Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Ne fondes point, Mortel, à la terre sujette »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 106).
CVI.


Ne fondes point, Mortel, à la terre sujette
A tant de changement le desir de ton cueur
Tousjours l'on abandonne en plus grande languer,
Cela que d'avantage on cherit & on souhaitte

Les biens que tu gaudis, le Seigneur te les preste,
Ils ne sont pas à toy quant il plait au donneur
Tu les redemander, rens luy sans creve-cuer,
Cest le vray creancier qui repete sa dete :

Par ainsi uses en comme t'estant prestez,
Afin de ten servir en tes necessitez
Et tu ne diras point au jour de repentance,

O mort que ta memoire est fascheuse a souffrir
A ceus qui reposans en leur riche opulence
Se donnent du bon-tems, & ne veuillent mourir.