant les plus sauvages lieux :
Et pour n’estre apperçeu, je choisi de mes yeux
Les endroits non frayez d’aucune trace humaine.


Je n’ay que ce rampart pour deffendre ma paine,
Et cacher mon desir aux esprits curieux,
Qui, voyans par dehors mes soupirs furieux,
Jugent combien dedans ma flamme est inhumaine.

Il n’y a desormais ny riviere ny bois,
Plaine, mont, ou rocher, qui n’ait sçeu par ma voix,
La trampe de ma vie à toute autre celée.

Mais j’ai beau me cacher, je ne puis me sauver
En desert si sauvage, ou si basse valée,
Qu’amour ne me découvre, et me vienne trouver.