Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« À beaucoup de danger est sujette la fleur »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 232).

CCLXVI.


A beaucoup de danger est sujette la fleur,
Ou l'on la foule aux piez ou les vents la ternissent,
Les rayons du soleil la brulent & rotissent,
La beste la devore, et s'efeuille en verdeur :

Nos jours entremeslez de regret & de pleur
A la fleur comparez comme la fleur fleurissent,
Tombent comme la fleur, comme la fleur perissent,
Autant comme du froid tourmentez de l'ardeur.

Non de fer ny de plomb, mais d'odorantes pommes
Le vaisseau va chargé, ainsi les jours des hommes
Sont legers non pesants, variables & vains

Qui, laissant après eus d'un peu de renommee
L'odeur en moins de rien comme fruit consommee,
Passent legerement hors du ceur des humains.