Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Souvent nous espreuvons que le medicament »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 71).
XCIIII.


Souvent nous espreuvons que le medicament
Trop leger pour le mal, plustost en nous augmente
Qu'il ne boute dehors la froide humeur peccante,
Troublant du cors esmeu le bon temperament :

Ainsi nous recevons du sage enseignement
Des hommes mieus appris plus de perte nuisante,
Que non pas de proffit, tant nostre ame dolente
Redoute de Cloton le froid embrassement.

Il faut, pour bien mourir, sois-mesme se connoistre,
Trespasser en soy-mesme, en soy-mesme renaistre,
Exercant en travaus nos cors encoüardis

Autrement s'en est fait, l'attente en est frivole
De penser estre tel seulement par parole,
Des hommes plus couars, les propos sont hardis.