Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Tu accuses la mort des tourmens rigoureus »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 46).

XLIII.


Tu accuses la mort des tourmens rigoureus
Que tu souffre en mourant, & si ne considere
Que tu as bien souffert de douleur plus amere,
Estant encore esclave en ce cors langoureus :

Commencant en langeur ton àge douloureus,
Tu les parfaits en pleurs, & finis en misere
La vie, & non la mort de tes maus est la mere,
Qui te rend en mourant, & vivant mal-heureus :

Le bout, & non le bort de nostre foible route
Est-ce qui nous tourmente, & fait que l'on redoute
L'inevitable loy du tems, & du destin :

Ne t'esmerveille donc, puisque nostre souffrance
Vivant avecque nous, avecque nous commence,
Si le soir de nos jours, ressemble à son matin.