« Cette belle ennemie et d’Amour et de moi »

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XVIII.


Cette belle ennemie et d’Amour et de moi,
Qui presqu’en se jouant range tout en servage,
A pour soldats choisis, et pour riche équipage
L’honneur, la Chasteté, la Constance et la Foi :

Un seul mauvais penser n’a place auprès de soi,
La Vertu toute vive est peinte en son visage :
Si bien que qui la voit lève au Ciel son courage,
Et des communs désirs n’éprouve point la loi.

Ses yeux sont deux Soleils de beauté si parfaite,
Que d’Amour et de Mars la lance et la sagette
N’ont point tant de pouvoir contre une liberté :

La Grâce et la Douceur sont toujours avec elle.
Cette belle Déesse, ah ! non seulement belle,
Mais Bellone et guerrière ainsi m’a surmonté.


XVIII.


Ceſte belle ennemie & d’Amour & de moy,
Qui preſqu’en ſe iouant range tout en ſeruage,
Ha pour ſoldats choiſis, & pour riche equipage
L’honneur, la Chaſteté, la Conſtance, & la Foy :

Vn ſeul mauuais penſer n’a place aupres de ſoy,
La Vertu toute viue eſt peinte en ſon viſage :
Si bien que qui la voit leue au Ciel ſon courage,
Et des communs deſirs n’eſprouue point la loy.

Ses yeux ſont deux Soleils de beauté ſi parfaite,
Que d’Amour & de Mars la lance & la ſagete
N’ont point tant de pouuoir contre vne liberté :

La Grace & la Douceur ſont touſiours auec elle.
Ceſte belle Deeſſe, ah ! non ſeulement belle,
Ains Bellone & guerriere ainſi m’a ſurmonté.